Landa, une star basque prête à tout pour Evenepoel : “Il veut apprendre le français pour être proche de Remco”
Véritable star au Pays basque, Mikel Landa est en grande forme. Cette semaine est l’occasion idéale de tester son duo avec Evenepoel avant les Ardennaises et le Tour de France.
- Publié le 03-04-2024 à 06h46
- Mis à jour le 03-04-2024 à 10h36
Il est ici chez lui. Même s’il vit à Amurrio, une commune que le Tour du Pays basque n’emprunte pas cette année, Mikel Landa connaît toutes les routes du coin par cœur. Ne laissant rien au hasard, il est même venu s’entraîner en repérage sur les étapes de l’édition 2024, pour reconnaître le moindre virage, le moindre danger.
En plus de pouvoir rouler les yeux fermés sur l’édition 2024 de l’Itzulia Basque Country (le nom officiel de la course), la recrue hivernale du Wolfpack est aussi et surtout l’incontestable star locale, malgré la présence d’autres Basques, comme Alex Aranburu (Movistar) ou Pello Bilbao (Bahrain-Victorious), dans le peloton.
Chaque matin et chaque soir, ils sont des dizaines de fans à se ruer près du car de Soudal Quick-Step pour tenter d’apercevoir leur idole. “Parfois, c’est presque trop mais je suis vraiment reconnaissant de ce support extraordinaire, explique le coureur de 34 ans, qui aura de la famille sur le bord de la route tous les jours, durant cette semaine. Ma grand-mère n’a pas souvent l’occasion de venir me voir, donc c’est très spécial de la savoir ici.”
Les parents du grimpeur sont là aussi pour encourager Landa. Tout comme sa femme, Janire, qui a appris à vivre avec le fameux Landismo, qui est comme une religion dans la région. “Cela le suit partout où il va, sourit-elle. Ce qui est beau, c’est que le Landismo n’est pas une question de récompenses ou de victoires : les fans ont surtout beaucoup de passion pour ce que Mikel peut transmettre comme émotion.”
Même au sein du bus, le Landismo a ses fidèles. “Quand j’étais plus jeune, j’étais fan de lui et de sa manière attractive de courir, avoue Louis Vervaeke (3e de l” étape, ce mardi), scotché par la ferveur populaire autour de son équipier. C’est impressionnant.”
Dans une forme de leader : “Si Remco gagne, je gagne aussi”
Mais il y a aussi un autre coureur qui fait chavirer les cœurs basques. Un Belge de 24 ans. C’est Remco Evenepoel, évidemment. Deux des trois couleurs de son beau maillot de champion de Belgique sont celles de l’Espagne, où il vit (à Calpe) et où il est très apprécié. Le Pays basque ne déroge pas à la règle.
”Ici, Remco est aussi populaire que Landa, sourit même Klaas Lodewyck, le directeur sportif de Soudal-Quick Step, qui sait à quel point la semaine actuelle est importante dans la construction de la relation entre Landa et Evenepoel, qui courent ensemble pour la deuxième fois, après le Tour d’Algarve. Mikel a été recruté pour aider Remco et c’est dans son rôle qu’on l’attend cette semaine. Il a montré au Tour de Catalogne qu’il était en belle forme en étant le meilleur des autres (NdlR : 2e derrière Pogacar). Cela donne beaucoup de confiance.”
Le principal intéressé confirme. “J’ai eu mes meilleures jambes depuis longtemps”, précise Landa, qui sait toutefois qu’il n’est pas au départ du Tour du Pays basque pour jouer sa carte. “La première idée, c’est d’apporter mon soutien à Remco, comme je l’ai fait avec Froome, Nibali ou Aru dans le passé. C’est un rôle dans lequel je prends beaucoup de plaisir. Si je peux me battre pour une victoire d’étape, ce serait évidemment parfait. Mais si Remco s’impose, c’est comme si je gagnais moi-même.”
Une fausse image d’égoïste : “Mais il peut tenter sa chance”
Des propos qui traduisent bien l’attitude altruiste avec laquelle Landa a rejoint le Wolfpack. Ce qui tranche avec l’image d’égoïste qu’il a parfois pu avoir par le passé, chez Movistar notamment. “Tous les cyclistes ont un une part d’égoïsme, surtout les champions, mais Mikel sait que c’est un sport d’équipe”, indique sa femme.
En pouvant jouer sa carte sur certaines courses, comme ce fut le cas en Catalogne ou comme ce sera le cas à la Vuelta, Landa semble avoir trouvé le bon équilibre, à 34 ans. “Mais cette semaine, il peut tenter sa chance s’il est en bonne forme, indique Evenepoel. Et s’il marche mieux que moi, je l’aiderai avec plaisir.”
”Toutes les grandes équipes ont deux leaders et Landa peut être un leader de substitution s’il arrive quelque chose à Remco”, glisse, pour sa part, Klaas Lodewyck, conscient qu’il faut toujours avoir un coup d’avance.
Un calme à toute épreuve : “Remco a beaucoup à apprendre de lui”
Mais l’idée première de la présence de Landa aux côtés du champion de Belgique, c’est de lui apporter son expérience et sa sérénité. “Mikel, il est vraiment relax”, précise Vervaeke. “Il est toujours détendu et de bonne humeur, c’est vraiment un plaisir d’être à ses côtés. En Algarve, il avait montré sa maturité en prenant des décisions importantes en cours de route.”
”On a l’impression qu’il n’est jamais stressé, dit Remco. “Mais intérieurement, ce n’est pas toujours le cas. Parfois, je souffre quand même”, se marre Landa. “Mikel est une belle combinaison de calme et d’expérience, ajoute Lodewyck. Remco est encore jeune et a beaucoup à apprendre de lui.”
Pour que l’apprentissage soit le plus efficace, la relation humaine entre les deux hommes doit l’être aussi. “On doit courir ensemble le plus possible pour se connaître de mieux en mieux, souligne Landa. Remco est un jeune gars très ambitieux avec qui je m’entends bien. Il est réceptif aux conseils et notre connexion est bonne.”
Une semaine qui pourrait être fondatrice : “Ils vont apprendre à se connaître”
Les deux hommes communiquent en anglais. “Mais Remco connaît des mots du vocabulaire cycliste en espagnol. Et quelques jurons”, rigole Landa, détendu. “Mikel a comme projet d’apprendre le français pour être encore plus proche de Remco, précise Janire, sa femme. Mis à part en Algarve, ils n’ont pas encore beaucoup couru ensemble donc ils ne sont pas encore vraiment proches mais les choses avancent bien.”
En ce sens, la semaine basque, où les deux hommes vont devoir trouver des automatismes dans le final des étapes les plus compliquées (vendredi et samedi), est très importante. “Ils vont pouvoir apprendre à se connaître encore plus, admet Vervaeke. Nous, on connaît Remco depuis longtemps mais pour Mikel, c’est nouveau. Donc c’est un moment important en vue de la suite.”
La suite, ce sont les classiques ardennaises (Landa sera présent sur la Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège) et, évidemment, le Tour de France, où le duo sera très attendu. Et pas uniquement autour du bus par les jeunes fans.