Le Requin avait les crocs
Vainqueur de la dernière étape alpestre, Nibali a sauvé son Tour au sommet de Val Thorens.
- Publié le 28-07-2019 à 08h07
Vainqueur de la dernière étape alpestre, Nibali a sauvé son Tour au sommet de Val Thorens. En début de semaine, dans une longue interview qu’il avait accordée au journal L’Equipe, Damiano Caruso avait semblé quelque peu gêné au moment d’évoquer l’état d’esprit de son leader Vincenzo Nibali sur ce Tour de France. L’autre Sicilien de chez Bahrain-Merida avait fini par souffler qu’il s’inquiétait pour le Requin de Messine, vidé de l’envie et du panache qui le définisse. "Il se comporte comme un dépressif, avait soufflé Caruso. Lors de la journée, il n’a pas enfourché son vélo, chose rarissime chez lui, et est resté dans sa chambre…"
Deuxième du dernier Giro, Vincenzo Nibali avait axé toute sa préparation sur la course au maillot rose et n’avait initialement pas imaginé s’aligner sur la Grande Boucle avant d’être poussé dans le dos par ses employeurs vers le rendez-vous de juillet.
En fin de contrat en décembre prochain avec la formation du golfe persique (il rejoindra Trek-Segafredo en 2020), le vainqueur du Tour 2014 avait vécu la décision comme un manque de reconnaissance à l’égard des succès glanés (Tour de Lombardie, Milan-Sanremo…) depuis son arrivée en 2017.
Jamais dans le coup au général (20e comme meilleur position au soir de l’étape de la Planche des Belles Filles), le coureur de 34 ans eut un déclic lors de la 10e étape à Albi.
"J’étais alors 30e au classement général, et j’ai compris que cela n’avait pas de sens de me battre pour continuer à ambitionner un éventuel accessit à Paris, commentait Nibali. Je n’avais pas de bonnes sensations et ne me sentais pas moi-même. J’ai donc décidé de tenter de me reconstruire dans la perspective de la dernière semaine et de la traversée des Alpes."
Un choix gagnant. Déjà très envie vendredi, lorsqu’il avait abattu un énorme travail pour Caruso avec qui il souhaitait, pour une fois, inverser les rôles et renvoyer l’ascenseur, Nibali intégra la bonne échappée samedi sur une étape réduite à 59 kilomètres. Son attaque à 13 kilomètres de l’arrivée fut ensuite la bonne.
"Je suis fier de m’être accroché sur un Tour lors duquel j’ai vécu des moments difficiles, commentait Nibali au pied du podium. J’y ai tout vécu, du gruppetto aux échappées matinales destinées à tenter de forcer mon destin pour ensuite finir par cette victoire d’étape. J’avais retrouvé la faim." Et quand le Requin a les crocs…