Le grand entretien de la semaine avec Dominique Friart de la Brasserie St-Feuillien : "Il faut parfois être un peu fou pour réussir"
Dominique Friart, patronne de la brasserie St-Feuillien, planche sérieusement sur l’avenir de son entreprise.
- Publié le 20-05-2019 à 10h32
- Mis à jour le 20-05-2019 à 15h42
Dominique Friart, patronne de la brasserie St-Feuillien, planche sérieusement sur l’avenir de son entreprise. Fondée en 1873, la brasserie St-Feuillien soufflera déjà ses 150 bougies dans quatre années. Ces quinze décennies de production de bières ont permis à cinq générations de la famille Friart de créer deux gammes fortes : St Feuillien et Grisette. Ce sont 52 000 hectolitres qui sont sortis des cuves rien qu’en 2018, pour un chiffre d’affaires de 11,5 millions d’euros. L’histoire de la brasserie dirigée par Dominique Friart est toutefois loin d’être terminée. "Il y a encore plein de projets et d’investissements prévus", sourit l’administratrice-déléguée.
En regardant en arrière sur ce qui a été accompli, qu’est-ce que vous vous dites ?
"Je veux rester modeste mais c’est vrai que nous avons quand même réaliser quelque chose d’important. Nous avons bien fait évoluer l’entreprise dans un marché en pleine expansion ces dernières années. En 2010, il y avait 118 brasseries reconnues en Belgique. Maintenant, il y en a près de 300."
Ça ne vous fait pas peur ?
"C’est à la fois stimulant, parce que le secteur brassicole bouge, mais aussi inquiétant. Il ne faut pas que ça parte dans tous les sens en négligeant la qualité. Il ne faut pas faire n’importe quoi. Le produit doit garder ses lettres de noblesse."
Quelles sont les clefs pour pouvoir passer à travers la saturation du marché ?
"Nous avons par exemple encore des débouchés en Flandre. Et puis il y a l’exportation. Par rapport à d’autres brasseries, nous n’exportons pas encore énormément : 48 % de la production. Il y a donc encore un beau levier de croissance dans des pays comme la France, les Pays-Bas, l’Italie ou l’Allemagne. Ce sont des marchés qui se renouvellent actuellement. Il ne faut pas nécessairement aller en Australie."
Quelles sont vos forces pour y arriver ?
"Nous avons la chance d’être une petite équipe très souple et flexible. Nous pouvons réagir très vite face au marché. Il faut analyser tout cela, innover avec des nouveaux produits."
De nouvelles bières sont à l’étude actuellement ?
"Il y a toujours des choses dans les cartons. Il est tout à fait possible que de nouveaux produits sortent l’année prochaine. Et puis nos deux gammes sont déjà très fortes. La Grisette est devenue bio, ce qui permet de toucher un autre segment porteur d’avenir. Il ne faut pas se laisser enfermer et ne pas avoir peur d’être un peu fou et visionnaire parfois pour réussir. C’est ce que nous avions par exemple fait avec la Grisette fruits de bois. Depuis lors, énormément d’autres brasseries ont aussi misé sur des bières fruitées. Il ne faut pas non plus avoir peur de se remettre en question."
Il faudra aussi un jour agrandir la brasserie et peut-être déménager…
"Oui, évidemment nous y travaillons. Un master plan d’une quinzaine d’années doit être mis en place pour cela. Les locaux ne sont pas extensibles indéfiniment et nous tenons à nous étendre encore en consolidant notre ancrage local fort et à évoluer en Belgique et à l’étranger."
En sachant que vous et votre frère Benoît approchez tout doucement de l’âge de la retraite, que va-t-il se passer pour l’avenir familial de la brasserie ?
"Il y a déjà Anne Friart qui est directrice de la production pour le moment. Et puis les deux autres sœurs d’Anne sont aussi dans le conseil d’administration. Puis Benoit a sept petits enfants. Le plus âgé a 20 ans et le plus jeune a 3 ans. Mais c’est certain qu’à un moment donné, il sera nécessaire de mettre en place la suite. Ce sont des discussions qui ont déjà lieu depuis quelques années. Mais je suis très confiante en l’avenir de la brasserie parce que tout le monde est intéressé par ce qui se passe."