Tour de France: un bouquet de favoris
Bien malin qui peut dire avec certitude qui gagnera ce 106e Tour de France. Une édition au départ de laquelle les prétendants sont nombreux
- Publié le 05-07-2019 à 22h12
- Mis à jour le 06-07-2019 à 08h24
Bien malin qui peut dire avec certitude qui gagnera ce 106e Tour de France. Une édition au départ de laquelle les prétendants sont nombreux Depuis la Grand-Place de Bruxelles, la route est longue jusqu’au Champs-Élysées, que les rescapés parmi les 176 concurrents du 106e Tour de France, atteindront le dimanche 28 juillet.
Au départ, l’indécision plane au moment de désigner l’un ou l’autre grand favori de la course au maillot jaune, même si Geraint Thomas, le vainqueur sortant, seul des quatre premiers du dernier Tour présent, et son jeune équipier Egan Bernal semblent les mieux armés pour prolonger la série victorieuse de leur formation. Voici le choix, forcément subjectif, de ceux qui entrent en lice pour la conquête d’un maillot jaune qui sera doublement symbolique en cette année de centenaire de sa création et du cinquantenaire du premier succès d’Eddy Merckx.
1 Geraint Thomas
Le vainqueur sortant est la grande inconnue parmi les favoris, mais l’on se garderait pourtant de l’éliminer de ce fait. Car Thomas reste l’atout majeur de l’équipe Ineos qui a remporté six des derniers Tours, avec trois coureurs différents. Sur ses résultats cette saison (3e en Romandie), commencée en mode mineur, et après sa chute du Tour de Suisse, le Gallois n’a donné que très peu, voire aucun, points de repère quant à sa forme exacte. "Je me sens prêt, je suis content de ma forme", dit pourtant le coureur de Cardiff, persuadé que la présence à ses côtés de Bernal est un avantage.
2 Egan Bernal
Au contraire, son jeune équipier (22 ans seulement et deuxième plus jeune participant) a démontré à Paris-Nice d’abord, puis, tout récemment, au Tour de Suisse, que la formation de Dave Brailsford pouvait compter sur lui. Le Colombien part sur un quasi-pied d’égalité avec Thomas (51-49 %). Les circonstances de la première semaine, notamment l’arrivée à La Planche des Belles Filles, jeudi prochain, pourraient modifier la donne, dans un sens ou l’autre. "Geraint est notre leader et je le soutiendrai", a répété le grimpeur sud-américain que le parcours ultra-montagneux doit cependant favoriser. Jusqu’à quel point ?
3 Jakob Fuglsang
Même s’il n’a jamais obtenu une meilleure place que la 7e sur le Tour (en 2013), le Danois est désormais un favori à part entière de la Grande Boucle. Sa récente deuxième victoire au Dauphiné (après la Ruta del Sol et Liège-Bastogne-Liège), qui ponctuait un formidable début de saison, fait du leader de la très forte équipe Astana, un des hommes à battre. "Je vise le podium mais rêve de la victoire, avoue le vice-champion olympique. Ineos reste l’équipe à battre, à nous, qui avons aussi une équipe forte de les défier et de courir offensivement pour rendre la course plus ouverte."
4 Thibaut Pinot
Le Franc-Comtois, troisième de la Grande Boucle en 2014, mais incapable de confirmer depuis malgré des éclairs, a tout misé sur le Tour cette année. Pinot est en bonne forme et le parcours doit lui convenir. "Un jour, les planètes seront alignées", affirme-t-il à L’Équipe, persuadé que la chance peut enfin lui sourire. Et pourtant, le protégé de Marc Madiot prévient : "Le Français qui gagnera le Tour sera une star. Est-ce que j’ai envie de l’être ? Non." Un aveu d’impuissance ?
5 Romain Bardet
Car la France attend le successeur de Bernard Hinault depuis 1985. Alors, à défaut de Pinot, ce pourrait être Romain Bardet. L’Auvergnat a terminé 2e en 2016 et troisième l’année suivante. Mais il n’était que 6e l’an dernier et le début de sa saison ne lui a pas permis d’atteindre ses espérances. Le coureur d’Ag2R veut - et doit - profiter du très faible kilométrage des chronos et d’une dernière semaine de course terrible. "Il va y avoir de très gros écarts dans les Alpes", prédit Bardet, qui se dit très heureux du parcours.
6 Adam Yates
Et si un Britannique en chassait un autre ? Après Wiggins, Froome et Thomas, Adam Yates (voire son frère ?) peut-il prolonger les succès des sujets de sa Très Grâcieuse Majesté ? Le coureur de Mitchelton-Scott, 4e en 2016, mais seulement 29e il y a douze mois, en est persuadé. Son Dauphiné laissait présager de sa bonne condition (trois jours en jaune) avant qu’il ne tombe malade le dernier jour et abandonne.
7 Steven Kruijswijk
Cinquième l’an passé, le Néerlandais grimperait sérieusement dans la hiérarchie virtuelle avec les absences de Dumoulin, Froome et Roglic. Justement, le forfait de son équipier slovène laisse tout à la fois le champ libre au coureur de Jumbo-Visma en le désignant aussi comme un vrai favori, avec tout ce que cela comporte comme pression.
8 Nairo Quintana
Après ses deux deuxièmes places, en 2013 et 2015, le coureur de Movistar semblait avoir pris une option pour devenir le premier Colombien vainqueur du Tour de France un jour. Trois ans plus tard, bien peu d’observateurs misent encore sur le grimpeur de Tunja dont c’est peut-être l’énorme chance, dit-il.
9 Vincenzo Nibali
L’inconnue car le vainqueur du Tour 2014 n’a presque plus couru depuis le Giro (où seul Carapaz l’a devancé). Le Requin de Messine se donne une semaine pour déterminer s’il courra jusqu’à Paris pour s’illustrer à l’occasion (étape ou maillot à pois) ou s’il visera le général. Auquel cas…
10 Les autres outsiders
Plusieurs coureurs resteront à surveiller sur les trois semaines de course. On pense à Rigerto Uran, Mikel Landa, Michael Woods, ou encore Richie Porte, leader de la formation Trek, invisible ou presque cette saison, mais 5e de la Grande Boucle 2016.
Douze autres candidats au top 10
Au-delà des treize coureurs que nous avons cités ci-dessus, quasi autant sont de vrais prétendants, plus ou moins avoués, à intégrer le top 10 final du Tour, selon les circonstances. Surtout, dans une édition très montagneuse, dont la dernière partie s’annonce pénible et propice aux rebondissements, il peut y avoir de nombreuses surprises. Par le passé, certains ont déjà fini parmi les dix premiers à Paris, et même à plusieurs reprises. Comme l’infatigable Daniel Martin, Simon Yates, qui après le Giro se met au service de son jumeau Adam, Fabio Aru, bien remis de son opération mais qui part dans l’inconnu, Tejay Van Garderen, Bauke Mollema, Ilnur Zakarin, ou Warren Barguil, transcendé par son récent titre de champion de France. Sans oublier ce diable d’Alejandro Valverde. Quelques-uns rêvent de franchir un palier, à l’image d’Emmanuel Buchmann ou de Guillaume Martin. D’autres, enfin, découvrent la Grande Boucle et sa difficulté. On songe aux Espagnols Pello Bilbao et Enric Mas qui vont mesurer ces trois prochaines semaines combien le Tour est encore autre chose que le Giro et la Vuelta. Cela fait au total 25 candidats (au moins) à finir le Tour parmi les dix meilleurs. Cela promet !
Ils vont nous manquer
C’est à une véritable épidémie qu’ont dû faire face les principaux prétendants avec les forfaits successifs de Tom Dumoulin, Chris Froome et Primoz Roglic, respectivement 2e, 3e et 4e de la dernière édition. C’est surtout l’absence du quadruple vainqueur du Tour britannique qui rebat les cartes, notamment au sein de sa propre formation, le Team Ineos, où Egan Bernal, qui aurait dû épauler le Kenyan Blanc et Geraint Thomas, monte d’un échelon dans la hiérarchie. Parmi les autres absents au départ de Bruxelles, il y a bien sûr Richard Carapaz, le vainqueur du Giro, ou un autre grimpeur sud-américain, le Colombien Miguel Angel Lopez. Dans un tout autre domaine, si les absences de Mark Cavendish et Marcel Kittel, parmi les sprinters présents, sont désormais plutôt symboliques d’un changement de génération, celles de Fernando Gaviria, Sam Bennett, Arnaud Démare et Pascal Ackerman nous privent de quelques-uns des plus rapides coureurs actuels du peloton. Comme celle de Philippe Gilbert écarte le vainqueur de Paris-Roubaix et l’un des baroudeurs les plus populaires.