La belle revanche de Jelle Wallays
Au bout d’une saison difficile, le Flandrien s’est imposé en solitaire.
- Publié le 14-10-2019 à 09h29
- Mis à jour le 14-10-2019 à 09h31
Au bout d’une saison difficile, le Flandrien s’est imposé en solitaire. Il ne faut jamais baisser les bras. Et Jelle Wallays en a montré un très bel exemple, ce dimanche. Au bout d’une saison marquée par la poisse, ce Flandrien pur jus a pris sa revanche sur les coups du sort en allant chercher la victoire sur cette nouvelle version de Paris-Tours. Au terme d’un effort en solitaire de près de cinquante kilomètres.
Le coureur de Lotto-Soudal était parti en contre derrière le vainqueur de l’an dernier, le Danois Soren Kragh Andersen. "Mon but n’était pas de me lancer dans un tel solo", commente Jelle Wallays. "Je voulais obtenir un petit avantage sur le groupe des favoris. Mais avec mon attaque, je me suis retrouvé seul en contre. J’ai poursuivi mon effort. Et j’ai rejoint et dépassé Soren Kragh Andersen, qui venait d’être victime d’une crevaison."
Là, il a vite compris qu’il ne devait plus hésiter ! "Oui, je me suis dit : maintenant, il faut y aller !", poursuit Jelle Wallays. Qui a résisté au retour de ses poursuivants pour s’imposer en solitaire, malgré les réactions, dans le final, de Nike Terpstra et d’Oliver Naesen. Au terme d’un solide numéro, fidèle à ses qualités de rouleur.
"J’avais vraiment de bonnes sensations en course. Un bon sentiment qui confirmait celui des dernières épreuves. Je suis très heureux d’avoir été chercher cette victoire. Au terme d’une saison compliquée."
Celle-ci avait directement mal débuté. Avec une lourde chute dès sa première course, sur le Tour de San Juan, en Argentine. Un an après sa victoire d’étape sur cette même épreuve, il y avait cette fois été victime d’une fracture de la mâchoire et d’une commotion cérébrale. "J’ai perdu trois dents", rappelle-t-il. Avant de chuter à nouveau pour sa reprise, aux Quatre Jours de Dunkerque, se blessant à la main. "Malgré tout, je suis toujours resté motivé, je me suis toujours fixé de nouveaux objectifs", ajoute encore Jelle Wallays. "Je me suis mis en tête de disputer le Tour de France. Mais je n’ai pas été repris dans la sélection de mon équipe."
À la place, il a pris part au tragique Tour de Pologne, sur lequel son coéquipier Bjorg Lambrecht est décédé. Avant de mettre le cap sur le Tour d’Espagne. Sur lequel il espérait parvenir à nouveau à décrocher une étape. "Mais la poisse s’est poursuivie, je n’ai pas eu de chance à nouveau en tombant malade sur cette épreuve", précise celui qui est encore sous contrat chez Lotto-Soudal jusqu’à la fin de la saison 2020. "Je me suis alors concentré sur la fin de la saison. Et sur ce Paris-Tours que j’aime tant. Ce succès me donne vraiment confiance pour la prochaine saison."
Un palmarès de premier choix
Jelle Wallays n’est pas un champion de la trempe des meilleurs mondiaux. Mais ce coureur de Staden s’est, au fil des années, constitué un solide palmarès. Avec des succès de première référence. Ce coureur de 30 ans a remporté deux fois Paris-Tours, une étape du Tour d’Espagne, la semi-classique À travers la Flandre en 2015. Et il s’est imposé plusieurs fois en Wallonie. En 2016, il avait dominé le Grand Prix Pino Cerami. Il avait aussi remporté le Grand Prix Claudy Criquielion en 2010 et la kermesse pro d’Isières en 2014.
Monsieur Paris-Tours
Il n’est pas encore le recordman de Paris-Tours. Il fait partie du peloton de quinze coureurs à avoir remporté la classique française deux fois, comme Philippe Gilbert. Avec son second succès, Jelle Wallays n’est qu’à une longueur des quatre recordmen de l’épreuve, qui comptent trois victoires : l’Allemand Eric Zabel, le Français Paul Maye et les Belges Guido Reybrouck et Gustaaf Danneels. Mais Jelle Wallays a un lien particulier avec la course de fin de saison. Il l’avait remportée chez les espoirs, en 2010. Avant ses deux succès chez les pros. “Mes deux victoires chez les élites ont été très différentes”, décrit le baroudeur belge. “En 2014, j’avais battu Thomas Voeckler dans un sprint à deux au terme d’une longue échappée. Lors de laquelle nous avions eu vent dans le dos. Cette fois, le parcours était totalement différent avec les chemins dans les vignes. Et si je gagne à nouveau dans une échappée, cette fois, j’étais seul, et le vent était de face.” Monfort : “Il va la chercher !”
Jeune retraité des pelotons, Maxime Monfort a suivi avec attention, à la télévision, la victoire de son coéquipier Jelle Wallays. “Quand il a attaqué, je pensais que ce n’était pas un bon moment avec les Groupama-FDJ qui roulaient, mais il a eu raison !”, commente celui qui sera directeur sportif chez Lotto-Soudal la saison prochaine. “Jelle, sans avoir des capacités physiques hors normes, même si c’est un talent, comme tous les coureurs du peloton pro, il parvient toujours à aller chercher de très belles victoires. Comme ici, à Paris-Tours. Je sais qu’il avait préparé cette épreuve. Et je sais aussi qu’il était très revanchard avec sa saison marquée par plusieurs chutes et des blessures. Il a une certaine fraîcheur en cette fin de saison et il en a bien profité.”