Vacances accordées à Dimata: le congé de la discorde à Anderlecht
L’épisode des vacances accordées à Landry Dimata par Marc Coucke, à l’insu d’Hein Vanhaezebrouck, a mis en lumière la proximité qui existe entre l’attaquant et le président. Une proximité qui fait parfois grincer des dents dans les couloirs du club.
- Publié le 22-11-2018 à 06h48
- Mis à jour le 22-11-2018 à 07h36
L’épisode des vacances accordées à Landry Dimata par Marc Coucke, à l’insu d’Hein Vanhaezebrouck, a mis en lumière la proximité qui existe entre l’attaquant et le président. Une proximité qui fait parfois grincer des dents dans les couloirs du club. Retour en arrière d’une semaine. Nous sommes le mercredi 14 novembre. En arrivant le matin à Neerpede, Hein Vanhaezebrouck regarde la liste de joueurs attendus ce jour-là à l’entraînement. Bien pratique en période de trêve internationale vu les nombreux absents. Cette fois-là, douze Anderlechtois sont en équipe nationale.
Vanhaezebrouck fait le tour du vestiaire avant de descendre sur la pelouse du centre d’entraînement. Tous les noms présents sur sa liste sont là, sauf un : Landry Dimata. L’attaquant devait être aux soins avec le staff médical, lui qui avait déclaré forfait deux jours plus tôt avec les U21 de Johan Walem suite à un souci au genou.
Vanhaezebrouck n’est pas un maniaque de l’horloge. Un petit retard est toléré, lui qui est bien conscient des problèmes des circulation pour arriver à Bruxelles. Il décide d’attendre Dimata pendant un quart d’heure.
Les quinze minutes passées, Vanhaezebrouck demande à Karim Belhocine, son adjoint, de téléphoner à l’attaquant. Dimata décroche directement : "Est-ce que j’arrive à l’entraînement ? Euh, ça va être difficile, je suis à Paris. Le président m’a donné congé."
Le staff tombe des nues. Ni Vanhaezebrouck, ni le team manager Gunter Van Handenhoven n’étaient au courant. Ce privilège accordé fait de suite beaucoup jaser dans le vestiaire.
L’entraîneur tranche directement et s’adresse à son groupe : "Je pars du principe que tout le monde dans mon groupe est sur un pied d’égalité. Je vous donne donc aussi congé ce mercredi et ce jeudi. On se revoit lundi prochain à l’entraînement."
Vanhaezebrouck avait programmé trois jours de congé, le vendredi, le samedi et le dimanche. Le voilà obligé d’ajouter deux journées supplémentaires. Cinq jours sans entraînement, c’est du jamais-vu à Anderlecht. Et ça ne plaît pas au coach.
Les joueurs ne demandent pas leur reste. Ils sont directement sur leur téléphone pour avancer la date de leur billet d’avion. Le soir même, beaucoup ont déjà quitté le territoire. Ils sont conscients qu’une période de cinq jours sans entraînement, c’est long en pleine saison. "Mais pourquoi Dimata pourrait et pas moi ?", se disent-ils également.
Très vite, la nouvelle sort dans la presse. Le club tente de sauver les meubles en évoquant "une erreur de communication". Marc Coucke aurait dit à Dimata qu’il pouvait prendre congé plus tôt mais en ajoutant "à condition que l’entraîneur soit d’accord". Une condition que Dimata n’aurait pas suivie, oubliant de demander la permission à Vanhaezebrouck.
Dimata est-il vraiment le fautif dans l’histoire ? Beaucoup se posent la question au sein du club. Si Roger Vanden Stock gardait toujours beaucoup de distance, Coucke est beaucoup plus présent. Comme dans ses autres entreprises, il aime être proche de ses employés. Il aime bavarder et savoir ce qu’il se passe dans le groupe. Un autre style de management qui est totalement légitime.
Coucke n’entretient cependant pas la même relation avec tout le monde. Et avec Dimata, c’est particulier. Le joueur considère le président comme un second père. Et Coucke aime Dimata comme un fils.
Il faut dire que les deux hommes se doivent beaucoup. Tous les deux ont grandi dans le monde du football à Ostende. Dimata a reçu sa chance chez les professionnels au KVO en 2016 et le club a fait un bond en avant la saison suivante grâce au transfert de l’attaquant à Wolfsburg pour 11,5 millions. Une somme phénoménale pour Ostende.
Selon certains bruits de couloir, le transfert de Dimata permet encore aujourd’hui à Peter Callant de payer ce qu’il doit à Coucke pour le rachat du KVO. Wolfsburg doit encore verser des tranches aux Côtiers pour l’achat de l’attaquant. Un attaquant qui a, entre-temps, signé à Anderlecht pour une somme totale de 6 millions (prêt + option d’achat).
Bref, le lien entre Coucke et Dimata est fort. En début de saison, l’attaquant avait d’ailleurs déclaré qu’il était "éternellement reconnaissant envers Marc Coucke", ajoutant qu’il avait "une place dans son cœur, tout comme Luc Devroe".
Même si Dimata est un garçon charmant et toujours souriant à Neerpede, cette proximité avec le président intrigue dans le vestiaire. Certains se posent clairement des questions.
Des bruits qui sont probablement revenus jusqu’aux oreilles de Dimata. En arrivant lundi à Neerpede après ses congés, il a directement posté un message sur les réseaux sociaux : "Je me sens mieux. Je suis impatient de revoir l’équipe et de retrouver le terrain. Physiquement et mentalement, je dois me préparer."
Dimata est cependant incertain pour le déplacement de dimanche soir sur le synthétique de Saint-Trond. Il n’a pas pu participer aux deux séances que Vanhaezebrouck avait programmées le lundi de reprise. Un lundi que Coucke avait passé entièrement dans les bureaux de la Pro League à Bruxelles pour une grosse réunion. Il faudra sans doute encore quelques jours pour effacer cet épisode des congés à Neerpede…