Didier Frenay, l'ancien joueur de Linz: "Si Bruges joue à 100%, il passera"
Didier Frenay n’est pas surpris par la trajectoire prise par Lask, son ancien club.
- Publié le 20-08-2019 à 08h07
- Mis à jour le 20-08-2019 à 15h07
Didier Frenay n’est pas surpris par la trajectoire prise par Lask, son ancien club. Aujourd’hui agent de joueurs, Didier Frenay a par le passé porté les vareuses de Seraing, de Charleroi, du Cercle Bruges… et de Linz, l’adversaire du Club, ce mardi soir. Et il suit de près le développement de la formation autrichienne. "Parce que c’est mon ancien associé, au sein de la société StarFactory, qui est propriétaire du club. Il était déjà manager à l’époque de mon transfert de Charleroi à Linz. Il a décidé de ne plus être agent et a repris Lask, il y a trois ans", explique l’ancien milieu de terrain, qui a passé deux saisons dans le club de Siegmund Gruber.
Habituellement, ce sont plutôt le Rapide et l’Austria Vienne, Sturm Graz ou le Red Bull Salzbourg qui représentent l’Autriche en Coupe d’Europe. La participation de Linz aux barrages de la Ligue des champions ne le surprend pourtant pas tant que ça.
"Depuis la reprise du club, mon ancien associé a pris pas mal de bonnes décisions. Le Lask s’est stabilisé et a commencé à grandir. Aujourd’hui, ils récoltent ce qu’ils ont semé. Leur entraîneur à succès, Oliver Glasner, est parti à Wolfsburg et Valérien Ismaël est arrivé… alors que je l’avais proposé au Cercle Bruges, il y a quelques semaines." Avec Pogatetz (61 sélections), Valérien Ismaël, qui a joué au Bayern Munich, est d’ailleurs la figure la plus connue de la formation autrichienne. "Ils possédaient un Brésilien, qui est parti en Allemagne. Il était très efficace. Ils n’ont pas vraiment une star ou un élément qui sort du lot. Ils forment plutôt un bon bloc solide et possèdent un bon collectif. Il faut aussi souligner leur mentalité et un schéma de jeu un peu particulier : ils évoluent en 3-4-3", analyse Didier Frenay.
Avec un seul titre national à son palmarès, le Lask est parvenu à se hisser la saison passée à la deuxième place de la Bundesliga, deux ans seulement après avoir retrouvé l’élite du football autrichien.
Après avoir écarté Bâle , Linz pourra-t-il créer un nouvel exploit ? "Si les deux équipes évoluent à 100 % de leurs possibilités, Bruges passera sans trop de problèmes. Mais si les Brugeois sous-estiment Linz, qu’ils ne jouent qu’à 60 % alors que le Lask donne tout, ça peut se compliquer. Bruges est clairement favori. Mais attention ! En 2017, j’entendais les gens dire que La Gantoise allait facilement se qualifier contre Altach, au tour préliminaire de l’Europa League. Et ils se sont fait éliminer. Il faut se méfier de la mentalité autrichienne. Bruges devra bien jouer. Bâle a probablement commis cette erreur de croire que ce serait facile", souligne-t-il.
La situation des deux clubs est assez similaire en ce début de saison. La transition, depuis le changement d’entraîneur, semble bien se passer. Linz totalise dix points sur douze en championnat, ce qui leur permet d’occuper la deuxième place, avec un seul petit but encaissé.
La méfiance sera de mise pour les Blauw en Zwart, qui seront privés du défenseur central Brandon Mechele, sorti vendredi soir sur blessure, et de Percy Tau, injustement exclu à Kiev, mardi dernier.
Difficile d’imaginer, vu l’enjeu, avec l’accession aux prestigieuses poules de la Ligue des champions, le FC Bruges prendre la rencontre à la légère.
"Bruges, un exemple à suivre en Belgique"
L’agent de joueurs liégeois apprécie le travail de la direction brugeoise.
Simon Deli, David Okereke, Simon Mignolet, Percy Tau ou encore Eduard Sobol, ces cinq joueurs arrivés cet été dans la Venise du Nord ont directement su se fondre dans le onze de base de Philippe Clement. Un mercato, a priori, bien géré par les dirigeants brugeois. "Bart Verhaeghe (président) et Vincent Mannaert (manager général) ont mis en place un travail sur le long terme qui porte ses fruits. Qu’on soit pro ou anti-Bruges, il faut reconnaître qu’ils bossent vraiment bien", estime Didier Frenay.
Leur méthode ? "Ils recrutent des joueurs de qualité à des prix raisonnables. Ils les gardent deux ou trois ans et ces joueurs se développent bien. Puis ils parviennent à les revendre en réalisant une plus-value intéressante. En plus, ils pensent déjà à repérer leurs remplaçants, pour ne pas être obligés de transférer dans l’urgence. Pour moi, le FC Bruges est une exemple à suivre en Belgique", ajoute-t-il. L’autre bon élève, selon lui, c’est le Racing Genk. L’agent ne s’attend plus à de gros boulversements dans l’effectif brugeois. Un milieu défensif devrait toutefois encore débarquer.
Malgré ce recrutement intelligent, les Blauw en Zwart peinent à jouer un rôle plus important en Ligue des champions. "Pour un club comme le FC Bruges, c’est à la fin d’un cycle, d’environ deux ou trois ans, qu’ils peuvent faire de bonnes choses sur la scène européenne. Ensuite, ils sont obligés de laisser partir leurs meilleurs élements et de reconstruire, en laissant du temps aux nouveaux pour progresser." Vu les départs de Denswil, Danjuma, Wesley, Nakamba… et Ivan Leko, c’est plutôt un nouveau cycle qui semble débuter chez les Flandriens. "David Okereke n’a rien à envier à Wesley. Je le connaissais déjà quand il était en Italie, il a une grosse marge de progression et sera encore plus performant dans deux ans. Là, Bruges aura peut-être un rôle plus important à jouer en Ligue des champions."
Le budget du Club 5 fois supérieur à Linz
En théorie, le Club Bruges et le Lask ne boxent pas dans la même catégorie. Les Blauw en Zwart possèdent un budget cinq fois plus important que Linz. La valeur estimée de l’effectif est tout aussi grande : 21,7 millions côté autrichien, contre 102,4 côté belge. Mais ce qui est le plus frappant, c’est la différence au niveau des transferts. L’investissement le plus élevé est de 300 000 euros pour le Lask, alors que David Okereke a été acheté 8 millions. Sans parler des 25 millions reçus pour Wesley, contre les 2,5 millions de Joao Victor, parti à Wolfsburg. Selon le site Transfermarkt, l’effectif de Bâle est valorisé à plus de 50 millions… ce qui n’a pas empêché Linz de se qualifier au tour précédent…
Vu l’enjeu, Genk supportera le… Lask
Les dirigeants du Racing Genk sont-ils derrière Linz ? En cas de qualification brugeoise, les Limbourgeois pourraient voir leurs primes être réduites de 2,5 millions d’euros, selon le journal Het Belang van Limburg. En plus des 15,25 millions pour la qualification en C1, le Racing touchera un bonus basé sur les performances du club ces dix dernières années. Pour le moment, ils peuvent compter sur 8,86 millions. Mais si l’Olympiakos et le Club Bruges ne rejoignent pas les poules de la Ligue des champions, ils grimperont dans le classement (avec 2,2 millions à la clé). Au niveau des droits télés aussi, Genk devrait reverser 45 % du montant total au Club. Une très mauvaise affaire…