Au cœur de l'arbitrage du hockey belge: "Les coachs de DH estiment que nous sommes meilleurs que l’an passé"
Depuis 5 ans, les arbitres ont appris à suer comme les joueurs pour devenir des athlètes confirmés. L’évolution du jeu imposait cette remise en question.
- Publié le 25-04-2019 à 15h53
Depuis 5 ans, les arbitres ont appris à suer comme les joueurs pour devenir des athlètes confirmés. L’évolution du jeu imposait cette remise en question.
Le hockey n’échappe pas à la règle. Les arbitres ont toujours été une cible privilégiée sur laquelle les critiques pleuvent. Un avantage non laissé, un pc annulé, une interprétation erronée sur un contact ou un respect des 5 mètres, une intolérance à la rouspétance, autant de sujets qui alimentent les discussions au bord du terrain.
S’il est bien un paramètre qui n’est plus l’objet de moquerie, c’est bien la condition physique de nos hommes au sifflet. Ces dernières années, les referees de Division d’Honneur messieurs ont accepté de souffrir à l’entraînement pour se bâtir une condition physique suffisante. Fini, les hommes en surcharge pondérale.
Jusqu’en 2011, aucun programme d’entraînement n’avait été élaboré pour encadrer nos meilleurs arbitres. "Nos internationaux passaient un bip test obligatoire la veille d’un tournoi. S’ils rataient, ils passaient la semaine dans leur chambre", se souvient l’actuel président du comité d’arbitrage, Frédéric Deneumostier.
Ensuite sont venues les années des bonnes intentions. "Nous avons conseillé de faire un bip test en début de saison. Dans la foulée, nous avons mis en place une série d’entraînements. Sans une excellente condition physique, l’arbitre ne voit pas bien ce qui se passe autour de lui. Les fins de match sont souvent cruciales et imposent une lucidité maximale."
Afin de garder le contact avec un jeu toujours plus rapide, les arbitres ont été contraints, en 2014, de suivre un programme précis au fil des semaines. "Un Greg Uyttenhove n’a pas sifflé en DH il y a deux ans car il n’avait pas passé le bip test à cause d’une blessure. Il a dû attendre la session suivante."
Chaque année, trois séances de tests physiques sont programmées : en septembre, en février et en avril. Le comité d’arbitrage oscille entre la volonté d’en demander toujours plus à leurs membres et celle de ne pas écœurer les volontaires.
En 2018, le comité d’arbitrage a décidé de lâcher du lest. Une séance ratée peut se récupérer en alourdissant la suivante. Ainsi, un "yo-yo test" manqué pour des raisons professionnelles n’est plus pénalisant. "Il devra juste faire 400 m de plus à la session suivante."
Quand il est devenu président du comité d’arbitrage en septembre 2017, Frédéric Deneumostier avait lancé un grand sondage à travers les joueurs de DH. "Il en était ressorti que l’aspect physique n’était pas un souci. Les joueurs l’avaient épinglé en 4e position."
Néanmoins, il espère durcir les conditions de réussite du "yo-yo test" dès la saison prochaine. Pour la DH, il aimerait passer de 1680 à 2000 mètres. "Mais, il ne faut pas un ‘yo-yo’ exclusif. Si un arbitre rate un entraînement, il devra réussir le cap des 2400 mètres ce qui devient beaucoup."
En marge de ces sessions d’entraînement, les arbitres sont invités à des formations et des conférences sur des thèmes qui renvoient au lifestyle. Alain Goudsmet est venu leur parler de la gestion mentale. David Maton leur a exposé la manière idéale de s’échauffer. Un team building sera organisé prochainement à Spa pour consolider encore plus les bases de l’arbitrage belge.
"Je suis satisfait par le niveau de l’arbitrage en Belgique. J’ai eu une réunion avec les coachs de DH qui estimaient que la situation s’était améliorée par rapport à l’an passé", poursuivait Frédéric Deneumostier qui épingle le point le plus compliqué de l’arbitrage en DH. "Il faut être cohérent à tous les niveaux. Un arbitre doit sanctionner de la même manière une faute à la première ou à la dernière minute. Il doit être cohérent d’une semaine à l’autre et également avec son binôme", conclut celui qui a sifflé son dernier match il y a tout juste deux ans. "C’était un Watducks - Léopold avec Sébastien Duterme." Arbitre un jour, arbitre toujours. L’arbitrage, c’est une grande famille qu’on a choisie.
Nous avons passé les tests physiques des arbitres
Le yo-yo test est l’épreuve de vérité pour vérifier la condition physique des arbitres.
Mercredi 17 avril, 19 h, à Grimbergen. Alors que la semaine EHL commençait par les succès du Dragons et du Watducks, les pontes de l’arbitrage belge se donnaient rendez-vous dans l’anonymat du club de Mérode. Carnet de notes en main, Vincent Loos, avec l’aide de Michaël Dutrieux, prépare le terrain des supplices. Une batterie de tests physiques sont au menu de la soirée. Une quarantaine d’hommes au sifflet se positionnent sur la ligne médiane pour passer le yo-yo test. "S’ils veulent participer aux playoffs messieurs, dames ou jeunes, ils doivent réussir ce test", confie Vincent Loos.
À ses côtés, Michaël Dutrieux, athlète confirmé, ne craint pas l’exercice. "Avant, nous avions le bip test, mais le yo-yo test est plus adapté à nos efforts en match. Nous partons au bip pour un aller-retour de 40 mètres avant de marquer un arrêt de 10 secondes qui casse notre effort."
L’opération se reproduit à 42 reprises. "Nous devons parcourir 1680 mètres. Ceux qui n’ont pas participé à suffisamment d’entraînements physiques cette saison doivent réussir 2080 mètres."
Tous les 400 mètres, le chrono monte d’un cran. Nous avons troqué notre carnet d’interview ainsi que notre stylo pour des chaussures de running. Aux côtés de Grégory Uyttenhove, de Céline Martin-Schmetts ainsi que Michaël Dutrieux pour n’en citer que quelques-uns, nous avons pris place sur la ligne. L’anxiété laisse vite place à l’excitation. Après 10 mois d’entraînement individuel, nous ne partions pas du point zéro.
Après l’ennui des premières longueurs, viens le moment où la fréquence cardiaque trouve sa vitesse de croisière. L’exercice, qui dure plus de vingt minutes, se révèle être une épreuve avant tout mentale. Dans les rangs, chacun encourageait son voisin. Au final, l’exercice s’arrêtait à 2200 avec le sentiment du devoir accompli. Tous les arbitres de la série ont tenu la distance et attendent désormais leurs désignations.
Pour les représentants internationaux, une série de 5 sprints de 40 mètres était encore au programme. "Les messieurs doivent passer sous les 6,5 secondes alors que les dames bénéficient d’une demi-seconde de plus" , explique Michaël Dutrieux. Céline Martin-Schmetts est la première à s’élancer. Elle réussit l’objectif. Michaël Dutrieux explose les records. Par curiosité, nous profitons de la technologie pour nous tester sur la distance. Nous ignorons tout de la technique du sprint : 6.41. Le score n’est pas mauvais, mais tous les autres arbitres qui ont testé ont claqué un meilleur chrono.
Vers 21 h 30, les tests s’achevaient avec une certitude. Les arbitres des playoffs sont prêts physiquement pour les demi-finales.