Rivalité Van der Poel-Van Aert: l’affrontement atteint son paroxysme (INFOGRAPHIE)
Le Mondial sera marqué par un nouveau duel entre les deux derniers vainqueurs qui ont tout écrasé, Wout Van Aert et Mathieu Van der Poel.
- Publié le 28-01-2017 à 13h14
- Mis à jour le 21-02-2017 à 15h21
Le Mondial sera marqué par un nouveau duel entre les deux derniers vainqueurs qui ont tout écrasé, Wout Van Aert et Mathieu Van der Poel. Au vu de la saison, le 68e championnat du Monde de cyclo-cross pour élites qui se tient ce dimanche à Belvaux (Bieles), au Luxembourg, devrait tourner à un nouveau duel au couteau entre Wout Van Aert et Mathieu Van der Poel. La énième édition du derby entre la Belgique et les Pays-Bas va permettre au duel entre les deux hommes d’atteindre son summum.
Le tenant du titre et son prédécesseur au palmarès dominent le cyclo-cross. Ils ont le même âge, 22 ans à peine, et un talent exceptionnel que les observateurs jugent égal. Si l’un ou l’autre, ou les deux, ne se tourne(nt) pas prématurément vers la route dans un futur proche, Van der Poel et Van Aert peuvent écraser la décennie à venir et inscrire bon nombre de succès et records à leur nom.
Rivalité permanente
Toute la saison a été marquée par le duel et l’opposition entre le Belge et le Néerlandais. Une rivalité qui perdure depuis qu’ils furent juniors. Saison après saison, semaine après semaine, ils se rencontrent et luttent pour la victoire. "Nous ne sommes pas amis et on ne le sera jamais, mais nous nous respectons", répètent-ils inlassablement.
À qui l’avantage ?
Même s’il a débuté la saison avec un mois de retard, en raison d’une petite intervention aux deux genoux cet été, Van der Poel a gagné seize courses cet hiver, Van Aert quinze. Mais, dans leurs confrontations directes, le champion des Pays-Bas mène largement, 14 succès à sept. Lors de ces 14 victoires, le Campinois a terminé deuxième à douze reprises ! Pourtant, si l’on excepte la kermesse d’Otegem, Van der Poel n’a plus battu son adversaire depuis le 23 décembre, à Diegem, et depuis lors, Van Aert a remporté largement la manche de Coupe du Monde de Zolder (le 26 décembre où VDP a fini seulement 14e à 2:49) et le cross de Loenhout (le 29) où le Hollandais volant avait chuté lourdement.
Et dans les précédents Mondiaux ?
Depuis leur premier affrontement au Mondial de Coxyde, en 2012, alors qu’ils n’avaient que 17 ans, les deux hommes ont lutté à quatre reprises l’un contre l’autre pour le maillot arc-en-ciel. Chacun a gagné à deux reprises, le petit-fils de Poulidor chez les juniors en 2012 et chez les pros en 2015, à Tabor, où il est devenu le plus jeune champion du monde de l’histoire. L’Anversois, lui, s’est imposé "dans la tanière du loup", chez les espoirs, en 2014, à Hoogerheide et bien sûr l’an dernier, à Zolder, chez les élites. Van der Poel a aussi gagné le Mondial 2013 juniors, alors que Van Aert, qui est quatre mois plus âgé que son "meilleur ennemi", était déjà passé chez les espoirs.
Qu’est ce qui les différencie ?
"Dans certains passages risqués, j’ose plus que Wout, qui a pourtant une bonne technique. Son point fort, c’est sa puissance et sa volonté, il ne renonce jamais", explique Van der Poel.
L’escalade
Ces derniers temps, la rivalité sportive a pris de l’ampleur sur un autre terrain. Les observateurs qui stigmatisaient que "ces deux-là sont trop braves l’un pour l’autre" auront sans doute apprécié que la guerre froide se durcisse. Il y a d’abord eu les déclarations de Niels Albert, le directeur sportif de Van Aert, mettant notamment en cause la position d’Adrie Van der Poel dans l’organisation du Mondial de Belvaux. "Je ne trouve pas cela normal", disait le Brabançon. Ce à quoi, Mathieu l’avait repris de volée, le traitant de "pleureuse" et regrettant qu’Albert, qui fut son équipier quand il courrait encore, ne lui dit plus bonjour, ni à son père.
Une affaire qui laisse des traces
Plus récemment, en début de semaine, Mathieu Van der Poel a relayé un tweet de Kevin Pauwels, sans doute téléguidé par l’entourage du très calme Campinois. Les deux hommes, qui venaient de subir un contrôle hors compétition, ont posté une photo de leur feuille de contrôle, vierge de toute autorisation médicale. Adrie Van der Poel a embrayé. "À qui le tour ?" s’est exclamé l’ancien champion néerlandais. Cela peut jouer ? À Gieten, Zonhoven, Anvers, Namur, Diegem...
Qui peut profiter de la rivalité ?
Normalement personne, d’autant que Toon Aerts est absent (fracture de l’épaule). Il est le seul à avoir gagné un cross (le championnat d’Europe) au départ duquel se trouvaient les deux favoris. Les rares autres à avoir gagné une course cet hiver l’ont fait en prenant la mesure soit de Van Aert, soit de Van der Poel, mais jamais des deux. Revenu in extremis en condition après une déchirure musculaire, Lars van der Haar, 3e puis 2e des derniers mondiaux, serait déjà heureux de finir troisième. Comme les autres, Kevin Pauwels, déjà quatre fois troisième d’un Mondial, Tom Meeusen, qui heure après heure voit avec effroi le circuit dégeler, ou Laurens Sweeck, dont la préparation a été perturbée par deux épisodes fiévreux en janvier.
Van Aert: "Je pars dans l’inconnu"
Il y a eu un moment de tension certain, ce vendredi matin, à l’Hôtel Threeland à Pétange, où la délégation belge a pris ses quartiers pour les Mondiaux. Quand Wout Van Aert s’est adressé aux journalistes, en préambule de la traditionnelle conférence de presse des sept sélectionnés, certains sourires ont viré au jaune.
Après avoir fait le rappel de l’inflammation au genou qui a perturbé sa préparation pour la course arc-en-ciel, le tenant du titre a embrayé sur l’affaire des formulaires de contrôle publiés ce lundi par Kevin Pauwels et Mathieu Van der Poel par laquelle il s’est senti attaqué.
"Je ne compte pas publier les miens, ça fait partie de la vie privée", a-t-il dit. "J’ai moi-même eu mercredi un contrôle mais je n’ai pas tenu à en informer le monde entier. Mais en aucune manière, je n’ai employé de cortisone et je ne dispose d’une autorisation d’usage à des fins thérapeutiques (NdlR : une A.U.T. qui permet sous condition et autorisation à des sportifs blessés ou malades de se soigner avec des produits normalement interdits). Je ne sais pas pourquoi mes collègues l’ont fait, il faut le demander à Kevin (lequel se trouvait à deux mètres de lui), il pourra mieux vous l’expliquer."
L’ambiance ne semble donc pas au beau fixe au sein de l’équipe belge.
"Cela ne me tracasse pas", a dit encore Van Aert. "Je suis là pour gagner et dans 90 % des cas, vous n’avez besoin de personne pour y parvenir."
Dimanche, Van Aert voudra à nouveau s’imposer, même si sa préparation n’a pas été idéale.
"Cela va de mieux en mieux, jour après jour, mais rester une semaine sans rouler, si près du Mondial, c’est particulier, je n’ai jamais paniqué, mais ça ajoute du stress", dit-il."Pendant sept jours, je n’ai pu que nager et j’ai été traité par des kinés, mais ça n’a rien à voir avec un entraînement. Ce n’est que lundi que j’ai pu rouler normalement, puis, plus intensivement mardi et mercredi. On verra ce que cela donne, je n’ai jamais été dans cette situation. Je pars dans l’inconnu."
Dimanche passé, Van der Poel a, lui aussi, passé un mauvais moment à Hoogerheide.
"On ne peut pas tirer de conclusions", poursuit Van Aert. "Par le passé, on a souvent vu que, quand il ne peut plus gagner, il baisse les bras facilement."
Ce fut le cas, il y a un an, à Zolder, où les deux hommes avaient été impliqués dans un incident. Tandis que le Belge se lançait dans une course-poursuite folle qui le mena au titre, son rival ne joua plus le moindre rôle.