“J’aimerais être comme Baba à son âge”
Luca Masso, médaillé d’or olympique, voue une admiration sans borne au guide de la famille qui véhicule des valeurs simples à son clan.
- Publié le 07-07-2019 à 17h01
- Mis à jour le 08-07-2019 à 09h58
Luca Masso, médaillé d’or olympique, voue une admiration sans borne au guide de la famille qui véhicule des valeurs simples à son clan.
Dans la famille Merckx, c’est Eddy qui défraie l’actualité. Durant l’été 2016, son petit-fils Luca Masso a pris le relais médiatique. Le Belgo-Argentin s’invitait sur la finale des Jeux olympiques et s’emparait de la plus belle distinction pour un hockeyeur : la médaille d’or olympique. A l’époque, il avait profité de la blessure d’un coéquipier pour quitter son statut de réserviste le temps d’un match. S’il n’était pas un pilier de l’Albiceleste, il avait eu le mérite d’intégrer l’une des plus féroces sélections du monde. Cette aventure, il l’avait partagée avec toute sa famille dont son grand-père qui parle le même langage sportif que lui.
“Il m’avait toujours dit que tout est possible dans le sport”, confiait Luca Masso qui surnomme son grand-père Baba. “J’étais le plus jeune de l’équipe et réserviste, mais j’ai joué la finale des JO. J’ai traversé des moments de doute quand j’ai choisi de rejoindre seul l’Argentine pour les entraînements. Mon grand-père a beaucoup parlé avec moi, mais il voulait que la décision finale m’appartienne. Il sait ce qu’exige un sport de haut niveau.”
Eddy Merckx, fier de voir son petit-fils s’épanouir dans une discipline sportive, joue d’emblée son rôle de grand-père protecteur et conseiller privilégié. “Il faut toujours travailler et se remettre en question”, confie, à son petit-fils, le Cannibale lors d’un moment sérieux avant de poursuivre avec humour. “Le hockey est un jeu, nullement un sport (rires) .” Et Eddy Merckx de rajouter dans la foulée : “Dans la vie, nous devons choisir les activités que nous aimons. Je suis heureux que Luca se soit tourné vers le hockey car il vit pour cette petite balle blanche. De temps en temps, je vais le voir jouer. Quand il me raconte ses entraînements, je reste impressionné. Le hockey est devenu un sport très physique où les athlètes suivent des programmes physiques intenses.” Chacune de ses paroles est bue par Luca Masso qui lui voue une admiration sans faille. “On se téléphone à trois ou quatre reprises par semaine. Il est comme un deuxième papa pour moi. Notre relation est fusionnelle. Mon grand-père, à 74 ans, fait plusieurs sorties de 70 kilomètres par semaine. Je trouve ça génial”, confie plein d’enthousiasme le jeune homme. “Nous nous chambrons très souvent, mais nous éprouvons un grand respect l’un pour l’autre. J’aimerais être comme lui à son âge. Sa réussite vaut plus que tous les discours du monde. Il aime le sport, mais il a toujours insisté sur les études car on ne vit pas du hockey.”
L’attaquant de l’Orée a besoin de son aîné. “Il m’écoute. Il me guide. Il est soucieux de mon épanouissement sans être envahissant. Il est le patriarche, le maître de famille. Il m’a éduqué avec des valeurs car il est une belle personne. Il a tant accompli. Pourtant, il n’a rien d’un prétentieux ou d’un vantard. Il m’aide en me rappelant l’humilité.”
Si la carrière d’Eddy Merckx est enseignée dans tous les foyers de Belgique et ailleurs, Luca Masso est également impressionné par sa reconversion. “Créer une entreprise de cycle n’était pas la voie la plus simple. Il a réussi sa reconversion. Son tour du Qatar est une autre réussite. Je l’admire.”Cyclisme ou hockey, le sport se décline sous toutes ses formes dans la famille avec une volonté d’exceller. Même s’il a opté pour le hockey, il n’a pas encore définitivement tourné la porte au sacro-saint cyclisme familial. “A 13-14 ans, j’ai été à deux doigts de me tourner vers le sport de mon grand-père qui avait débuté à seulement 16 ans sa carrière. Mon papa, quant à lui, m’a dirigé vers le tennis. Mauvais perdant, je me déconcentrais trop vite lors des rencontres. En plus, je cherchais plutôt un sport collectif”, narre Masso, fils d’Eduardo qui a été 56e à l’ATP.
Eveillé dès son plus jeune âge au cyclisme et au tennis, Luca Masso a donc suivi une troisième voie, nettement plus confidentielle. Un ami de maternelle l’a initié à cette discipline qu’il n’a plus jamais quittée. “Quand j’ai débuté, mon grand-père m’a proposé quelques promenades à vélo. Jamais il n’a cherché à ce que j’en fasse mon métier. Il a vite compris que j’avais trouvé mon champ d’expression.” Leur arrière-grand-père, Lucien Acou, s’illustrait en son temps à la piste. Eddy Merckx a hissé si haut la barre que les générations suivantes vivront toujours dans son ombre. L’oncle de Luca, Axel Merckx, a eu le cran de marcher sur les traces du Cannibale. “Il reste encore ma tante qui a participé à l’ironman d’Hawaii”, rajoute l’attaquant de l’Orée à cette longue liste familiale. Sa cousine Axana Merckx est championne en natation. “Je suis fier de tous les membres de ma famille. Je me nourris de leurs conseils. Ils ont du crédit quand ils me parlent de leur parcours. Le meilleur reste mon grand-père, mais j’ai autant d’admiration pour mon oncle.”
“Je ne ressens pas la pression”
Entre le patriarche, ses deux enfants et ses petits-enfants, l’ambiance est au beau fixe. Autant de réunions de famille, autant de moments magiques. “Avec mon grand-père, nous sommes des mordus de football. J’ai la chance de parler de tactique et de technique avec lui.”
Le mot famille reste aussi chargé d’un sens lourd dans le clan. Luca Masso vit encore à des années lumières de cette pression psychologique et médiatique. “J’ai conscience que je dois marquer la lignée. Je dois faire aussi bien que mon papa, mon oncle et mon grand-père. Je commence à comprendre la pression qu’a ressentie mon oncle, Axel. Non seulement il porte le même nom, mais en plus, il a concouru dans la même discipline que son papa. Moi, je suis épargné.”
Sa cousine Axana Merckx est déjà championne de Belgique en natation.
“Il me mettait au-dessus de l’armoire”
Luca Masso ne doit pas chercher longtemps dans sa mémoire les souvenirs d’enfance qui le lient à son grand-père. “Quand j’étais petit, il me mettait au-dessus de l’armoire dans la maison à Meise pour me faire peur. Il m’aidait à m’endurcir car le sport ne fait pas de cadeau”, dit-il en enchaînant avec un autre moment. “Un jour, pour mon anniversaire, il a sorti au restaurant des tickets pour trois jours à Disneyland.” Lors d’un été, il a eu la surprise de voir Eddy débarquer en Italie le jour de son anniversaire. “J’étais près de Venise. Il nous a rejoints.” Il l’a évidemment accompagné plus d’une fois sur le Tour. “Je me rappelle d’une étape à Toulouse.”
Le vélo n’est jamais loin. “Un jour, on a fait un contre-la-montre. J’étais parti comme une buse. J’étais en tête durant toute la course. J’ai dû finir au sprint pour le battre. À la suivante, il a dû m’attendre.”
“A la cour, on me parlait trop de lui”
Luca Masso n’a jamais regretté sa filiation avec Eddy Merckx. Que ce soit à la cour de récréation ou sur un terrain de hockey, ses amis restent souvent sans voix quand ils apprennent le lien de famille. Ensuite, vient le temps des questions. “Quand j’étais plus jeune, mes amis venaient souvent me parler de mon grand-père. Parfois, un peu trop. J’en retire une grande fierté car je connais l’être admirable qui se cache derrière le sportif. Petit, j’ai eu la chance de passer beaucoup de temps avec lui. Par exemple, nous nous rendons au Parc Astrid voir les matchs d’Anderlecht ou nous nous promenons à vélo. J’aime lui poser mille et une questions sur sa vie et sa carrière. Avant, je m’amusais à regarder en boucle les reportages sur ses victoires. Même si je les ai visionnés des centaines de fois, j’en ai toujours la chair de poule.”