Lukaku ne mérite pas d’être moqué: pourquoi il est déjà indispensable et pourquoi il va finir par faire l'unanimité (ANALYSE)
Une analyse de Michaël Franken.
- Publié le 04-09-2017 à 20h30
- Mis à jour le 04-09-2017 à 20h34
Une analyse de Michaël Franken.
Peut-être est-ce dû à son physique imposant, lui interdisant de se cacher dans les défenses adverses. Ou bien à sa réussite, susceptible de perturber ses plus farouches détracteurs. Mais il est évident que Romelu Lukaku n’a pas encore touché le cœur de tous les amoureux de l’équipe nationale. Une incompréhension car l’attaquant a encore offert une qualification pour la Coupe du Monde à la Belgique, en inscrivant un but décisif en Grèce, comme ce fut le cas lors d’un déplacement historique en Croatie. De quoi créer un débat qui ne devrait même pas exister, finalement…
1. Pourquoi il ne fait pas encore l'unanimité. Les reproches sont connus car ce sont les mêmes depuis son explosion. Romelu Lukaku serait incapable de contrôler un ballon, tout comme il aurait du mal à conserver le ballon en attendant l’arrivée de ses médians offensifs. Une vieille rengaine bien exploitée par ses détracteurs mais qui, aujourd’hui, n’a vraiment plus lieu d’être. Dimanche, il a encaissé les coups face aux molosses grecs mais il a souvent remporté ses duels, ce qui a souvent permis au bloc belge de monter d’un cran. Il a également perdu l’habitude de se cacher dans la défense ou de ne pas faire les appels au bon moment. En Grèce, il n’a cessé de réclamer le cuir et même s’il n’a pas tout le temps été servi, il ne s’est pas découragé. Ce qui, au final, a porté ses fruits. Son travail est parfois discret mais très précieux. Il a parfaitement appris les contraintes de ce positionnement pour faire l’unanimité.
2. Pourquoi il est déjà indispensable. À l’heure actuelle, personne dans l’effectif ne semble en mesure de pouvoir réclamer le poste d’attaquant de pointe. Christian Benteke n’a pas tout le temps convaincu lors de ses dernières apparitions internationales et Michy Batshuayi manque de temps de jeu pour se positionner comme une menace réelle. La solution représentée par Dries Mertens est un mauvais débat car la Belgique ne développe pas le même football que Naples. Romelu Lukaku est donc indispensable dans ce onze de base et un pépin physique représenterait un handicap de taille. Roberto Martinez l’a bien compris et l’a titularisé lors de chaque rencontre de qualification… sauf à Gibraltar, où l’ancien Anderlechtois était blessé. Le technicien espagnol a besoin d’un colosse capable de reprendre les centres de Thomas Meunier ou Yannick Carrasco, capable également de jouer en déviation pour les infiltreurs que sont Dries Mertens et Eden Hazard. Sans oublier un sens de l’efficacité qui lui a déjà permis d’inscrire vingt-sept buts en soixante-deux apparitions. Certes, il lui arrive encore de rater l’une ou l’autre occasion mais à part les cinq meilleurs joueurs du monde, c’est le lot de tous les attaquants contraints d’abattre un gros boulot et donc moins lucides dans le dernier geste.
3. Pourquoi il va finir par faire l’unanimité. Lorsque des journalistes étrangers rejoignent le camp d’entraînement de Tubize, ils sont surpris par le débat qui entoure Romelu Lukaku. Il faut dire que de nombreuses sélections mondiales sont à la recherche d’un vrai numéro neuf. L’Espagne a été obligée de rappeler le vieillissant David Villa, exilé aux États-Unis, le Portugal doit se montrer créatif tactiquement pour trouver un vrai successeur à Pauleta et la France doit se contenter d’un Olivier Giroud réserviste à Arsenal. Ce ne sont que des exemples mais ils illustrent bien la difficulté de créer des automatismes pour mettre un buteur dans le plus grand confort. Petit à petit, Romelu Lukaku charme les sceptiques. L’unanimité, il ne la fera jamais, sauf s’il plante dix buts lors du prochain Mondial. Mais ses détracteurs ont apprécié son geste, jeudi dernier, lorsqu’il a rappelé les joueurs rentrés au vestiaire sans avoir applaudi les supporters. Un geste simple, qui a beaucoup fait parler. Ses déclarations, souvent teintées d’une grosse confiance, sont un petit peu moins fracassantes. Un style général qui va finir par porter ses fruits. C’est à souhaiter car un attaquant n’est jamais aussi efficace qu’en confiance. Et cela passe par un gros soutien populaire…