Les soldats du team Belgium (4/6): Lampaert, du tatami au vélo
Le Belge, qui fera partie de la garde royale de Wout Van Aert au Mondial, s’est mis tard au cyclisme après avoir pratiqué le judo dans sa jeunesse.
- Publié le 23-09-2021 à 07h47
- Mis à jour le 23-09-2021 à 18h51
Dans le petit monde du cyclisme, nombreux sont les coureurs qui, bien avant d’entamer avec succès une carrière cycliste sur route, se sont essayés à un sport totalement différent dans leur jeunesse. Les exemples les plus notables ces dernières années sont Primoz Roglic (champion du monde junior par équipes de saut à ski en 2007), les footballeurs Greg Van Avermaet (jadis gardien au SK Beveren) et Remco Evenepoel (international belge en U15 et U16) ou encore Michael Woods (médaillé d’or du 1 500 m aux championnats panaméricains juniors en 2005).
Un exemple moins connu est celui d’Yves Lampaert. Le Flandrien, originaire d’Ingelmunster, est arrivé tard au vélo après avoir pratiqué le judo pendant une grande partie de son enfance et de son adolescence.
"J'ai commencé quand j'avais 6 ans pour finalement arrêter à mes 17 ans pour me concentrer exclusivement sur le vélo", expliquait le coureur de Deceuninck-Quick Step il y a peu. "J'ai donc pratiqué le judo durant 11 ans."
Avec succès puisque le jeune Lampaert est couronné champion de Belgique chez les cadets (la catégorie des 13-14 ans). Mais en grandissant, Lampaert voyait l'écart se creuser avec ses concurrents les plus assidus : "Je ne m'entraînais que deux fois par semaine et arrivé chez les espoirs, je ne pouvais plus rivaliser avec les enfants de l'école de sport de haut niveau."
Agriculteurs, les parents de Lampaert n’avaient pas le temps de le conduire aux entraînements et aux tournois.
"Au bout d’un moment je me suis lassé du tatami et c’est en faisant du duathlon que je me suis peu à peu intéressé au vélo."
D'autant que son cousin, Stijn Neirynck, était passé professionnel dans l'équipe Topsport Vlaanderen : "Son père, mon oncle Gert me disait que j'avais du talent. Je le vois encore assis à table pour convaincre mes parents."
Si au premier abord, les parents Lampaert ne se montrent pas très enthousiastes avec tout le travail à effectuer à la ferme, le jeune Yves tente quand même sa chance : "C'était même plus facile. Je pouvais partir à l'entraînement de la maison et mes parents ne devaient donc pas me conduire à droite et à gauche. Et le week-end, il y avait plein de courses dans la région."
Le judo l’a bien aidé dans sa carrière cycliste
De son passé de judoka, Yves Lampaert a notamment gardé la discipline : "une école de vie", a-t-il déjà confié.
"Les règles sont très strictes. Tu dois écouter tes maîtres. Je pense que davantage de personnes devraient pratiquer le judo dans leur enfance pour apprendre ce qu’est réellement la discipline."
Malgré le fait que le judo et le cyclisme soient deux sports totalement différents, Lampaert estime que son premier sport l'a également aidé sur le plan de la musculature : "Le judo est un sport qui utilise tout le corps, ce qui m'a bien aidé sur le vélo. Je n'ai par exemple jamais eu de problème de dos. J'ai développé mes muscles dorsaux dès mon plus jeune âge sans forcer. Le judo est vraiment un bon sport pour débuter quand on est jeune. Tu apprends à utiliser le poids de ton corps, ce qui permet d'éviter de trop forcer sur certains muscles."
Si ses premiers mois de cycliste ne sont pas simples lors de sa première année, Lampaert parvient néanmoins à enregistrer ses premiers petits résultats.
"Comme je suis arrivé au cyclisme sur le tard, je n’ai pas directement réussi à lever les bras, mais je parvenais à terminer les courses sans doute parce que j’avais gardé ma bonne condition du judo."
Tout en prenant un plaisir non dissimulé : "Je n'étais pas le meilleur et je ne pouvais pas me battre pour la victoire, mais je m'amusais bien. J'adorais m'entraîner et souffrir sur le vélo."
Ce qui l’a poussé à continuer, alors qu’il ne pensait pas un instant devenir un jour professionnel. Mais à force de travail, "Lampie", comme on le surnomme, a gravi les échelons avant de passer professionnel et d’à nouveau devenir champion de Belgique, chez les élites et en cyclisme cette fois, en 2018 sur la route, en 2017 et 2021 sur le contre-la-montre.
Ce dimanche en revanche, sur le championnat du monde, il ne roulera pas pour un titre personnel. Il devra se sacrifier pour l'équipe belge cette fois. Mais une semaine plus tard, le Flandrien fera tout pour s'imposer sur Paris-Roubaix, sa course de cœur : "Pour moi, l'Enfer du Nord est plus mythique que le Tour des Flandres. L'arrivée sur vélodrome, c'est le summum. Les Flandres sont plus vallonnées, il y a énormément de monde sur le bord de la route, c'est un peu la fête nationale en Belgique."
Une ambiance de fête qu’Yves Lampaert pourra également vivre ce dimanche à Louvain.