Jean-François Deberg, la force tranquille
Jean-François Deberg a remporté cet été en Italie la médaille d’or de la course en ligne en classe H3 (handbike) des Mondiaux de para-cyclisme sur route. Une consécration pour le Baelenois de 36 ans qui est l'un des chefs de file du Paralympic Team Belgium, mis à l'honneur ce dimanche au Parc du Cinquantenaire, à Bruxelles
- Publié le 16-09-2018 à 13h35
Jean-François Deberg a remporté cet été en Italie la médaille d’or de la course en ligne en classe H3 (handbike) des Mondiaux de para-cyclisme sur route. Une consécration pour le Baelenois de 36 ans qui est l'un des chefs de file du Paralympic Team Belgium, mis à l'honneur ce dimanche au Parc du Cinquantenaire, à Bruxelles
Lorsque Jean-François Deberg nous accueille à Baelen, bourgade coincée entre Verviers et Eupen, le nouveau champion du monde d’handbike est tout sourire. Tout a réussi à ce sportif de 36 ans pendant l’été. L’entretien se déroule dans un parc, à l’arrière de son appartement. Comme un symbole, ce genre d’endroit paisible le définit finalement très bien. Il fait beau en ce début septembre, l’homme, devenu paraplégique à la suite d’un accident de voiture, est détendu et sait surtout ce qu’il veut à moyen terme. Après une lourde préparation, l’athlète liégeois a ramené une médaille dans son petit village. Fier, il l’arbore pendant l’interview : "C’est un petit peu l’accomplissement de mes objectifs. Je pense que dans une carrière, c’est vraiment très satisfaisant."
"Gagner les mondiaux, c’était bien. Mais cela ne s’arrête pas là."
Cependant, le Verviétois ne s’endort par sur ses lauriers. Ce type d’attitude ne le ressemble pas. Pas besoin de se pavaner non plus. Ses futurs objectifs sont clairs et définis : direction les Jeux paralympiques de Tokyo d’ici 2 ans. Et pas pour y faire de la figuration.
"À partir du moment où je décide de le disputer le but est de revenir avec une médaille. L’or de préférence…" lance--t-il avec un rictus malicieux.
Le sportif n’est pas prétentieux, il est juste ambitieux et sait que tout cela passe par uniquement par un seul facteur : "Le travail. Cela paye toujours. Je ne suis pas du genre à faire beaucoup de bruit. Si je devais me définir, chose inhabituelle et compliquée pour moi, je dirais que je suis quelqu’un de réservé. Je ne me découvre pas facilement. Je suis du style à me taire et à travailler, c’est ce qui m’importe le plus."
Le Verviétois est à l’image de sa campagne, paisible et naturelle. Il a une vision bien à lui de son sport. La performance prime avant tout le reste…
"Je ne veux pas défendre des valeurs morales à travers ma discipline. Moi ce qui m’intéresse, c’est de se dépasser physiquement. Je pense que la vision d’un sport est très personnelle. Je ne me considère pas comme une source d’inspiration pour les autres où du moins je n’en ai jamais eu conscience. Il faut développer son potentiel et travailler d’arrache-pied pour remplir ses objectifs. C’est sans doute pour cela que je pratique un sport individuel."
Plus de 10 ans que Jean François s’est lancé dans sa discipline.
"J’ai démarré en 2007 pour me dépenser. Ensuite, au fur et à mesure, mes attentes ont changé. On a eu une approche un peu plus professionnelle. Même si, en terme financier, on est très loin du compte. En 2012, j’ai vraiment commencé les compétitions et à performer."
Pourtant, on ne peut pas dire que l’homme soit un sportif dans l’âme. Il a appris à le devenir en gravissant tous les échelons à son rythme pour finalement en être au sommet. Jean-François Deberg ne se prend pas pour un autre. Fidèle à lui-même, il garde les pieds sur terre.
"Quand j’ai remporté ma médaille, je n’ai pas eu une émotion forte qui m’a animé. Attention, j’étais très satisfait. Mais ma joie est restée très intérieure. C’était quelque chose de plus fin, de plus introverti. C’était spécial, mais c’est fait, c’est fait et je me fixe mes objectifs futurs. J’ai toujours fonctionné comme cela."
Une vie après le sportif ?
Une fois les Jeux Paralympiques 2020 terminés, Jean François ne se voit sans doute pas continuer dans ce sport. Il a besoin de relever de nouveaux défis pour se réinventer et ne pas stagner.
"J’aurai 38 dans deux ans. Je pense que pour moi, je tirerai ma révérence après les jeux de 2020. Cela devrait être mes derniers objectifs. J’aimerais commencer des choses inédites. Je vais sans doute ressentir une petite lassitude mentale. Pas spécialement dans le sport ou dans le coaching. Mais je vais me donner deux ans pour remplir mes objectifs, ramener une médaille pour clore ce chapitre de ma vie…"
Aucun ne doute là-dessus, Jean François Deberg mettra tout en œuvre pour ne pas avoir de regrets. En étant tranquille, comme toujours, c’est ce qui fait sa force.