Patrick Sercu, la piste perd une de ses plus grandes étoiles
Roi des 6 Jours, champion olympique et du monde, Patrick Sercu s’est éteint.
- Publié le 19-04-2019 à 22h17
- Mis à jour le 20-04-2019 à 08h23
Roi des 6 Jours, champion olympique et du monde, Patrick Sercu s’est éteint.
C’est un géant du cyclisme, une de ses plus grandes étoiles, qui s’est éteint ce vendredi à 74 ans (né le 27 juin 1944). On savait Patrick Sercu malade depuis quelques années. Il n’était d’ailleurs plus réapparu en public ces derniers mois et notamment lors des Six Jours de Gand. Ses Six Jours, dont il fut directeur de course et co-organisateur, comme à Hasselt ou dans des épreuves allemandes. Le "Cannibale de la piste" fut le porte-drapeau de la discipline et certainement dans notre pays. Patrick Sercu n’a guère d’équivalent dans l’histoire du cyclisme. Il fut le Roi des Six Jours, avec 88 succès (sur 223 épreuves disputées). Dont quinze (sur 27) courus avec son ami Eddy Merckx, d’un an son cadet, qu’il avait connu au sortir de l’adolescence.
Patrick Sercu fut aussi triple recordman du monde, multiple champion du monde, d’Europe et de Belgique (près de soixante titres au total), médaillé d’or olympique, dans des épreuves aussi diverses que le kilomètre, la vitesse, l’omnium, derrière derny ou l’américaine.
Si son fils, Christophe est le manager de l’équipe Sport Vlaanderen (après avoir dirigé Lotto), son père, Albert, fut aussi un excellent coureur au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, malheureusement desservi par un sprint pas toujours efficace (2e d’un Mondial et du Tour des Flandres). C’est justement cette relative lacune qui conduisit le père à construire, à Izegem, un petit… vélodrome sur lequel le fils fit ses premières armes et commença son incroyable moisson de succès.
Chez les jeunes, le Flandrien fut quasi invaincu au point qu’en 1963, à Rocourt, il devint champion du monde de vitesse chez les amateurs. L’année suivante, les Jeux de Tokyo le sacraient champion olympique du kilomètre départ lancé.
Passé professionnel, Patrick Sercu conquit deux maillots arc-en-ciel en vitesse, en 1967 et 1969, et deux médailles d’argent (1965 et 1968). Patrick Sercu a également gagné plus d’une centaine de courses sur route. Essentiellement des étapes, dans les tours, petits et grands, auxquels il a pris part dans les années septante, car rarement, ses saisons étaient complètes. Il roulait des automnes et hivers plus que denses (il y avait à l’époque entre 16 et 20 Six Jours, plus d’autres réunions).
"En choisissant une des deux disciplines, la piste ou la route, j’aurais évidemment gagné plus de titres et de Six Jours d’un côté, de courses et sans doute des classiques de l’autre", nous avouait Patrick Sercu en 2015. "Mais je ne regrette rien de ma carrière, je n’échangerais aucun de mes succès."
S’il n’a finalement jamais emporté de classiques, Sercu a été un des meilleurs sprinters de sa génération, qui en comptait pourtant un certain nombre, les Leman, Godefroot, Basso, Esclassan, Karstens, Hoban, Van Linden, Planckaert, Maertens, Reybroeck…
Pendant toute sa carrière, Sercu a combiné la piste et la route, prenant celle-ci comme une préparation à sa saison hivernale. Ce n’est réellement qu’en 1970, après la conquête de son second titre mondial de vitesse chez les pros, à Anvers, que Sercu se focalisa un peu plus sur la route. Au total, il gagna dix-neuf étapes des grands tours (treize au Giro et six au Tour) ainsi que le maillot vert en 1974. Cette année-là, le Flandrien avait aussi porté, une… demi-journée, le maillot jaune.
La première demi-étape de la 6e étape arrivait à Harelbeke, à dix kilomètres de chez lui, et Sercu s’était emparé, grâce aux bonifications, du maillot qu’il perdit, l’après-midi à l’issue d’un petit contre-la-montre par équipes, Gerben Karstens lui reprenait pour… deux secondes. De Sercu, les plus âgés d’entre nos lecteurs auront aussi gardé le souvenir de son exceptionnelle échappée (imagine-t-on Gaviria, Cavendish ou Groenewegen se farcir 176 kilomètres en solitaire ?) sur le Tour 1977. La 12e étape allait de Roubaix à Charleroi, après 192,5 km et un détour par Bruxelles. L’ancien champion olympique se retrouva échappé, un peu par hasard. Sercu rejoindra Charleroi en vainqueur, mais tout seul, non sans avoir conquis, devant la Bourse, la prime de 100 000 francs belges (trois fois le prix d’un vainqueur d’étape) offerte par votre journal et baptisée "Sprint du siècle". Normal qu’elle lui soit revenue…
1 206 succès sur piste, 104 sur route
59
Les titres, olympique, mondiaux, européens et nationaux que Sercu a conquis sur piste de 1962 à 1983 chez les amateurs et les pros.
8
Les records du monde qu’il a battus sur 500 ou 1 000 mètres. Deux chez les amateurs, six chez les pros.
1206
Les victoires de Sercu conquises sur piste et sur route en 24 saisons, soit en moyenne 50 par an.
88
En 223 Six-Jours, Patrick Sercu en a gagné 88, avec 27 partenaires différents, dont quinze fois Eddy Merckx, et sur 21 vélodromes du monde entier. Il s’est imposé onze fois à Gand.
104
Ses succès sur route chez les pros dont 6 étapes du Tour (maillot vert en 1974), 13 du Giro, 4 de Tirreno et du Dauphiné, 2 de Paris-Nice. Il a également porté les maillots jaune du Tour et rose du Giro.