Une monoplace à moitié neuve pour Vandoorne: autopsie du plan B de McLaren
- Publié le 09-05-2018 à 09h44
Une monoplace à moitié neuve pour Fernando Alonso et Stoffel Vandoorne ce week-end en Espagne.
Il y a deux manières d'analyser la situation actuelle de McLaren-Renault en F1. C'est l'histoire de la bouteille à moitié vide ou à moitié pleine.
Voyons d'abord les côtés positifs. Après les quatre premiers GP de la saison, l'écurie de Woking occupe la 4e place du championnat constructeurs avec 36 points contre zéro à pareille époque en 2017 avec le Honda.
Fernando Alonso est sixième du classement pilotes et est le seul avec les deux leaders Lewis Hamilton et Sebastian Vettel à être rentré à chaque fois dans les points.
Enfin, la fiabilité est au rendez-vous puisque McLaren-Renault est la seule écurie à avoir amené à chaque fois ses deux monoplaces à l'arrivée.
Il y a donc bel et bien un réel progrès par rapport à l'an dernier.
Mais les points négatifs ne manquent pas non plus. Et le principal est que la monoplace orange, trop lente en ligne droite (un souci de traîné excessive), n'a pas encore réussi à atteindre une seule fois la Q3 (Top 10) en qualifications où elle rend régulièrement deux secondes (8) aux meilleurs.
Et si le rythme de course est un peu meilleur certes, Alonso aurait terminé à chaque fois à plus d'un tour du vainqueur sans l'intervention des voitures de sécurité. L'Espagnol a fait des miracles mais a aussi eu beaucoup de chance en ce début d'année car sa voiture n'est clairement pas assez compétitive.
La direction de McLaren est consciente depuis les tests hivernaux de Barcelone que sa monoplace n'est pas suffisamment performante. Qu'il y a des problèmes de surchauffe, d'aérodynamisme mais aussi qu'elle ne possède pas le meilleur châssis comme souvent prétendu l'an dernier.
Sur un circuit comme Bakou dont le profil ne lui convenait pas du tout c'était tout simplement la moins bonne des F1 du plateau. Derrière Sauber, Williams et Toro Rosso.
Depuis quelques semaines déjà, on nous donne donc rendez-vous à Barcelone, théâtre ce week-end du premier GP européen, pour découvrir la vraie McLaren-Renault, celle qui aurait dû être alignée dès l'Australie mais dont les débuts ont dû être retardés faute de temps pour produire toutes les pièces suite à l'annonce tardive du nouveau mariage avec Renault.
Cela c'est la version officielle. La vérité est sans doute plutôt que les ingénieurs ont dû vite plancher sur une version B après que les tests hivernaux du mois de mars, ici-même, aient révélé les importantes lacunes (notamment en termes de vitesse de pointe) de la MCL33.
Si la véritable voiture 2018 avait simplement eu du retard, jamais l'ingénieur Tim Goss n'aurait été viré sur le champ avant Bakou. Il est clair que certaines personnes n'ont pas bien fait leur travail et que la dernière McLaren n'est pas bien née.
Maintenant, l'équipe va essayer de rectifier le tir comme elle peut. En débarquant cette semaine à Montmélo avec un tout nouveau museau (très original paraît-il), un nouvel aileron arrière, des nouveaux déflecteurs, de nouveaux pontons, un nouveau fond plat et un nouveau capot arrière (pour un meilleur refroidissement du V6 Turbo Renault qui a peut-être tout simplement été bridé lors des premiers GP pour éviter de surchauffer et n'a donc pas pu délivrer toute sa puissance ce qui expliquerait pas mal de choses aussi), on peut réellement parler d'une version B de la MCL33.
« On va avoir énormément de nouvelles pièces à tester ce vendredi, » confirme Stoffel. « On verra ce qui fonctionne et ce que l'on garde pour le week-end. On va effectuer un pas en avant, c'est certain. On espère qu'il sera plus grand que celui de nos concurrents afin de rattraper une partie de notre retard. »
Evoluant à domicile, Fernando Alonso qui avait signé l'exploit de hisser sa McLaren-Honda en 7e position sur la grille de départ du dernier GP d'Espagne ne croit pas au miracle : « On ne va pas rejoindre la première ligne en une nuit. Le processus sera long. Tout le monde va évoluer. On a un nouveau package global qu'il va falloir comprendre, développer au fil des courses. Mais j'espère qu'il va nous apporter un peu plus de performances, surtout en qualifs. »
Echaudée par les récentes déceptions, la direction aussi n'ose plus émettre le moindre pronostic ou faire de promesses à ses fans :
« Attendons de voir où nous en sommes vendredi et surtout samedi. On vient avec pas mal de nouveaux éléments mais il y a encore du travail, » commente un Eric Boullier devenu très prudent dans ses prédictions. Et ne fanfaronnant plus. Quand on constate le niveau du moteur Renault avec Red Bull, on peut clairement dire que McLaren est aujourd'hui seule responsable de son manque de compétitivité. Une remise en question est en route. Et l'on croise les doigts (surtout car notre compatriote Stoffel Vandoorne souffre dans cette galère) pour qu'une partie des réponses soient déjà données ce week-end sur la piste catalane...