José Riga se confie: "Celui qui doute de MPH ne connaît rien au foot"
L’ancien coach des Rouches, se livre sur ses souvenirs et le Standard actuel.
- Publié le 17-04-2019 à 07h00
- Mis à jour le 17-04-2019 à 13h09
L’ancien coach des Rouches, se livre sur ses souvenirs et le Standard actuel.
Avec trois passages au Standard, une fois comme adjoint (2003-05), une autre comme T1 (2011-12) et une dernière comme pompier de service (2015), José Riga connaît par cœur la maison rouche même si elle a bien changé. Entre souvenirs et analyse de l’équipe actuelle, l’ancien Standardman ose parler en toute honnêteté.
Votre période au Standard en 2011-12 est-elle la plus belle de votre carrière ?
"On avait eu une saison difficile avec beaucoup de cadres qui étaient partis et un nouveau président (NdlR : Roland Duchâtelet) qui reconnaît désormais qu’il ne maîtrise pas bien le foot. On a fait une belle saison européenne en poussant jusqu’en quarts de l’Europa League (NdlR : les huitièmes). Mon seul regret est l’élimination contre Beveren en Coupe alors que tous les grands étaient déjà éliminés."
Pourquoi être parti ?
"Même si tu es solide, quand tu es Liégeois et que tu coaches le Standard, tu connais des moments extraordinaires mais aussi des moments difficiles, notamment pour la famille. Il y a une énorme pression. Puis, je me demandais si la direction allait suivre mes demandes car les attentes étaient grandes."
Vous avez aussi vécu une belle époque en tant qu’adjoint de Dominique D’Onofrio. Avec pléthore de grands joueurs…
"Et un super-coach ! Dominique, m’a beaucoup aidé. Je trouve qu’il n’a pas eu la reconnaissance qu’il méritait. J’ai croisé de grosses personnalités telles que Conceição, J’ai adoré le caractère de Runje. C’est un vrai guerrier mais tu sais ce qu’il pense. Dragutinovic aussi. J’aimais bien le style insouciant de Van Dooren. Il était sur une autre planète. Mais la toute grande classe, c’est Oguchi Onyewu. Je suis encore en contact avec lui. Quel personnage ! Milan Rapaic, en termes de qualité pure, c’était… waw. Quel pied gauche."
Vous avez aussi eu Axel Witsel sous vos ordres à l’été 2011…
"Il a joué les amicaux alors qu’il était sur le départ. Il m’a impressionné. On dit qu’il a un jeu monotone et cela me tue. Ce gars ne perd aucun ballon et donne des solutions perpétuelles."
Vous avez également coaché deux joueurs du noyau actuel du Standard : Sébastien Pocognoli et Mehdi Carcela. Que pensez-vous de leur niveau actuel ?
"Poco est un garçon très équilibré avec des valeurs. J’aime beaucoup la personne, son éducation et son pied gauche. C’est un gars fiable. Tu sais ce que tu as et tu sais comment bosser avec lui."
Mehdi est son opposé ?
"C’est quelqu’un d’attachant. Certains peuvent être gênés par son attitude mais quand on le connaît, on sait qu’il n’y a rien de réfléchi ou de vicieux quand il semble plus nonchalant."
Est-ce difficile pour un coach de le gérer ?
"Non, car il est très souvent décisif. Par moments, son côté insouciant peut excéder mais il doit trouver un juste milieu entre discipline et liberté. S’il met tout le monde d’accord en dominant un match, c’est un régal et il peut se permettre de moins bosser sans ballon. Mais quand il devient un joueur moyen en possession et qu’il ne bosse pas… Après, il est tellement vrai qu’il ne triche pas. On ne sait pas ne pas l’aimer."
Vous revoyez le grand Mehdi ?
"Je pense qu’il en a encore sous le capot. On attend toujours de lui qu’il place la barre plus haut mais il est aussi dépendant des autres. S’il ne reçoit pas les bons ballons, il ne peut pas être performant."
Il est un peu à l’image du Standard actuel : très bon un jour, à côté de ses pompes le lendemain.
"Ce sont des manquements propres au Standard : la concentration et parfois la motivation. Le Standard a encore trop souvent deux visages : un volcan à domicile qui doit s’améliorer à l’extérieur."
Que pensez-vous du travail de Michel Preud’homme ?
"Il est l’homme qu’il faut. Tout est fait pour que cela fonctionne. Il ne faut pas mettre trop de pression pour cette fin de saison. Le Standard doit s’inscrire dans la durée comme l’a fait Bruges qui profite encore de ce que Michel a mis en place."
Pensez-vous que cette approche à long terme est la bonne ?
"Michel a le temps et il faut le lui laisser. Celui qui doute de la crédibilité et de la connaissance de Preud’homme n’a rien compris au football. Le niveau professionnel est là et sera respecté. La direction prise par le Standard est la bonne."
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“Il faut faire des exemples”
José Riga condamne ce qui s’est passé au Clasico et souligne la qualité du jeu du Standard. “Je n’ai jamais connu cela.” José Riga est soulagé d’avoir vécu une carrière sans un tel accroc dans un match clé. Il déplore vraiment le triste spectacle qui s’est déroulé en tribunes et après la rencontre entre le Standard et Anderlecht.
“Un tel match est un moment important dans la saison. Son arrêt a frustré les fans du Standard. Ils attendaient le match en position de force et voulaient qu’il soit joué. Indépendamment de l’aspect sécurité, c’est le côté aberrant de l’action des fans Mauves qui me frappe. Ils sont mécontents mais qui va sortir vainqueur de ce qui s’est passé lors de ce Clasico ?”
Que doivent faire les autorités selon vous ?
“Il faut des sanctions fortes. Il faut faire des exemples. En Angleterre, ils ont sanctionné et tu peux retourner au stade avec tes enfants sans aucun problème. Le football est un sport de partage et doit le rester. Dommage que certains gâchent cela.”
Avez-vous été séduit par le jeu proposé par le Standard ?
“C’était footballistiquement très bon. Un gros travail a été fait en amont pour utiliser différentes tactiques, différents joueurs selon l’adversaire ou l’état de forme. Djenepo et Halilovic en sont de parfaits exemples.”
Tactiquement c’était osé de jouer sans vrai numéro 9…
“La mise en place était très bonne et intéressante. Michel Preud’homme peut s’adapter à tout. Oser mettre Emond sur le banc des remplaçants prouve qu’il veut garder tout le monde éveillé grâce à sa rotation. Forcer des changements tactiques rend les joueurs plus intelligents. Ils doivent être capables d’interpréter les situations. C’est un travail de fond qui portera ses fruits. Jouer sans attaquant est une mode du football moderne. Sarri et même le Barça d’il y a quelques années en sont des preuves. Le football se déroule bien plus en mouvement. Un attaquant doit être plus complet, plus imprévisible. Regardez comme Djenepo a gêné Kara. Les combinaisons gênent beaucoup des défenses qui n’ont plus de repères.”
Alen Halilovic vous a impressionné ?
“Comparons-le avec Zulj d’Anderlecht. L’Autrichien a beaucoup parlé mais n’a pas réussi à s’imposer. Halilovic est plus dans la discrétion et commence à s’imposer. C’est aussi une preuve de boulot à long terme.”