Notre série sur les lieux mythiques des classiques avec Jelle Vanendert : “Le Cauberg est devenu moins important et l’Amstel plus tactique”
Le grimpeur limbourgeois Jelle Vanendert s’était classé deux fois deuxième de l’Amstel Gold Race quand le final se disputait au Cauberg.
- Publié le 12-04-2024 à 17h28
Il a été un des Belges les plus réguliers sur l’Amstel Gold Race dans la précédente décennie. Il ne l’a jamais gagnée, mais il s’y est classé deux fois deuxième. Jelle Vanendert n’a jamais abandonné la classique néerlandaise en douze participations. Troisième également d’une Flèche Wallonne (où il compte cinq tops 10), le grimpeur limbourgeois se sentait chez lui sur les routes de l’Amstel, où il a souvent aidé son ami Philippe Gilbert à s’y imposer. Aujourd’hui retraité des pelotons après avoir mis un terme à sa carrière à la fin de la saison 2021 chez Bingoal-Wallonie Bruxelles, il garde un œil attentif sur le cyclisme. Et il connaît encore le Cauberg et tous les autres monts du Limbourg néerlandais comme sa poche.
”Je peux rouler là-bas les yeux fermés”, s’amuse cet ancien vainqueur d’étape sur le Tour de France, passé par les équipes Chocolats Jacques, Française des Jeux où il avait rejoint son copain Philippe Gilbert, avant de suivre le Liégeois chez Lotto en 2009. Il a été un des piliers de l’équipe belge, dans laquelle il est resté jusqu’en 2019. “J’aimais vraiment les classiques wallonnes. Elles me convenaient. Peut-être que celle qui me convenait le mieux était l’Amstel Gold Race. Pour la simple raison qu’elle avait lieu près de chez moi. Je connaissais le parcours par cœur. C’était un gros avantage. J’allais presque tout le temps rouler par là quand j’étais en Belgique. J’étais de Hamont-Achel avant de déménager à Pelt.”
Le placement est plus compliqué sur l'Amstel que sur le Tour des Flandres car il y a moins de grand-route pour remonter.
Soit à quelques coups de pédale de la frontière. “La connaissance des routes est vraiment importante sur une course comme l’Amstel : le placement y est très capital. C’est même plus compliqué d’y être bien placé qu’au Tour des Flandres, car il n’y a pas vraiment de grand-route pour remonter facilement. En plus, le tracé de l’Amstel tourne vraiment dans tous les sens. Même si tu as fait la reconnaissance du tracé avant l’épreuve, c’est difficile de se rappeler de tout. Parfois, tu passes au même endroit mais dans des sens différents. Certains coureurs de l’étranger pouvaient y être perdus… Ce qui n’était pas mon cas. Philippe (NdlR : Gilbert) était comme moi. Il la connaissait vraiment bien.”
Ne pas avoir disputé le Mondial au Cauberg en 2012 est une grande déception pour lui.
Avec notamment ce Cauberg, lieu devenu mythique du vélo, où le Liégeois a la plupart du temps construit ses succès sur la course néerlandaise, mais aussi au championnat du monde de Valkenburg, en 2012. “J’ai terminé deux fois deuxième de l’Amstel, mais je n’ai pas vraiment de regret par rapport à mes places, continue Vanendert. Par contre, ne pas avoir été sélectionné pour le Mondial au Cauberg et pour y aider Phil à s’y imposer, ça, cela a été une grande déception. Une des plus grandes de ma carrière.”
Au fil de la conversation, on sent que les souvenirs de ses deux podiums sur l’Amstel sont encore bien frais. “Les deux fois, j’ai été battu par un coureur plus rapide que moi. D’abord en 2012. Je termine derrière Enrico Gasparotto. Il n’allait pas beaucoup plus vite que moi mais il était quand même un peu plus rapide. Pour moi, je n’ai pas commis d’erreur sur cette édition. Et deux ans plus tard, je termine aussi deuxième. Cette fois derrière Philippe Gilbert. Là, je me dis que j’étais peut-être un peu trop loin avant de tourner au pied de la montée finale du Cauberg. J’aurais peut-être pu être plus près de Phil à l’arrivée. Mais il aurait été plus rapide que moi. Cela reste un excellent souvenir d’avoir été sur le podium avec lui à l’Amstel. D’autant plus que je lui avais dit, en 2011, qu’on serait un jour tous les deux sur le podium d’une classique ardennaise…”
À l’époque, l’arrivée était située juste après le Cauberg. “C’est la version qui me convenait le mieux. Après, le parcours a souvent été modifié. L’arrivée a été placée un peu plus loin (NdlR : deux kilomètres après le sommet) et, aujourd’hui, le Cauberg n’est plus la dernière côte. Forcément, il a un rôle moins important dans la course. Sur le papier, cette montée n’est pas la plus dure du parcours de l’Amstel. Mais au bout d’une épreuve difficile, il fallait quand même parvenir à bien la grimper en vue de la ligne ! Avec un seul point important : étais-tu encore capable de le grimper sur le grand plateau ou pas ? Il fallait aussi y rester en danseuse, ne pas s’asseoir sur la selle… C’était le juge de paix.”
Maintenant, il est grimpé deux fois. Respectivement à quatre-vingts et dix-huit kilomètres de l’arrivée. Il n’est plus l’ultime difficulté, puisqu’il est désormais suivi par le Geulhemmerberg et le Bemelerberg. “Son rôle est totalement différemment. Quand il était le juge de paix, la course commençait vraiment au Kruisberg. Ce mont reste aujourd’hui d’une très grande importance sur le parcours. C’est là que cela démarre vraiment, que c’est le plus facile de faire la différence, avec l’enchaînement de petites routes. Moi, l’arrivée au Cauberg me convenait vraiment. Mais je dois dire que j’aime le nouveau parcours. Il rend la course beaucoup plus tactique et c’est beau à voir.”
Jelle Vanendert continue à suivre les courses de près. Il n’a par exemple rien raté de la domination de Mathieu van der Poel et de son équipe Alpecin-Deceuninck durant le printemps.
”Chez lui, Mathieu, avec son maillot de champion du monde, sera le grand favori pour dimanche, à l’Amstel. D’autant plus que ses coéquipiers sont costauds. Benoit Cosnefroy était fort, mercredi, à la Flèche Brabançonne. Mais de là à battre van der Poel… Je continue à suivre l’actualité cycliste, oui. Je ne suis pas lassé. J’aime toujours faire du vélo, d’ailleurs. Je me suis inscrit avec un ami au Roc du Maroc, une épreuve de VTT de six jours. Pas pour y faire un résultat, juste pour le plaisir. J’aime donc toujours rouler à vélo. Et cela me manque pour l’instant de ne pas en faire, car je suis occupé par mes examens à l’école de police.”
Il prépare ses examens de l’école de police
Ce n’est pas le premier ancien coureur professionnel à trouver le chemin de la reconversion dans les forces de l’ordre. Le Namurois Kevyn Ista (qui a été le coéquipier de Jelle Vanendert chez Wallonie-Bruxelles) travaille, lui, déjà comme policier. “Cette fonction m’a attiré pour la variété du métier : les journées sont toutes différentes. Mais je dois bien dire que c’est compliqué de préparer les examens : je n’ai jamais vraiment dû étudier puisque j’ai été à l’école jusqu’à mes 18-19 ans avant de tout miser sur le vélo. Mais ça va aller.”
Beau-père du très prometteur Sente Sentjens
S’il continue à pédaler et à suivre le vélo, il accompagne aussi, dans sa progression, le très prometteur jeune coureur Sente Sentjens. Ce fils de l’ancien pro néerlandais Roy Sentjens, ancien vainqueur de Kuurne-Bruxelles-Kuurne, est aujourd’hui le beau-fils de Jelle Vanendert. “Il était fort chez les juniors (NdlR : 3e du championnat d’Europe du chrono) et est passé cette saison dans l’équipe de développement d’Alpecin-Deceuninck (NdlR : il devrait passer dans l’équipe World Tour dès 2025) pour son arrivée chez les espoirs. J’essaie de rouler avec lui quand cela se met. Je lui donne des conseils. C’est plutôt un sprinter, avec un profil pour les classiques. Il peut aussi bien passer les contre-la-montre s’ils ne sont pas trop longs.”