Le Tour, c'est déjà dans deux mois: Froome en campagne, Thomas tutoie les sommets
Le Tour de Romandie et celui du Yorkshire se sont achevés sur des notes positives pour le tout nouveau "Team Ineos", ce dimanche.
- Publié le 06-05-2019 à 16h18
- Mis à jour le 06-05-2019 à 16h32
Le Tour de Romandie et celui du Yorkshire se sont achevés sur des notes positives pour le tout nouveau "Team Ineos", ce dimanche.
En football, il y aura le transfert d'Eden Hazard au Real Madrid. Et en cyclisme, la saga de l'été sera la rivalité interne entre Chris Froome et Geraint Thomas sur les routes du Tour. Une rivalité qui n'est pas directement perceptible dans leurs discours mais que l'on devine entre les lignes, quand les deux hommes revendiquent de grandes ambitions pour cette édition 2019 de la Grande Boucle. En mars, le Gallois fixait d'ailleurs rendez-vous au Kenyan blanc au sommet du Tourmalet.
Le Tour débutera dans très exactement deux mois et alors que les deux hommes ont bouclé une nouvelle étape de leur préparation ce dimanche, à quelques heures d'intervalle, le moment semble idéal pour faire le point sur leur état de forme après 22 jours de course en 2019 pour chacun.
Otley, la première escarmouche 2019 de Froomey
Au Yorkshire, Chris Froome était en campagne dans tous les sens du terme. En campagne britannique, tout d'abord, sur les routes escarpées de cette province qui accueillera les championnats du monde en septembre. En campagne pour Ineos, ensuite. Le nouveau tout sponsor de l'ex-Team Sky a des projets concernant cette région du monde, n'en déplaise à quelques sympathisants écolos (comme on vous l'expliquait ici) et il était important d'y emmener un grand leader pour entamer la campagne marketing de la compagnie privée. Mais, surtout, Christopher Froome était en campagne auprès de sa jeune garde. Car après avoir aidé Pavel Sivakov et Tao Geoghegan Hart à se goinfrer sur le Tour des Alpes, il a contribué au succès final de Chris Lawless, qui porte le sceau du collectif, au Yorkshire.
Logiquement en retrait sur les deux premières étapes plates, Froomey a fait son apparition à l'écran ce week-end. Samedi, d'abord, pour montrer qu'il était bel et bien attentif durant les quelques coups de bordure qui ont animé la deuxième partie de l'étape. "Samedi, il était très bon. Ce dimanche, il était aussi assez bien", confirmait sobrement son directeur sportif Servais Knaven après l'arrivée finale à Leeds. De manière concrète, ce "assez bien" s'est traduit par une attaque franche dans la côte de Otley Chewin (1,4 km à 9,7%), située à 21 kilomètres de l'arrivée. Une côte trop courte et trop raide pour correspondre aux qualités du quadruple vainqueur du Tour, qui aurait sans doute préféré se tester sur Greenhow Hill (3,2 km à 7,5%), 25 kilomètres plus tôt, si cela n'avait tenu qu'à lui. Mais Otley était mieux situé pour lancer les hostilités. Froome a ainsi servi de rampe de lancement à Eddie Dunbar, qui a lui même bien aidé Chris Lawless à résister au retour des autres hommes forts, en toute fin de course.
Juste après la ligne d'arrivée, le leader de 33 ans rejoignait ses équipiers de 23 et 22 ans pour participer aux embrassades: "Tu as gagné le général, c'est bon ?", demandait-il à son jeune padawan en souriant devant les caméras et photographes. Dunbar et Lawless ne seront pas sur le Tour de France mais ils se souviendront, tout comme Sivakov et Hart une semaine plus tôt, qu'ils doivent en partie ce succès à leur chef de file. Qui sait, cela pourrait servir tôt ou tard. Et puis, Froome n'a pas perdu son temps puisque dans le Yorkshire, il a pris du rythme et a pu se tester. L'occasion de montrer à tout le monde que la forme était ascendante et ainsi répondre à distance aux jolis progrès montrés par Geraint Thomas sur le Tour de Romandie.
Thomas s'est rassuré
A 1000 kilomètres du Yorkshire, le Tour de Romandie offrait un plateau bien plus relevé aux amateurs de cyclisme. L'épreuve World Tour rassemblait forcément toutes les équipes de première division alors qu'elles n'étaient que quatre, avec Froome et Van Avermaet comme seules têtes d'affiche, en Grande-Bretagne. L'occasion pour Geraint Thomas de s'offrir un test grandeur nature à deux mois de la Grande Boucle, après un début de saison compliqué par une prise de poids mal maîtrisée durant l'hiver, par des problèmes gastriques à Tirreno Adriatico et par une chute au Tour du Pays Basque. Dès le prologue, le Gallois rappelait ses qualités d'ancien poursuiteur et prenait la 5e place, son meilleur résultat de la saison.
Le lendemain, il décrochait tout le monde (ou presque) de sa roue dans une côte non répertoriée située à douze kilomètres du but. Sur des pentes à plus de 7%, seul David Gaudu pouvait répondre à l'attaque du vainqueur sortant du Tour. Les deux hommes reprenaient alors les derniers échappés avant d'être revus par le peloton à cinq kilomètres de l'arrivée. Malgré ses efforts, Geraint Thomas tentait à nouveau sa chance dans l'ultime kilomètre mais Rui Costa répondait à son attaque avec une vingtaine d'hommes dans sa roue, permettant à Roglic de signer son premier succès de la semaine.
Au contraire de Froome, Thomas était plus esseulé que jamais, en Romandie. Il suffit de voir le classement général final : Dylan Van Baarle, le deuxième meilleur Ineos, pointe à la 32e place à 8'16" de Roglic. Dans ces conditions, il fut compliqué pour "G" de se placer idéalement au pied de l'ultime bosse de la troisième étape qui se terminait par un véritable sprint de puncheur. Résultat, il était gêné par la chute de Colbrelli à 400 mètres de la ligne. Qu'à cela ne tienne, la montée de Torgon, samedi, lui convenait bien mieux et lui a permis d'attaquer une nouvelle fois. Mais Roglic, bien plus en forme à seulement une semaine du Giro qu'il espère remporter, contrôlait parfaitement avant de s'imposer au sprint. Et dimanche, Thomas terminait par un contre-la-montre honorable avec une dixième place à 46 secondes du Slovène pour assurer son podium final.
Si on compare ce qui est comparable, Thomas termine l'épreuve suisse avec 21 secondes d'avance sur Steven Kruijswijk, l'autre grand leader du prochain Tour de France qui a fait le choix de s'aligner en Romandie et s'est montré bien plus tranchant que Chris Froome, qui avait endossé le rôle d'équipier modèle. Nul doute que le chassé-croisé entre les deux hommes se poursuivra, durant les deux prochains mois. Le tout en prenant soin de s'éviter jusqu'au grand départ de Bruxelles puisque les deux hommes auront des programmes différents.