Nouvelle saisie d’animaux en piteux état à Écaussinnes : “on a pu en sauver que six. Il a ensuite fallu décider qui allait vivre et qui allait mourir”
Rarement une saisie n’avait été aussi difficile à vivre pour les refuges mobilisés.
- Publié le 20-04-2024 à 11h47
- Mis à jour le 23-04-2024 à 10h42
Saisie après saisie, il faut encaisser. Les bénévoles des associations de défense animale le savent, il n’est pas toujours possible de sauver tout le monde. Ce vendredi en fin d’après-midi, les équipes de plusieurs refuges appelés pour une intervention du côté d’Écaussinnes l’ont malheureusement vécu une fois de plus. Rarement une saisie n’aura été aussi difficile à mener : faute de place, il a fallu choisir les bêtes qui seraient sauvées et celles qui seraient envoyées à l’abattoir.
À leur arrivée sur place, les équipes d’Animaux en Péril, Help Animals, Le Rêve d’Aby et Silence Animal ne peuvent que déplorer les conditions dans lesquelles évoluent une quarantaine de bovins. Sept cadavres jonchent le sol et les animaux survivants n’ont plus que la peau sur les os. Enfermés, ils n’ont ni eau ni nourriture, ni foin ni paille à disposition. Extrêmement faibles, deux animaux agonisent et sont euthanasiés sur place.
”Nous n’avions que cinq places pour 31 bêtes restantes…”, explique Delhia Vandendriessche, présidente de Silence Animal. “Malheureusement, il y a très peu d’adoptions de bovins. On sait donc que si on les prend en charge, ils resteront au refuge jusqu’à la fin de leur vie. Les quelques animaux adoptés en refuge l’ont été par des bénévoles.”
Six animaux sauvés, dont une vache pleine
La gorge nouée et le cœur serré, les bénévoles essaient de tenter l’impossible. “Prendre des bêtes sans être certains de pouvoir en prendre soin une fois l’hiver venu, ce n’est pas possible. Chacun a fait son possible, poussé les murs de son refuge. De côté, on a pu en prendre deux. Ensuite, il a fallu faire des choix, décider qui allait vivre et qui allait mourir. Six, dont une vache pleine, ont pu être sauvés. La culpabilité est énorme, notre moral est au plus bas. On n’en a pas dormi.”
Un envoi à l’abattoir n’est malheureusement pas une première pour les refuges. “En général, soit on arrive à tous les prendre en charge, soit ils partent tous pour la boucherie. Le fait de devoir sélectionner ajoute une composante extrêmement difficile à l’intervention de ce vendredi soir. On a aussi l’impression que le propriétaire sort gagnant de cette histoire, puisqu’il récupérera l’argent lié à l’abattage de ses bêtes.”
Des refuges à saturation
Et de poursuivre: “On a vu un bovin qui avait un abcès de la taille d’un ballon au niveau du ventre. En dehors des taureaux qui étaient encore plus ou moins bien portants, les vaches étaient vraiment squelettiques. J’ai 31 ans et je suis active dans la protection animale depuis 17 ans mais je vous assure que j’ai pleuré en sortant de là.”
Ces faits témoignent surtout, une nouvelle fois, des difficultés auxquelles font face les refuges. “On n’a pas de moyens et trop peu de places pour pouvoir accueillir tout le monde. Nous sommes par ailleurs très peu à pouvoir accueillir des bovins”, souligne la présidente. “Chez nous, on accueille pour l’instant 250 bêtes, surtout des animaux de ferme. On est saturés parce que ces derniers mois, les saisies sont pratiquement hebdomadaires, et ce sont souvent des troupeaux entiers de vaches, moutons, poneys, chevaux,… Ça n’arrête pas.”
Un constat qui rappelle encore que les propriétaires coupables de maltraitance ou de négligence ne sont généralement pas sanctionnés – ou le sont trop peu – par la justice. Au lendemain de cette saisie, le pronostic des animaux sortis de l’enfer reste engagé.