Samir Nasri à Anderlecht: "Être un grand frère comme Barthez ou Lizarazu"
Samir Nasri sait qu’il est venu pour transmettre son expérience au très jeune noyau anderlechtois et ça lui plaît beaucoup.
- Publié le 09-07-2019 à 19h10
- Mis à jour le 10-07-2019 à 09h51
Samir Nasri sait qu’il est venu pour transmettre son expérience au très jeune noyau anderlechtois et ça lui plaît beaucoup.
Cela fait maintenant onze ans que Samir Nasri a quitté son Marseille natal mais l’accent est toujours là. Mardi après-midi dans la salle de presse de l’ex-stade Constant Vanden Stock, il faisait chanter la dernière syllabe de chaque mot. Il ne manquait que les cigales. Mais c’est plutôt avec la philosophie de la fourmi que Nasri arrive au Sporting. Il est là pour retrouver le rythme de la compétition, prouver qu’il n’est pas fini et préparer sa seconde carrière.
À 32 ans, les rêves sont derrière lui. Les fastes d’Arsenal et de Manchester City ont fait place au charme bien plus discret de la Jupiler Pro League.
Quelle a été votre réaction quand Vincent Kompany vous a proposé de le rejoindre à Anderlecht ?
“Je sortais d’une saison difficile où je n’avais plus joué après une blessure au mollet. Je cherchais un nouveau projet mais uniquement en Europe. Je suis un jeune papa et l’aspect familial était prioritaire dans mon choix. J’ai reçu des propositions plus lucratives qu’Anderlecht mais j’ai déjà eu de bons contrats en Europe. L’argent n’était pas ma motivation. Vincent m’a demandé d’apporter mon expérience et d’être son relais sur le terrain. C’était le projet le plus intéressant de tous.”
Quelle relation aviez-vous avec Kompany à Manchester City ?
“Une très bonne relation. On parle la même langue et il m’a aidé à m’intégrer à City. J’avais aussi beaucoup de respect pour celui qui était notre capitaine. C’est pour tout ça que je suis ici aujourd’hui.”
Votre relation sera-t-elle différente vu son nouveau statut de coach ?
“Non. Il était quand même capitaine à City. Il avait déjà un autre statut que le mien. Vincent est quelqu’un de franc et honnête. Il ne va pas par quatre chemins pour te dire un truc. Je suis heureux de l’avoir comme entraîneur. Sa jeunesse est un atout à mes yeux. Il comprend bien la nouvelle génération. Et il y a beaucoup de jeunes ici.”
Comment allez-vous gérer ce rôle de grand frère dans ce noyau ?
“C’est la première fois que j’aurai ce statut. À l’OM, j’étais le gamin. À Arsenal, à City puis à Séville, j’ai pris de l’âge mais je n’étais jamais le plus vieux. Voilà, c’est mon tour (sourire). Il y a deux-trois ans, je n’aurais pas eu les épaules pour jouer ce rôle dans une équipe. Les choses ont changé quand je suis devenu papa. J’ai gagné en maturité. Je vais tenter de transmettre mon expérience aux jeunes, comme Barthez et Lizarazu l’ont fait avec moi quand je suis arrivé chez les pros à Marseille.”
Vous n’avez pas pu jouer pendant près de quatorze mois entre novembre 2017 et janvier 2019 à cause d’une suspension pour dopage. Cette période vous a-t-elle aussi aidé à mûrir ?
“C’était une traversée du désert. C’est dans ce genre de période que tu vois qui t’aime vraiment. C’est là aussi que tu apprends la vraie valeur des choses. Quand tu joues à Arsenal et à Manchester City, tu as tendance à oublier certaines choses. Quand tu reçois une deuxième chance comme Anderlecht me l’offre, tu as envie de la saisir à deux mains.”
Qu’avez-vous fait pendant ces quatorze mois sans football ?
“Je me suis ressourcé auprès des miens. Physiquement, c’était compliqué de rester à un bon niveau car la suspension t’empêche même de pénétrer dans l’enceinte d’un club pour t’entraîner. J’ai trouvé ça injuste mais je ne pouvais rien y faire.”
Après cette suspension, vous avez joué six matches avec West Ham entre janvier et mars 2019 avant de vous blesser. Où en êtes-vous physiquement ?
“Je vais essayer d’être prêt pour le début du championnat, fin juillet. Je vais suivre une préparation individualisée pour rattraper ce retard. Je sais que les choses sérieuses commenceront vraiment à partir de la quatrième journée (Ndlr : déplacement à Courtrai, peut-être pensait-il à la cinquième journée avec le déplacement à Genk) .”
L’absence de Coupe d’Europe n’est pas un problème pour vous ?
“J’ai appris qu’Anderlecht avait joué 56 saisons de suite en Europe avant cette année. Pour moi, personnellement, ce n’est pas trop grave. C’est mieux pour mon corps de ne pas encore jouer deux fois par semaine. Mais l’objectif est clairement de se qualifier cette saison pour la C1.”
Que connaissez-vous du championnat de Belgique ?
“Je suivais un peu mais je mentirais en disant que je suis un expert. Je sais que le plus important est d’être prêt pour les playoffs. Bruges et Genk sont deux équipes très fortes. Et le Standard s’est bien renforcé.”
Est-il vrai que vous comptez préparer votre seconde carrière, dans le coaching, à Anderlecht ?
“Oui. J’ai envie de rendre ce que j’ai appris. Aux côtés de Vincent, je vais pouvoir commencer à construire mon après-carrière. Je n’ai pas encore débuté les cours d’entraîneur mais ça viendra plus tard.”
Kompany veut installer la philosophie de jeu de Guardiola à Anderlecht. Est-ce possible ?
“Avec des entraînements adaptés, je pense que toutes les équipes du monde peuvent y parvenir. Il faut juste des joueurs intelligents. Je ne connais pas encore bien mes équipiers. Je n’ai eu qu’une séance lundi avec les internationaux qui revenaient de congé.”
Une dernière question sur votre caractère. Quand on tape votre nom sur internet, on trouve beaucoup de mauvaises choses. Mais quand on parle avec des gens qui vous connaissent, on n’entend que des compliments sur votre personnalité. Qui êtes-vous vraiment ?
“J’ai eu des problèmes avec la presse française et c’est ce qui ressort (Ndlr : il n’y avait pas un seul journaliste français mardi à la conférence de presse) . Les gens me connaissent à travers cette image. Les personnes qui me connaissent vraiment savent qui est le vrai Samir. Maintenant, je ne me voile pas la face non plus : j’ai un caractère bien trempé et j’ai fait des erreurs dans ma vie. Quand je suis en conflit, je ne fais pas les choses à moitié. C’est pour ça que vous avez lu beaucoup de mauvaises choses sur moi.”
Mais on a entendu de belles choses au téléphone, notamment de la bouche d’Eric Gerets, votre dernier coach à l’OM.
“J’ai passé une année fusionnelle avec lui. C’est l’un des entraîneurs les plus francs et honnêtes de ma carrière. Ça me ferait très plaisir de le revoir.”