Nafi Thiam, une médaille comme un symbole: "C’est motivant d’avoir une forte concurrence"
La vice-championne du monde de l’heptathlon, "au bout du rouleau", espère arriver à Tokyo en bonne santé.
- Publié le 04-10-2019 à 21h30
- Mis à jour le 04-10-2019 à 22h37
La vice-championne du monde de l’heptathlon, "au bout du rouleau", espère arriver à Tokyo en bonne santé. Il était 20 h 50, ce vendredi soir, à Doha, lorsque Nafi Thiam est montée sur le podium dressé au sein d’un stade Khalifa dont les tribunes étaient bien garnies pour le deuxième jour d’affilée. Tout sourire, la Belge de 25 ans a accueilli avec un certain plaisir sa médaille d’argent, "la plus difficile à conquérir" de sa carrière. Celle-ci est, confie-t-elle, le symbole de ses efforts et de ses sacrifices, au cours de cette saison longue et épuisante, afin d’être capable de défendre son titre mondial malgré deux blessures encourues, l’une en janvier, l’autre en juin.
"J’ai fait le maximum !" lance la championne olympique de l’heptathlon qui aspire à présent à une période de vacances "de quatre ou cinq semaines au moins parce que je suis au bout du rouleau", avant de reprendre les entraînements. "Peu importe la couleur de la médaille en fin de compte. Je n’ai aucun regret, la première place ne m’était tout simplement pas accessible cette fois. J’ai commencé la saison en étant blessée et je la termine blessée aussi. Maintenant, ce problème au coude ne doit pas m’aveugler et éclipser cette médaille qui symbolise beaucoup pour moi."
Pour autant , la vice-championne du monde ne se projette pas encore trop vers les Jeux olympiques de Tokyo. "Quand on recommencera la saison, on va beaucoup discuter et, après plusieurs semaines d’entraînement, on va planifier les prochains mois", reprend Nafi. "Si tout va bien, je vais vivre mes seconds Jeux l’été prochain et j’espère arriver là-bas en bonne santé. Mais une chose à la fois, j’ai besoin de déconnecter de l’athlétisme et ne pas penser à Tokyo pendant un bon mois."
L’année 2020 ne devrait pas donner lieu à de gros changements dans son approche de la compétition. "Chaque année, on essaie de s’améliorer mais dans les années olympiques, c’est vrai qu’il est plutôt rare que l’on teste de nouvelles choses. Je rappelle que j’ai battu quatre records personnels cette saison en dépit de tous les problèmes que j’ai rencontrés. C’est que tout ne va pas si mal ! Mais il y a encore des choses que je fais à l’entraînement et que je n’arrive pas à sortir en compétition. Comme le 800 m, par exemple, même si ici le contexte était particulier."
Va-t-elle avant tout chercher à travailler ses points forts ou ses points faibles ? "Idéalement, les deux !" répond-elle. "C’est ce qu’on essaie de faire. Je veux m’améliorer sur les courses. Je n’ai pas eu de chance avec mes 200 m cette saison, j’aurais voulu que le ciel soit avec moi mais je n’ai pas eu de réussite à ce niveau-là. C’est dommage."
Avec le titre mondial remporté par Katarina Johnson-Thompson, la pression pourrait peut-être changer de camp. "J’imagine que comme c’est Katarina qui a remporté ce titre, il y aura moins d’attentes, elles seront un peu mieux réparties. Est-ce que cela aura un impact mentalement ? Peut-être ! Je vous dirai ça l’année prochaine. Mais oui, je souhaite qu’il y ait un peu moins de pression de mon côté. J’ai toutefois reçu beaucoup de commentaires positifs, en tout cas du public parce que dans la presse j’ai vu passer de tout, je pense que globalement les gens comprennent aussi que c’est impossible de gagner à chaque fois. En tout cas, c’est motivant d’avoir une forte concurrence. On a une bonne génération et, avec les autres filles, cela promet une belle compétition à Tokyo..."
"Le coude? Une question de technique avant tout"
La vice-championne du monde prendra le temps de la guérison avant Tokyo.
Depuis ce jeudi soir, le problème au coude dont souffre Nafi Thiam (NdlR : on parle d’une épitrochléite, soit une inflammation qui affecte la partie interne du coude à l’insertion avec les muscles fléchisseurs) est à nouveau au cœur de toutes les discussions. Bien sûr, la Namuroise avait perdu toute chance de succès final depuis un concours de longueur manqué techniquement mais, pour le deuxième heptathlon consécutif, elle n’a pas pu lancer correctement le javelot. Et cela, c’est assez inquiétant. “Mon problème au coude, c’est avant tout une question de technique au javelot, de parvenir à exécuter correctement mon lancer”, explique-t-elle. “Le problème dans les épreuves combinées, c’est qu’on n’a pas la technique parfaite dans chaque épreuve. Si je veux lancer à 35 ou 40 mètres, il n’y aura pas de problème. Mais si je veux faire 60 m comme ce jeudi et que je dois mettre toute ma force dans mon lancer, ça ne pardonne pas. Je ferai des tests à mon retour en Belgique et on verra ce qu’il en sortira.”
Pour avoir souffert d’une déchirure des ligaments croisés plus jeune, pour s’être déchiré les ligaments du coude en 2016 avant les Jeux de Rio, et pour s’être déchiré le muscle soléaire cette année, Nafi sait que les blessures font partie intégrante du sport de haut niveau.
“Mais c’est la première fois que je me blesse aussi souvent dans une saison”, convient-elle. “Il y a des années comme ça...”
L’enjeu d’une guérison complète sera pourtant capital dans l’optique des Jeux de Tokyo.
“Est-ce inquiétant ? Oui et non. Ça touche une épreuve forte et cela a des répercussions importantes sur mon total de performances, donc oui. Parce que si j’arrive aux Jeux et que j’ai encore un problème au coude, ça devient serré. C’est sûr qu’une blessure ce n’est jamais positif. Mais non, parce que j’ai plusieurs mois pour guérir et soigner ma rééducation. Je n’ai plus de pression temporelle, et c’est généralement le temps qui vous manque. Je vais donc pouvoir mettre des choses en place pour bien me retaper. Mais je n’ai pas trop envie de penser à ça pour le moment...”