15.000 participants, 65 nationalités et un départ dans la roue de Thomas Voeckler : on a goûté à l’énorme succès populaire du Tour des Flandres cyclo
We Ride Flanders a permis à un gigantesque peloton d’amateurs de devenir de vrais Flahutes le temps d’une journée.
- Publié le 31-03-2024 à 12h32
”Mesdames et messieurs, spécialement pour vous aujourd’hui, nous avons commandé un vrai temps de Flandrien !” Joie d’offrir, plaisir de recevoir. Samedi matin, sur le parvis du Qubus d’Audenarde où les participants au Tour des Flandres cyclo défilent pour retirer leur dossard, le speaker arrive à dessiner des sourires sur des visages jusque-là encore crispés par la pluie qui s’abat sur les casques.
Si les 3200 plus courageux ont pris le départ d’Anvers pour s’attaquer au parcours “complet” de 237 kilomètres, les 12.000 autres cyclistes engagés sur We Ride Flanders, une appellation très internationale qui colle bien à un événement réellement devenu planétaire, ont décidé de s'élancer sur les parcours plus accessibles de 159, 12 ou 74 bornes. Cette année, ce sont 65 nationalités qui étaient représentées dans le peloton. Si les Belges (5200) étaient logiquement les mieux représentés devant les Néerlandais (2800) et les Français (2200), d’autres pays plus exotiques comme la Colombie, la Côte d’Ivoire, les Bermudes, la Nouvelle-Zélande ou le Canada comptaient également une délégation.
Au moment d’installer notre dossard sur le cintre, une voie familière nous fait tendre un peu plus l’oreille. Le vélo appuyé sur la même barrière que le nôtre, Thomas Voeckler glisse lui aussi les colliers de serrage plastiques autour de son guidon et de celui de son fiston. “Nickel, on est dans le timing. Allez on file avant de prendre froid” lance le sélectionneur de l’équipe de France.
Sur la chaussé qui mène au pied du Wolvenberg, un interminable chapelet bigarré s’étire avec enthousiasme. “Is there already cobbles ?” nous interroge notre voisin de peloton. Pas encore, Kerkgate et la Paddestraat sont programmés pour un peu plus tard. Le visage déjà souillé de la pellicule de boue qui habille les pavés, on a déjà les allures d’un guerrier de la campagne du Nord. Premier gros morceau du jour, le Koppenberg ruisselle d’un filet brunâtre qui lance la mélodie des cales qui se déclipsent au milieu du même décorum que les pros. Banderoles publicitaires, chapiteaux VIP, écran géant et sono qui fonctionne à plein tube : on peut se prendre un instant pour Mathieu van der Poel avant que l’exigence de l’effort ne rappelle à sa réelle condition de modeste amateur.
La chasuble jaune pourtant trempée et le panneau tendu au bout du bras, les centaines de signaleurs qui jalonnent un parcours parfaitement sécurisé assument aussi le rôle de borne kilométrique. “Courage les gars, plus que vingt bornes.” Un Paterberg avalé en dessert d’un menu copieux, les derniers relais se mettent en place pour le retour vers Audenarde. Sur le bord de la grand-route, un supporter déguisé en banane nous propose un ravito improvisé juste avant que le pilote d’un vélo électrique nous invite à prendre sa route pour profiter de son aspiration. Sur la ligne d’arrivée, le langage se fait universel. High five et cris de joie, ça se fête d’être devenu un Flandrien…