Jef Brouwers, ancien coach des Red Lions, croit en les Red Panthers: "Les Panthers sont indépendantes mentalement"
Jef Brouwers, qui a mené les Red Lions vers les Jeux de Pékin, est persuadé qu’aucun paramètre externe ne pourra altérer la performance des Red Panthers en Chine.
- Publié le 24-10-2019 à 06h42
- Mis à jour le 24-10-2019 à 21h10
Jef Brouwers, qui a mené les Red Lions vers les Jeux de Pékin, est persuadé qu’aucun paramètre externe ne pourra altérer la performance des Red Panthers en Chine. La pression est colossale. Le hockey féminin belge se trouve à nouveau à la croisée des chemins. Ce week-end, les calculs ne sont pas de sortie. Seule la qualification belge à Changhzhou entrera dans l’histoire.
Quatre ans après le gâchis de Brasschaat où les Reds avaient laissé filer leur ticket olympique à 35 secondes de la fin de la rencontre face à la Corée du Sud. Elles avaient ensuite grillé leur deuxième cartouche contre le Japon devant des supporters effondrés. Pascal Kina avait été remercié. L’équipe avait été au bord de l’explosion. Après un silence international de deux ans, les Red Panthers sont revenues sur le devant de la scène.
L’ère Thijssen a permis de faire des grands bonds en avant. Vendredi, à 10 heures (heure belge), les Red Panthers reçoivent l’occasion de définitivement gommer l’échec de Brasschaat.
Un homme est entré dans la danse. Il a murmuré à l’oreille des plus grands coachs travaillant en Belgique. Jef Brouwers, c’est une pointure dans l’univers abstrait du coaching mental. Cyclisme, athlétisme, football, voile ou hockey, autant de sports à la pointe qui ont progressé grâce aux leçons de ce psy hors norme.
L’actuel High Performance Manager de l’ARBH avait déjà profité des enseignements du coach mental en 2007 quand il est arrivé dans le giron de l’équipe nationale. Adam Commens officiait alors comme entraîneur des Red Lions. L’Australien avait eu le nez fin en acceptant le coaching mental dans le sport de haut niveau. Il y a 15 ans, cet art était assimilé à une perte de temps et d’argent. Après avoir mené les Lions aux JO de manière fixe, Jef Brouwers s’était retiré en 2014, mais Adam Commens a réactivé son contact durant l’été 2017. Depuis 5 mois, il travaille directement avec les Red Panthers.
Lors des championnats d’Europe à Anvers, il a pu observer les faiblesses mentales de ses nouvelles protégées. Sur la base de ce match catastrophique face à l’Espagne, il a poursuivi sa mission. "Chaque Panther est différente car chaque vie est différente, nous a-t-il confié. Il n’existe pas une recette qui s’applique à tout le monde. Chacune est unique. Il faut respecter le caractère et la vie de chacune."
Il a découvert les caractères lors des matchs amicaux contre le Canada et l’Irlande. La somme de toutes ces personnalités doit rendre le groupe imperturbable à tout ce qui peut venir de l’extérieur. "Si un paramètre change, il est important de voir la réaction du groupe. Les filles vivent dans un processus. S’il est modifié, cela génère un stress. À Anvers, la blessure d’Emilie Sinia faisait partie de ces éléments. Le coach a dû changer ses plans. Tout n’a pas été remis à zéro, ce qui a amené des frustrations."
L’Euro a laissé des traces. Le train a déraillé à cause d’un off day complet contre l’Espagne. "Le staff a remis l’équipe sur les rails. Il fallait fermer ce livre. Tourner la page ne suffisait pas."
En un temps limité, Jef Brouwers a d’abord aidé les filles à se connaître en tant que personnes à condition qu’elles en émettent l’envie ce qui a mis un certain temps. "Le groupe est composé de jeunes joueuses qui ont un grand besoin de comprendre la méthode de travail. Les Panthers n’ont pas la maturité des Lions car elles n’ont pas l’expérience des médailles. Néanmoins, elles acceptent ce défi et bossent."
Au moment de voir son groupe s’envoler pour la Chine, Jef Brouwers était pleinement confiant. En quelques mois, il a acquis la certitude que les Belges étaient aptes à gérer les enjeux de ces deux matchs. "Elles sont capables aujourd’hui d’éliminer les paramètres externes. Mentalement, elles sont indépendantes."
Avec le staff, les Reds ont longuement discuté de tout ce qui pouvait leur tomber dessus jusqu’à samedi midi. Chacune a conscience de ces éléments toxiques. Durant sa carrière, Jef Brouwers a assisté à des déceptions et des exploits qui ne l’ont pas souvent surpris. Lors des mondiaux d’athlétisme à Doha, il avait repéré les commentaires négatifs des Français sur les conditions.
Il a averti les Red Panthers. En Chine, leur seul souci, c’est leur performance. "Elles ne doivent voir que ce qui améliorera leurs performances sans songer aux blessures, aux arbitres, à leur temps de jeu, aux réactions des supporters, à la météo…"
Le mot est lancé. Un coup de sifflet de l’arbitre peut influencer le cours d’un match ou amener de la frustration dans un camp. "J’ai été catégorique. L’arbitre n’existe pas sauf le VAR en ce qui concerne le football. Je n’ai jamais rencontré un arbitre qui change sa décision à la suite d’une rouspétance. La sportive doit rester concentrée car le match continue. Lors de notre test-match face au Canada, leur collègue de DH Laurine Delforge était leur arbitre. La situation était très difficile. J’ai observé de nombreuses réactions négatives."
S’il a fait le maximum pour les transformer en machines de guerre, Jef Brouwers n’a pas voulu mentir à ses filles en minimisant les enjeux de ces deux fois 60 minutes. "Tout être humain est fragile. Personne ne fonctionne comme une machine. Personne ne peut nier l’importance de ce voyage en Chine. Je ne le résume pas à tout ou rien car ce langage ne plaît pas au cerveau. J’ai plus insisté sur la barrière entre le potentiel et la performance. Elles doivent surtout être convaincues qu’elles exprimeront tout leur potentiel sur le terrain. On ne peut pas dédramatiser les enjeux, mais on peut enlever tout ce qui affectera leur concentration durant le match."
Selon le coach mental, l’équipe a progressé dans le domaine de la communication. "Je vois plus de possibilités de s’exprimer, ce que je n’ai pas ressenti au début", conclut celui qui est sous contrat jusqu’à samedi en espérant que la qualification prolonge sa mission.