Philippe Sandler est notre invité du samedi: "Kompany peut être très sévère avec les jeunes"
Vous ne connaissez pas encore bien Philippe Sandler, celui qui devra être le nouveau leader défensif contre le Standard en l’absence de Kompany ? Il se confie dans un long monologue.
- Publié le 31-08-2019 à 12h17
- Mis à jour le 31-08-2019 à 12h19
Vous ne connaissez pas encore bien Philippe Sandler, celui qui devra être le nouveau leader défensif contre le Standard en l’absence de Kompany ? Il se confie dans un long monologue. Il est le dernier des Mohicans. Entre les blessures et les très nombreux départs à ce poste (8 cet été en comptant Milic !), Philippe Sandler est le seul défenseur central de formation disponible pour le Clasico de dimanche. Pour la première fois, il devra faire sans Vincent Kompany à côté de lui. Contre le Standard, le Néerlandais de 22 ans devra être le leader de la dernière ligne.
Autant dire qu’il est temps de faire plus ample connaissance avec ce joueur que Manchester City a recruté dans un petit club aux Pays-Bas pour 2,5 millions après seulement 30 apparitions chez les pros. Un monologue en 7 points, comme les 7 lettres de son nom de famille d’origine sud-africaine.
Standard : "On a encore besoin de temps"
"Je suis sorti avec des crampes à Genk mais je serai prêt pour la venue du Standard dimanche. C’était dans le mollet; c’est la première fois que ça m’arrivait. Rien d’illogique non plus. Je n’ai pas beaucoup joué la saison passée et je n’ai pas eu une préparation complète. Ce n’est rien de grave. Je sais que je vais devoir reprendre un rôle de leader en l’absence de Vinnie mais je pense avoir montré de bonnes choses depuis mon arrivée. Je ne vais pas mentir : Vinnie va nous manquer mais je suis convaincu qu’on ne va pas subitement faire n’importe quoi sans lui derrière. Les gars qui peuvent le remplacer sont prêts. On me parle beaucoup de pression avant le Clasico. C’est normal mais il ne faut pas oublier qu’on a encore besoin de temps. On sait que gagner est ce qu’il y a de plus important sur un terrain de football mais je ne m’inquiète pas. On a réussi à faire mal à toutes les équipes jusqu’à présent. Il ne nous manque que les buts. Quand les premiers tomberont, ce sera plus facile. On doit continuer à suivre notre plan. Contre le Standard et après encore."
Ajax : "Je préférais Vertonghen à Ibrahimovic"
"Mon parcours a commencé chez les jeunes de l’Ajax. Je suis arrivé tout petit là-bas. À 19 ans, le club m’a dit que je devais partir. Ce n’était pas facile mais je dois être honnête : je m’y attendais. Je ne jouais quasiment jamais avec les jeunes les mieux cotés du club, j’étais dans une autre équipe. Celui qui jouait à ma place s’appelait Matthijs De Ligt, qui a deux ans de moins que moi… Je ne m’inquiétais pas pour ma carrière non plus. Je sais que tout peut changer très vite, surtout chez les jeunes. Un garçon comme Donny van de Beek, qui est de ma génération, ne jouait quasiment pas à l’âge de 15-16 ans. Et regardez son niveau aujourd’hui. Moi aussi j’ai eu des soucis, à cause de ma croissance. Jusqu’à mes 17 ans, j’étais toujours parmi les plus petits de l’équipe. Puis j’ai subitement énormément grandi (Ndlr : il mesure 1,90 m) et j’ai eu des problèmes de dos. L’Ajax ne m’a positionné en défense centrale que lors de mes deux dernières saisons. Avant, j’étais back droit et/ou milieu de terrain. Malgré ce départ, je reste un supporter de l’Ajax, comme toute ma famille. J’ai vécu de grands moments là-bas. Je me souviens de grands matchs de Ligue des champions contre l’AC Milan et Lyon où j’étais ramasseur de balle. Mon joueur préféré, c’était Rosales parce qu’il était back droit. J’adorais aussi Vertonghen. Et pourtant, j’ai vu jouer Ibrahimovic en live. Mais je préférais les défenseurs (sourire) ."
Nouri : "Ce serait trop dur d’aller le voir ainsi…"
"J’ai choisi le numéro 34 à Anderlecht, en hommage à Abdelhak Nouri. On s’est connu à l’âge de 8 ans à l’Ajax. On formait une bande d’inséparables avec lui, Steven Bergwijn, Gino Dekker et moi. Après les matchs, tous venaient souvent dormir chez moi. Plus tard, on est parti ensemble au Portugal, à Singapour, en Italie… Appie , comme tout le monde surnomme Nouri, c’était un phénomène. Il faisait des choses avec le ballon que je n’avais jamais vues. Sa sensation avec le ballon était extraordinaire. Certains disent qu’il était encore plus fort que Frenkie de Jong. Puis ce 8 juillet 2017 est arrivé. Appie a fait une crise cardiaque pendant un match et il n’est jamais sorti du coma. Il est toujours plongé dedans. J’étais déjà à Zwolle quand c’est arrivé. On jouait un amical et j’étais sorti à la mi-temps. J’étais dans le vestiaire avec Adham El Idrissi. On m’a téléphoné pour me dire que quelque chose s’était passé avec Nouri. J’avais encore l’espoir que ce ne soit rien de grave. Puis (long silence) … J’ai toujours gardé l’espoir qu’il se remettrait. Mais malheureusement, ce n’est pas encore arrivé. Je ne suis pas allé lui rendre visite depuis l’accident. Ce serait trop dur de le voir ainsi. Je suis encore en contact avec son frère et je sais que prendre le numéro 34 d’Appie ici à Anderlecht a fait plaisir à la famille."
De Bruyne : "Il était fâché que je refuse sa bière"
"Je me souviens bien du jour où John van ‘t Schip, mon entraîneur à Zwolle, m’a appelé dans son bureau : ‘Manchester City s’est informé pour toi.’ C’était tellement magique à entendre, surtout après avoir joué si peu de matchs chez les pros. Je savais qu’il y avait déjà de l’intérêt, notamment de l’AZ et du PSV, mais là, c’était City. C’était un honneur que Guardiola, le meilleur entraîneur du monde, me veuille après avoir vu des vidéos de mes matchs. J’étais étonné qu’il puisse avoir du temps pour me regarder avec tout le travail qu’il devait avoir (sourire) . Malheureusement, ma blessure au genou juste après a retardé tout le processus de six mois. L’intégration est quand même facile dans ce gigantesque club. Tout est fait pour qu’on se sente à la maison. À l’entraînement, j’ai ouvert de grands yeux. Il y a tellement de grands joueurs. Ce qui m’a le plus épaté, ce sont les centres de Kevin De Bruyne. C’est affreux de défendre sur des ballons comme il met. Pile à l’endroit entre la dernière ligne et le gardien. En plus, il envoie ses ballons avec une telle aisance. Il donne l’impression que c’est si simple. C’est pourtant très compliqué. Heureusement, j’avais souvent Kevin dans mon équipe à l’entraînement… Kevin a un jour été fâché sur moi. C’était lors des festivités après le titre en mai dernier. Il voulait absolument que je prenne une bière pour l’occasion mais j’ai tenu bon. Je n’ai jamais bu une seule goutte d’alcool dans ma vie. Je n’en ressens pas le besoin. Je sors de temps en temps mais toujours sans alcool. Même je ne suis plus à Manchester City pour une saison, je sens encore beaucoup la présence de ce club. Toutes mes prestations à Anderlecht sont suivies, surtout par l’ancien défenseur Joleon Lescott. Il est même venu à Neerpede mardi pour me donner un feed-back. Dans le vestiaire, on me parle souvent de City. Surtout les jeunes qui me demandent comment ça se passe là-bas. Ils veulent savoir comment on s’entraîne, etc. Je réponds toujours avec plaisir car je suis fier de représenter ce club."
Louis Vuitton : "Je ne voulais pas arriver comme une star"
"Je viens d’un quartier chic du sud d’Amsterdam. Le genre d’endroit où on ne joue pas au foot dans la rue mais au hockey sur gazon. Je n’ai jamais essayé, je ne voyais que le foot quand même. Mon papa a une très bonne place chez Deloitte. Il a très bien mené sa carrière, je suis fier de lui. Jeune, il était très doué en tennis. Il a même pris deux points à l’ATP à vingt ans. Mais il a décidé d’arrêter l’année suivante. Il avait compris qu’il n’atteindrait jamais le top 100 et il a préféré miser sur l’école. Mon papa est Sud-Africain mais il a étudié en Californie. C’est à Los Angeles qu’il a rencontré ma maman, une Néerlandaise qui étudiait aussi là-bas. Ils ont décidé de revenir en Europe avant ma naissance. Au départ, ils pensaient s’installer à Paris et c’est sans doute pour ça que mon prénom s’écrit à la française. Ils ont finalement décidé de venir à Amsterdam car c’est plus facile pour un Sud-Africain d’apprendre le néerlandais que le français. Moi, je n’ai connu qu’Amsterdam. J’ai quand même une relation forte avec l’Afrique du Sud. J’y suis allé deux fois; c’est un pays magnifique. C’est pareil pour mes deux grands frères. Ma maman nous emmenait partout au foot, même si mes frangins étaient moins doués. On est une famille unie. Ils viennent me voir à chaque match. Pour l’affiche contre le Standard, j’ai carrément dû demander dix tickets. J’ai reçu une bonne éducation de leur part. Je n’aime pas paraître prétentieux. Lors de ma première sélection avec les U21 néerlandais, on devait apporter une petite valise. Je n’en avais pas de la bonne taille et mon agent a voulu donner la sienne, une Louis Vuitton. J’ai refusé. Je ne voulais pas arriver comme une star pour ma première."
Exemple : "Kompany a tiré quelques larmes"
"Quand je suis arrivé à Manchester City, Vincent Kompany m’a directement pris sous son aile. En tant que capitaine, il peut parfois être très sévère avec les jeunes. Mais c’était pour notre bien. J’ai bien progressé grâce à lui. Comment bien arriver dans un duel, où se positionner, comment prendre soin de son corps avec des exercices supplémentaires en salle… Il m’a tout appris du super professionnalisme. Vinnie est un super joueur. Quand il a marqué le but contre Leicester en fin de saison passée, j’étais en tribune avec ma maman. J’ai hurlé de joie. Sans ce but, on n’aurait sans doute pas été champion. Et pourtant, on voyait bien que certains équipiers ne voulaient pas qu’il tire de si loin (rires) . Quand Vinnie a fait son discours d’adieu dans le vestiaire, c’était émouvant. Il y avait des larmes chez certains. Il a représenté tellement pour ce club. Malgré la bonne relation que j’ai avec Vinnie , on ne se voit pas en dehors du club. C’est un super collègue. Je suis encore logé à l’hôtel, comme lui, mais pas dans le même établissement. C’est très compliqué de se dégoter un appartement à Bruxelles. Je pense que je viens de trouver mais c’était difficile. Pour l’instant, je n’ai pas vu grand-chose de la ville. Ni du championnat belge. Il n’y a pas les chaînes qui diffusent les matchs dans ma chambre."
Raiola : "Mino m’a téléphoné à 00 h 30 pour City"
"Mon agent, c’est Mino Raiola, comme Ibrahimovic, Balotelli et Pogba. Pour qu’il te prenne dans son écurie, il ne faut pas l’appeler et lui demander s’il veut bien t’aider. C’est via le relationnel que ça se passe. Pour moi, c’est arrivé grâce à Bryan Roy qui était mon entraîneur chez les jeunes de l’Ajax. Ce fut un des premiers clients de Mino à l’époque. Roy croyait beaucoup en moi et il a dit à Mino que je pouvais être intéressant pour lui. Au quotidien, j’ai surtout des contacts avec José, mon autre agent. Mino a évidemment beaucoup de boulot. Une complicité s’est quand même installée entre nous. Quand le transfert de Zwolle à City a été réglé, il m’a téléphoné directement, il était minuit trente. Pour fêter ça, je suis allé boire un verre avec José. Mais un Coca, vous connaissez ma relation avec l’alcool (sourire) . Je suis bien encadré avec ces deux agents. Je sais que je dois encore progresser sur certains points, notamment ma gestion de l’espace derrière moi avec une défense qui joue haut. Ça ne veut pas dire que je suis lent. J’ai une bonne pointe de vitesse même si je ne suis pas le plus rapide du monde. Mes relances sont l’un de mes points forts. J’ose prendre des risques car c’est utile pour l’équipe. Ça fluidifie les attaques. Il faut avoir le flair de sentir les bons moments de prendre ce risque. Mon rêve, c’est de jouer un jour pour l’équipe nationale des Pays-Bas. C’est ce qu’il y a de plus beau."