Naesen prometteur, Van Aert impressionne, le mutisme de Van Avermaet et Gilbert ému: le bulletin des Belges à Milan-Sanremo
Oliver Naesen a fini 2e, cela promet pour les classiques flandriennes qui arrivent.
- Publié le 24-03-2019 à 11h01
- Mis à jour le 24-03-2019 à 11h12
Oliver Naesen a fini 2e, cela promet pour les classiques flandriennes qui arrivent. Comme il l’avait annoncé, Oliver Naesen n’a pas été lâché dans la Cipressa et encore moins dans le Poggio. Sur Paris-Nice déjà, l’ancien champion de Belgique avait démontré qu’il possédait des jambes de feu. Elles lui ont permis ce samedi de passer tout près de la 21e victoire belge à Milan-Sanremo.
Vingt ans après le succès d’Andrei Tchmil, Naesen n’a pu pourtant s’opposer sur la Via Roma à la victoire annoncée du grandissime favori Julian Alaphilippe. "C’est vrai que de voir le vainqueur s’imposer juste devant vous, c’est quelque chose de spécial, je n’oublierai pas ce moment, je pense", disait Oliver Naesen, partagé, on l’imagine, entre la déception de ne pas avoir gagné et, bien sûr, la satisfaction de sa belle performance. "Je savais ce que je devais faire mais mes jambes me disaient que je ne pouvais plus accélérer."
Le Belge de l’équipe Ag2R est pourtant pleinement satisfait de sa course. "J’ai fait la course que je devais", dit-il. "Dans chaque moment clé, j’étais bien devant, où je devais être. J’étais très bien physiquement toute la journée, très bien épaulé par mes équipiers qui m’ont placé idéalement au début de la Cipressa. Je l’ai montée sans le moindre problème."
Mais le Waeslandien savait que la décision tomberait plus tard, dans la dernière difficulté de la Primavera. "J’ai fait le maximum sur le Poggio", continue le coureur flandrien. "Je voyais les coureurs de Deceuninck-Quick Step effectuer un énorme tempo sur la montée, cela ne servait à rien d’attaquer moi-même. J’attendais l’accélération d’Alaphilippe. J’attendais, j’attendais…, quand il est parti peu avant le sommet, tout le monde était à 100 % pour tenir sa roue."
Au sprint, Oliver Naesen a pensé qu’il allait pouvoir s’imposer. "Je suis revenu facilement à hauteur de sa roue arrière, mais ensuite, je n’ai plus progressé", sourit le Belge. "Comme personne ne m’a doublé non plus, je pense que j’ai fait un bon sprint. Je suis à ma place. Je n’ai jamais été aussi fort, mais, malheureusement, il me manque une victoire."
Van Aert devant Valverde et Nibali
Pour sa première participation à Milan-Sanremo, Wout Van Aert a terminé 6e, juste devant Alejandro Valverde et Vincenzo Nibali. Pas mal pour un néophyte. "Je sais que j’ai bien couru, mais je suis quand même déçu parce que je pense que je pouvais faire mieux encore", disait le coureur de Jumbo-Visma. "C’est vrai que c’est une course frustrante, je me sentais très bien, j’ai pu suivre les meilleurs sur le Poggio. On s’est retrouvé à dix et je me suis dit que j’avais une chance. J’ai voulu attaquer, mais c’est Trentin qui est parti le premier. Sagan a hésité et j’ai bouché le trou, ce sont des forces que j’ai gaspillées. J’aurais dû avoir plus confiance en mon sprint. Mais cela promet surtout pour la suite des classiques du printemps."
Quelle mouche a donc piqué Greg Van Avermaet ?
Sur la Via Roma déjà, le Flandrien a refusé de s’arrêter pour répondre aux questions de la presse belge. Arrivé au bus de la CCC, le champion olympique, qui venait de terminer 42e à 27 secondes d’Alaphilippe, s’y est engouffré sans mot dire et il n’a plus voulu en redescendre, malgré plusieurs sollicitations. Était-il fâché ou déçu, voire les deux ? Le mystère est entier. Pourtant, Van Avermaet avait été placé peu avant l’arrivée au pied du Poggio dans de bonnes conditions par ses équipiers. Peut-être un peu trop vite d’ailleurs, car juste avant le début de la montée, Van Avermaet rétrograda dans le premier groupe. Prochain rendez-vous pour l’ancien maillot jaune du Tour, ce vendredi avec le Grand Prix E2 à Harelbeke.
"Supérieur à mes podiums"
Particulièrement ému, Philippe Gilbert a apprécié le succès de son équipier. Comme tous ses équipiers de Deceuninck-Quick Step, Philippe Gilbert était très ému à l’issue de Milan-Sanremo.
"C’est la première fois que je suis dans l’équipe du gagnant en quinze participations, j’ai vécu une grande expérience, un grand moment, c’est même supérieur comme sentiment à mes deux troisièmes places", souriait le Liégeois à sa descente du bus de sa formation où il régnait une ambiance comparable à celle du vestiaire d’une équipe de football gagnante.
"C’est vraiment la victoire du collectif, nous avons appliqué de A à Z la tactique qui avait été mise au point, en prenant nos responsabilités et la course en main, les uns après les autres", expliquait encore Philippe Gilbert. "Je suis aussi ému parce que j’ai avec Julian une excellente relation. Nous avions d’autres atouts, mais il était le leader de l’équipe, avec la forme qui est la sienne. J’avais dit qu’il était le grandissime favori, tellement il était fort ces dernières semaines, mais il faut encore tenir son rang dans ces moments difficiles."
Jamais durant la course, le Wallon n’a pensé à jouer sa carte, comprenant qu’Alaphilippe était le meilleur atout pour que la formation belge ajoute une dix-neuvième victoire à son palmarès 2019.
"Cela aurait été une erreur d’essayer de gagner avec un autre coureur que Julian. On savait qu’il était en grande condition et pendant la course, il était très nerveux, ce qui, dans son cas, est souvent bon signe", affirmait encore l’ancien champion du Monde.
Après quelques jours de récupération, Philippe Gilbert entamera vendredi à Harelbeke sa campagne des classiques pavées où il espère bien accrocher un nouveau monument à son palmarès, dans trois semaines exactement, à l’issue de Paris-Roubaix.