Riley Sheehan, un jeune stagiaire américain, vainqueur à Paris-Tours : “Je ne sais pas quoi dire…”
Riley Sheehan, stagiaire chez Israel Premier Tech, a sauvé sa carrière en décrochant la victoire.
- Publié le 09-10-2023 à 07h01
La dernière grande épreuve de la saison 2023 a accouché de la plus importante surprise de l’année. Riley Sheehan, un jeune Américain de 23 ans, stagiaire au sein de la formation Israel Premier Tech, a offert à l’équipe procontinentale une victoire de prestige dans une des principales et plus anciennes classiques du calendrier.
En enlevant, dans un sprint à cinq, la 117e édition de Paris-Tours, Sheehan a aussi enlevé sur la légendaire Avenue de Grammont sa première victoire chez les professionnels et apporté aux États-Unis une première victoire dans la classique des lévriers. Une victoire qui devrait changer la suite de sa carrière.
Après deux passages au sein d’une équipe française U23, le coureur du Colorado avait déjà, en 2022, évolué au sein de l’équipe U23 de la formation israélienne qui ne l’avait pas conservé. Retourné aux États-Unis, dans une modeste équipe pour laquelle il a encore un contrat l’an prochain, on peut imaginer que Sheehan se verra proposer un contrat par l’équipe dont Rik Verbrugghe est le manager sportif.
”C’est très spécial, cela représente beaucoup pour moi”, a confié le vainqueur. “Gagner une grande course comme Paris-Tours peut être le départ de quelque chose de très beau pour moi, je ne sais pas quoi dire… Nous voulions courir aux avant-postes aujourd’hui et être vigilants sur les chemins de pierre et les côtes, afin de placer nos sprinters en positions idéales. Ça m’a bien réussi (il rit). À deux kilomètres de l’arrivée, j’ai compris qu’on ne serait pas repris. J’étais très bien positionné pour le sprint et je n’ai plus tergiversé.”
En bord de Loire, Sheehan a devancé le Britannique Lewis Askey, rescapé de l’échappée matinale partie après une quarantaine de kilomètres et qui s’octroya un avantage maximal de 4 minutes. Un dernier échappé que l’Américain n’avait repris qu’à dix kilomètres de l’arrivée, en compagnie des trois autres coureurs qui étaient sortis avec lui du premier peloton dans la finale, Tobias Johannessen, Joris Delbove et Olivier Le Gac, un équipier d’Askey.
Sans s’en rendre compte, le peloton s’était fait piéger, ou plutôt ce qu’il restait du peloton, mis à mal par le passage dans les vignobles tourangeaux, sur les dix secteurs empierrés qui font désormais la principale difficulté d’une classique autrefois réservée aux sprinters ou aux puncheurs.
Des chemins de vignes piégeux
Ces passages sur les chemins de vigne ont une fois encore orienté la course, de par leur difficulté, bien sûr, mais aussi par l’aspect piégeux et hasardeux qu’ils génèrent. Les incidents mécaniques, les crevaisons surtout, sont en effet innombrables sur l’épreuve et cela depuis que ces sentiers caillouteux, sont apparus sur le tracé, en 2019. Bien plus que les pavés de Paris-Roubaix, que les routes blanches des Strade Bianche ou que les “ribinoù” du Tro Bro Leon, moins aléatoires, ces chemins de vigne opèrent comme une sorte de loterie qui prive de nombreux candidats, victimes du mauvais sort, de toutes chances. Au point que plusieurs équipes, comme Soudal Quick-Step par exemple, refusent d’y revenir.
Ainsi, Arnaud De Lie, l’un des grands favoris, dut-il changer de vélo à deux reprises dans les premiers des dix secteurs, perdant un temps précieux et toute chance de lutter pour la victoire. l’Ardennais a fini par abandonner.
"On est dans des paysages magnifiques, mais il faut se poser la question de ces chemins quand on voit que la moitié du peloton crève."
La même chose valut pour Greg Van Avermaet qui disputait ce dimanche, on le sait, la dernière course de sa carrière. Une épreuve que le Flandrien a terminée.
”Ce fut une course difficile, j’ai crevé à trois reprises ce qui m’a privé d’un résultat”, expliqua le champion olympique de Rio. “C’était trop pour que je puisse revenir. C’est dommage, car j’avais de bonnes jambes. Je ne dis pas que j’aurais gagné, mais je suis déçu. Je regrette de ne pas avoir pu courir devant pour ma dernière course.”
L’ancien n°1 mondial insista sur le côté chanceux de la course.
”C’est un beau parcours, on est dans des paysages magnifiques, mais il faut se poser la question de ces chemins quand on voit que la moitié du peloton crève”, dit-il encore avant de revenir sur sa carrière. “J’ai effectué dix-sept ans au plus haut niveau et gagné plus de succès et obtenu de bien meilleurs résultats que je n’imaginais à mes débuts. Je suis heureux et fier de ma carrière. J’ai toujours tout donné, toujours fait au mieux mon métier. Mes trois dernières années chez Ag2R n’ont pas été les meilleures, avec mes meilleurs résultats mais ce fut une belle période, malgré la malchance, la maladie, les blessures que j’ai connues. Je vais maintenant passer à un autre chapitre de ma vie.”