Besnik Hasi ne croit pas au titre anderlechtois: "Mon équipe était une machine en 2014"
Besnik Hasi - auteur de l’incroyable comeback lors des playoffs d’il y a quatre ans - ne croit pas à un nouveau miracle
- Publié le 21-04-2018 à 10h15
- Mis à jour le 21-04-2018 à 10h50
Besnik Hasi - auteur de l’incroyable comeback lors des playoffs d’il y a quatre ans - ne croit pas à un nouveau miracle Voilà bientôt sept mois que Besnik Hasi est au chômage, après avoir reçu son C4 de l’Olympiacos, mais l’ancien entraîneur d’Anderlecht a retrouvé le sourire. "Vous m’excuserez, mais j’ai le rhume des foins", dit-il, avant de se moucher une première fois. "Je suis bien arrangé, à cause de tous ces bouleaux dans ma rue. Ce sont les journalistes qui les ont plantés pour m’embêter ?"
Hasi voyage souvent, surtout pour voir des matches ("via Mario Innaurato, mon ex-entraîneur physique qui est maintenant à Séville, je vais bientôt voir Séville - Real Madrid, mon club préféré"). Mais il suit également de près le championnat belge. Ce samedi, il suivra Genk - Anderlecht - ses deux ex-clubs - devant sa télé.
En 2014, vous avez remporté le titre malgré un retard de huit points sur le Standard. L’Anderlecht actuel peut rééditer cette prestation ?
"On en saura plus après ce week-end. Mais ce sera difficile. Bruges était impressionnant, contre Charleroi. Il n’avait plus été si fort depuis le mois de décembre. N’oubliez pas que nous avons obtenu un 15 sur 15 dans les cinq derniers matches. Après la défaite à Genk dans le cinquième match, Roger Vanden Stock m’avait dit : ‘Il faudra gagner les cinq derniers matches.’ C’était facile à dire, mais on l’a fait. Mon équipe était une machine."
Grâce à votre excellente idée de mettre Kouyaté dans l’entrejeu.
"Tout le monde parle de cela. Mais j’ai aussi mis Praet à gauche, alors qu’il prétendait qu’il était un numéro 10. Praet était mon joueur. Je lui ai dit : ‘Tu choisis : le flanc ou le banc.’ Maintenant, il dit qu’il a appris la tactique en Italie. Je peux vous assurer que je l’ai bien préparé. Et j’ai dit à Tielemans qu’il jouerait tous les matches."
Dendoncker n’était pas encore titulaire.
"Non. Mais sans moi, il serait parti gratuitement à Zulte Waregem. Je l’ai lancé progressivement la saison d’après. J’ai dit que Milivojevic ou Kljestan devait partir, afin de faire de la place pour lui. La saison passée, il était super. Maintenant, il a seulement été top dans son 33e match. Ce n’est pas normal."
Anderlecht aurait dû le lâcher pendant le mercato d’été ?
"Bien sûr. Sa valeur a baissé. Le club a commis la même faute avec Praet. Leander dépanne en défense, mais il est meilleur dans l’entrejeu. Lui et Trebel, cela doit être très fort. Kums n’a pas encore atteint son niveau de Gand, mais ça peut revenir."
Vous oseriez mettre Deschacht ?
"Bien sûr ! Un joueur compétitif comme lui, on peut l’utiliser. Je lis qu’il est trop négatif. J’étais aussi comme cela ! Quand Oli perd un match à quatre contre quatre à l’entraînement, il râle à mort. Et oui, il tirait la gueule sur le banc à Ostende. Il a toujours eu une tronche comme cela. Deschacht a-t-il déjà été une fois positif dans sa vie ? Non, je ne suis pas d’accord avec la façon dont il a été écarté. On dit qu’il est la taupe. Mais il y a 15 Deschacht dans le club ! S’il arrête, il mérite un bel adieu. Il détient tous les records !"
Vous aviez une meilleure équipe que l’Anderlecht actuel ?
"Avec Mbemba, on avait plus de vitesse en défense. Et Mitrovic était meilleur que Teodorczyk. Qu’il ait des crampes après une heure, ce n’est pas normal. Même si je dois dire qu’il travaille beaucoup. Il a été important, même si c’est un râleur. Les crampes de Markovic, je les comprends. Il est top mais a très peu joué."
Est-ce que Vanhaezebrouck a déjà marqué le jeu d’Anderlecht de son empreinte ?
"Le Sporting monte en puissance. Il était meilleur contre Bruges et même au Standard, malgré la défaite. Je sais bien que beaucoup de choses se sont passées, cette saison. Mais quand même… Il a eu assez de temps pour transformer l’équipe. Moi, j’ai eu moins de temps, à l’époque…"
"Coucke va investir pour être champion"
Hasi estime qu’il a raison de faire table rase au sein du club. "Il y a trop de pression en interne"
Hasi a suivi de loin le rachat d’Anderlecht. Lui aussi, il a été choqué par la façon dont Van Holsbeeck a été mis à la porte. "On est pour ou contre lui", dit Hasi. "Mais vu son palmarès, il aurait mérité un bel adieu à la fin de la saison. Je le sais : il m’a viré en juin. Mais je le savais depuis janvier. Je ne lui ai pas fait de reproches."
Hasi est encore en contact avec Van Holsbeeck : "Je sais qu’il en souffre. Je trouve que l’ancien président (Roger Vanden Stock) aurait pu s’y prendre autrement pour le défendre."
Selon Hasi, ce n’est pas une mauvaise chose pour Anderlecht que le club recommence à zéro. "C’était le moment de faire table rase, après l’ère-Vanden Stock. On verra dans dix ans si le club aura grandi. Je sais une chose : Anderlecht aura une très bonne équipe la saison prochaine. Je ne crois pas que Bruges va investir beaucoup. Coucke, par contre… Il va acheter une équipe pour être champion. Il faut plusieurs renforts. Personne ne sait faire la différence, sauf Teo quand il se sent bien."
Edmilson junior est un des noms dont Vanhaezebrouck rêve. Hasi : "Edmilson a le style de jeu pour Anderlecht. Quand j’étais coach à Anderlecht, il était déjà sur notre liste de joueurs visionnés."
Selon Hasi, l’atmosphère au sein du club doit changer. "Pourquoi est-ce que tellement de joueurs échouent dès qu’ils sont à Anderlecht ? Il y a beaucoup de pression, mais elle est aussi créée en interne. Le plus grand défi de cette direction est d’enlever cette pression. Ce n’est pas seulement en virant Herman que ce problème sera résolu. Beaucoup d’autres personnes doivent aussi partir. Il y en a beaucoup qui tremblent à Neerpede."
Hasi donne un exemple ludique pour expliquer son avis. "Façon de parler, même la femme de ménage du club veut avoir son mot à dire, parce qu’elle travaille à Anderlecht."
Cette saison, Hein Vanhaezebrouck a mis de l’huile sur le feu en faisant des déclarations sur certains joueurs. Hasi : "Ces derniers temps, je ne l’entends plus critiquer ses joueurs. Parfois, un entraîneur peut titiller ses joueurs, mais il ne faut pas exagérer. Il a compris que cela n’aidait pas. Et pourtant, il n’a pas beaucoup de caractères forts dans son groupe. Kara est le seul avec une forte personnalité…"
"Abazaj ne sera pas un Acheampong"
Bizarrement, Besnik Hasi ne connaît presque pas le dernier transfert d’Anderlecht, pourtant un Albanais. "Les gens pensent que c’est moi qui ai réglé les contacts pour Kristal Abazaj, sourit Hasi. C’est faux. Je me suis informé en Albanie : les gens sont positifs à son sujet. En Belgique, on dit qu’il n’a rien coûté. En Albanie, on dit l’inverse. Mais il n’a pas coûté cher. C’est un pari calculé de l’avoir transféré."
Sa qualité principale, c’est sa vitesse. Hasi : "Du moins, selon les normes albanaises. Ne pensez pas que ce sera une locomotive comme Acheampong. Il a été repris une fois en équipe nationale. Il y a des meilleurs joueurs en équipe nationale, mais il est encore jeune. Je crois que Devroe l’a vraiment suivi. D’autres clubs étaient aussi dessus."
Son avis sur...
Le Standard "Sa Pinto pire que Vanhaezebrouck ?"
Hasi est agréablement surpris par le Standard. "Je pensais qu’il y aurait une sorte de décompression au sein du groupe, vu la victoire en finale de la Coupe de Belgique. Zulte Waregem en avait souffert, la saison passée. Mais l’évolution depuis janvier est remarquable. Les joueurs montrent qu’ils sont derrière Sa Pinto. Qu’est-ce qu’on reproche à Sa Pinto ? Son caractère impulsif ? Il est pire que Vanhaezebrouck ? Ou que Preud’homme à l’époque ? Il fait le show, mais il était déjà comme cela en tant que joueur. Il y a deux poids et deux mesures. Le Standard deuxième ? Ce sera difficile. Vu son programme. Je n’y crois pas."
Vadis et l’Olympiacos "Odjidja peut signer dans mon prochain club"
Hasi est prudent quand il évoque le sujet Olympiacos. "Contractuellement, il m’est interdit de parler", indique-t-il. "Mais je maintiens que c’est un formidable club, où le foot est une religion. Après une semaine, les 15 journaux avaient tellement parlé de moi que je ne savais plus aller acheter un pain. La situation des Belges ? Les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. Vadis, par exemple, c’est pour moi qu’il est venu à l’Olympiacos. On a beaucoup parlé de son cas - qu’il ne pouvait plus s’entraîner - mais on a exagéré. Je suppose qu’il va partir. En novembre, le Sporting Lisbonne m’a appelé pour lui. En Ligue des Champions, il était le seul à avoir le niveau. Je maintiens qu’il mérite d’être Diable Rouge. Il peut directement signer dans mon prochain club."
Carcela "Mon capitaine à l'Olympiakos avait la diarrhée, Mehdi n'y comprenait rien.."
À l’Olympiacos, Hasi a eu l’honneur de disposer d’un des meilleurs joueurs de ces playoffs, Mehdi Carcela. “Il est vraiment top”, dit Hasi. “Je l’ai fait venir parce qu’il me fallait des joueurs qui avaient les c… pour nous qualifier pour la Ligue des Champions. Notre premier match était au Partizan (1-3), qui a des liens avec le PAOK et qui avait un coach albanais. La tension était énorme. Mon capitaine avait la diarrhée avant le match. Mehdi, lui, n’y comprenait rien et me demandait : ‘Qu’est-ce qui se passe, coach ?’ Pendant que l’autre était à la toilette, lui, il chantait une petite chanson…”