Paris-Tours, un prestige en péril
Qualité du plateau en recul et nombre de formations WorldTour au départ diminué de moitié en sept saisons : la classique des lévriers semble avoir perdu de son éclat.
- Publié le 12-10-2019 à 12h28
Qualité du plateau en recul et nombre de formations WorldTour au départ diminué de moitié en sept saisons : la classique des lévriers semble avoir perdu de son éclat. "Autrefois, Paris-Tours avait une histoire et une identité…" La petite phrase lâchée dans nos colonnes par Oliver Naesen, qui refermera sa saison ce dimanche sur ce que l’on appelle aujourd’hui encore la classique des lévriers, traduit assez bien le statut d’une épreuve dont le prestige semble en danger.
Pilier de la défunte Coupe du monde (de 1989 à 2004), l’une des plus anciennes courses d’un jour (113e édition cette année) du calendrier ne jouit plus du même éclat. La meilleure preuve tient sans doute dans la diminution du nombre de formations WorldTour au départ (voir tableau ci-contre). Entre 2012 et 2019, elles ont ainsi diminué de moitié (de 14 à 7) !
"En fin de saison, il faut souvent faire des choix, commente ainsi Valerio Piva, le directeur sportif d’une formation CCC qui ne sera pas au départ à Chartres dimanche. Le calendrier WorldTour comprend encore le Tour de Guangxi (NdlR : du 17 au 22 octobre mais où les formations Worldtour sont libres de s’aligner ou non) et nous pensions également disputer la Hammer Series à Hong Kong, puisque nous sommes membre de l’association d’équipes Velon qui organise cette épreuve, avant qu’elle ne soit annulée… Nous avons un instant envisagé d’intégrer Paris-Tours à notre programme et d’y aligner une équipe articulée autour de Greg (NdlR : Van Avermaet, vainqueur en 2011), mais avons revu notre position. Le champion olympique avait supporté un programme suffisamment lourd jusque-là et a mis un terme à sa saison au soir du Mondial. Dans un futur très proche, nous comptons cependant bien revenir sur cette épreuve."
Dans ce calendrier toujours plus dense, la programmation n’a pas joué, cette année, à la faveur de la course organisée par ASO puisqu’elle se déroulera au lendemain du dernier monument de la saison, le Tour de Lombardie. Mais l’argument se révèle bancal dès lors que celui-ci ne valait pas l’année dernière ou en 2016 et 2015.
"Nous n’allons pas refaire l’histoire du cyclisme, mais il convient tout de même de préciser que Paris-Tours est la seule épreuve de la défunte Coupe du monde à ne pas avoir intégré le WorldTour, pointe Thierry Gouvenou, le directeur de course (NdlR : elle est classée en HC). Il s’agit sans doute d’un premier fait éclairant quant à la qualité du plateau…"
Le second tiendrait-il dans le remaniement, l’année dernière, d’un parcours empruntant alors pour la première fois des chemins de vigne sur lesquels s’étaient multipliées les crevaisons et qui avait fait dire à Patrick Lefevere, avant même l’arrivée, qu’il s’agissait de la dernière participation de ses troupes à cette épreuve ?
"Autrefois, Paris-Tours était une course pour les fanatiques de cyclisme disposés à s’installer devant leur téléviseur pendant deux heures afin d’assister à la bonne attaque qui ne survenait parfois jamais, continue Gouvenou. Un duel entre les sprinters et les puncheurs qui plaisait aux passionnés. Avec ces chemins de vigne, nous avons voulu secouer le cocotier afin de durcir la course plus loin de l’arrivée. Il s’agissait d’une première expérience l’année dernière, mais nous sommes conscients d’être allés trop loin dans nos remaniements, même si le retour des téléspectateurs était très positif. C’est pour cela que nous avons réduit de deux bornes le kilométrage de chemins non-goudronnés et nous sommes détournés des secteurs les plus mauvais. J’espère que le déroulement de cette édition 2019 donnera envie à l’équipe de Patrick Lefevere de revenir en 2020 (rires). Le manager belge a grandement contribué au statut de cette course en y alignant toujours de grosses sélections (NdlR : Terpstra, Gilbert, Lampaert en 2018 par exemple). Ce serait donc dommage de rester sur cela…"