Pour Anderlecht, il aurait peut-être été préférable "de faire 0-0 à l’aller"
Ce jeudi soir, les Mauves devront gérer le 0-1 de l’aller contre Nicosie. Pas aussi simple qu’on pourrait le croire…
- Publié le 15-03-2017 à 09h51
- Mis à jour le 15-03-2017 à 10h00
Ce jeudi soir, les Mauves devront gérer le 0-1 de l’aller contre Nicosie. Pas aussi simple qu’on pourrait le croire… Comment aborder le match retour contre l’APOEL Nicosie ce jeudi au Parc Astrid ? Vainqueurs 0-1 à Chypre la semaine passée, les Anderlechtois doivent-ils d’abord penser à défendre leur avantage ou, au contraire, attaquer pour tuer rapidement le suspense devant leur exigeant public ?
"C’est un score qui n’arrive pas souvent en Coupe d’Europe et ce n’est pas toujours simple d’aborder le match retour chez toi malgré ce but d’avance" , répond Alex Czerniatynski. "C’est presque mieux de faire 0-0 finalement car le scénario est plus clair pour la manche retour."
L’ancien attaquant a connu ce scénario en demi-finale de la Coupe des Coupes 77-78 contre les Bohemians de Prague.
"Et comme à présent face à Nicosie, on était ultra-favori" , se souvient-il. "On devait donc absolument gagner le match retour aussi malgré le 0-1 de l’aller. Les supporters n’auraient pas toléré un autre résultat, même un nul qui nous qualifiait aussi. Bref, on avait de la pression malgré le succès en Tchécoslovaquie."
Comme les quatre autres fois où le Sporting s’était imposé 0-1 à l’aller en Coupe d’Europe, les Mauves termineront le travail (3-1) à Bruxelles cette année-là. Cinq sur cinq : les statistiques sont donc ultra-favorables.
"Mais méfiance quand même" , prévient Henrik Andersen, aujourd’hui recruteur pour le RSCA. "En Coupe des Champions 87-88, on avait gagné 0-1 à Malmö au premier tour mais on n’avait fait qu’un nul 1-1 au retour au Parc Astrid. Un seul but suédois supplémentaire et on était dehors. Ce jeudi contre l’APOEL, les joueurs devront surtout penser à bien garder leur football. Il ne faut pas bétonner mais il ne faut pas non plus se jeter dans la gueule du loup. 0-1, c’est un score piège…"
Jean Thissen, qui s’était qualifié avec le Sporting en 77-78 contre Twente après un succès 0-1 à l’aller, nuance quand même.
"Ce serait un score compliqué à gérer si l’adversaire était plus solide. Weiler aurait alors pu hésiter sur la stratégie. Ici, l’APOEL est plus faible et Anderlecht doit encore faire la différence au retour. Il faudra jouer en profitant des erreurs adverses, comme les joueurs le font si bien ces dernières semaines."
"Ils doivent gagner 2 ou 3-0" , enchaîne Gilbert Van Binst, également présent contre Twente. "Si les joueurs se contentent d’attendre, il arrivera des malheurs, croyez-moi. Ils devront attaquer et encore attaquer jeudi."
Filip De Wilde est de nature plus prudente. Il a connu deux fois le scénario du 0-1 à l’aller avant un large succès au retour (contre le Sparta Prague en 93-94 et contre Tiraspol en 98-99) mais il prévient les Bruxellois : "Restez organisés, c’est le plus important dans ce genre de match. Même avec un but d’avance devant tes supporters, il faut rester concentré et ne pas croire que c’est joué."
Les antécédents historiques:
Haan pique une place au Mondial
En demi-finale de la Coupe des Coupes 1977-1978, Twente loupe un penalty à l’aller avant que l’Anderlechtois Nielsen ne marque le seul but du match. Malgré un gros pressing néerlandais au retour à Bruxelles, le Sporting s’impose à nouveau (2-0) avec un Arie Haan survolté. "C’était juste avant le Mondial 78 et je n’étais pas encore dans la sélection des Pays-Bas", explique-t-il. "Mühren de Twente jouait à ma place. Ce match était donc ma manière de montrer que j’étais plus fort que lui. Finalement, je suis allé à la Coupe du Monde en Argentine et Mühren est resté chez lui."
En finale mais sifflé au Heysel
Avant cette demi-finale de Coupe de l’Uefa en 1983, le RSCA a peur : il n’a battu qu’une fois un club tchécoslovaque en huit rencontres européennes. Après cette double confrontation avec les Bohemians de Prague, il pourra ajouter deux succès de plus. Les Bruxellois enchaînent les occasions à l’aller mais ne s’imposent que 0-1 sur un but de Vandenbergh bien amené par Vercauteren. Le retour, au Heysel, est plus compliqué, malgré les chiffres (victoire 3-1), au point que le public sifflera les joueurs après le coup de sifflet final et la qualification pour la finale.
Hodgson piège quasi Leekens
Au premier tour de la Coupe des Champions en 1987, Anderlecht s’impose 0-1 à Malmö malgré une grosse occasion loupée par les Suédois. Le match retour sera tout de même stressant pour les hommes de Georges Leekens : le jeune coach Roy Hodgson met la pression sur le Sporting après l’égalisation à 1-1 sur une erreur de Keshi. Le stress monte mais le deuxième but suédois ne tombera jamais. "Ce match était indigne", avouera Leekens après le coup de sifflet final libérateur. Le parcours s’arrêtera en quart de finale contre Benfica.
Transfert de Nedved loupé
Au dernier tour qualificatif avant les poules de la Ligue des Champions, Anderlecht hérite d’un Sparta Prague en pleine reconstruction où les jeunes sont lancés. Nilis permet de s’imposer 0-1 à l’aller après un match difficile où l’entrée au jeu d’un gamin en fin de rencontre fait mal au Sporting. "Il s’appelait Pavel Nedved et j’avais directement dit à mes dirigeants qu’il fallait le transférer. Ils m’avaient répondu qu’on n’avait pas besoin de lui", se souvient le coach Johan Boskamp. Anderlecht gagnera le match retour 4-2, Nedved gagnera le Ballon d’Or dix ans plus tard…
Anderlecht bat… Anderlecht
Au premier tour qualificatif de la Coupe de l’Uefa en 1998, le Sporting doit se farcir un déplacement inédit en Moldavie pour y affronter Tiraspol. L’aller est un très mauvais match où Staelens marque son premier but européen pour le RSCA mais où Scifo se blesse pour plusieurs semaines. Après ce 0-1, le retour sera plus facile avec un succès 5-0 contre des Moldaves qui avaient oublié de prendre un deuxième jeu de vareuses. C’est donc face à des mecs habillés avec le second maillot du RSCA que les Anderlechtois se qualifieront.
"Quart contre Genk, demi contre l’Ajax"
Il y a eu cinq succès 0-1 lors d’une manche aller de Coupe d’Europe dans l’histoire du RSCA avant l’APOEL Nicosie. Résultat : cinq qualifications mais aussi deux victoires finales, en Coupe des Coupes 1978 et en Coupe de l’Uefa 1983.
Un bon signe pour cette campagne de Ligue Europa 2016-2017 ?
"J’aimerais y croire mais ce sera difficile" , tempère Czerniatynski. "Il reste encore beaucoup de gros morceaux dans la compétition. Et les playoffs vont coûter beaucoup d’énergie…"
"Anderlecht a été très chanceux avec le tirage jusqu’à présent" , enchaîne Filip De Wilde. "En quart de finale, les choses sérieuses commenceront à peine et il faudrait encore faire deux exploits pour aller en finale."
Jean Thissen se montre un brin plus optimiste : "Qui peut donner le onze-type de Weiler actuellement ? Personne car il a 15-16 joueurs de valeur égale. Ça permet une rotation et une variation tactique, deux ingrédients qui peuvent toujours donner l’espoir, même si ce sera compliqué."
‘Gille’ Van Binst, lui, a déjà imaginé son scénario parfait. "Anderlecht sort Genk en quart puis élimine l’Ajax en demi et c’est la finale. Pourquoi l’Ajax ? Je n’ai jamais su sentir les Néerlandais. Enfin sauf mes anciens équipiers évidemment…"