La Géorgie se déchire entre désir d’Europe et influence russe : “80 % des Géorgiens veulent l’Europe mais la Russie sabote notre rêve”
Ce jeudi soir 18 avril 2024, la chaîne LN24 a pu interviewer en exclusivité la présidente de la Géorgie Salomé Zourabichvili. Cette dernière s’est exprimée sur le désir largement majoritaire de sa population de rejoindre l’Union Européenne. Une volonté parfois difficile à exprimer pour ce pays frontalier à la Russie.
- Publié le 19-04-2024 à 11h25
- Mis à jour le 19-04-2024 à 11h26
”Depuis l’indépendance de la Géorgie, les sondages montrent que 80 % de la population veut un avenir européen.” Cette déclaration de la présidente de la Géorgie Salomé Zourabichvili arrive quelques mois après la candidature de son pays à l’Union Européenne en décembre 2023. Cette dernière espère pouvoir ouvrir les négociations d’ici la fin de l’année avec les dirigeants européens pour une potentielle intégration.
Le premier défi exigé par l’UE pour réaliser ce désir d’intégration majoritairement partagé par les Géorgiens, c’est s’affranchir de la “loi russe”, une mesure adoptée par le Parlement géorgien qui oblige les organisations financées à plus de 20 % par des fonds étrangers à s’enregistrer et à se présenter comme des entités poursuivant les intérêts d’une puissance étrangère. Elle est inspirée de la législation russe sur les agents étrangers et vise à accroître la transparence dans le financement des organisations du pays. Cependant, elle suscite des tensions, avec l’opposition dénonçant une atteinte aux libertés et l’Union européenne appelant à son abandon. La loi est critiquée par la présidente et qualifiée par cette dernière de “contraire à la volonté de la population”.
La Géorgie semble entamer sa candidature avec un double rythme. L’un en accord avec la Russie comme le montre le vote à 78 voix contre 25 au parlement pour adopter cette “loi russe”. L’autre, en opposition totale à celle-ci et s’exprimant lors des manifestations en Géorgie regroupant des dizaines de milliers de citoyens. Salomé Zourabichvili rappelle que c’est surtout au niveau du pouvoir que les désirs d’intégrations bloquent. La population géorgienne, elle le souligne lors de l’interview, est en grande majorité contre cette loi et donc en contre-courant des choix politiques récents : “C’est une loi totalement incompatible avec la volonté de la population. Ils ont l’impression que rien n’est fait en faveur d’une intégration. Ils ont peur que cette possibilité leur soit enlevée alors qu’elle est arrivée plus tôt que prévue. Les seuls qui ont des intérêts là-dedans, ce sont les Russes.”
Salomé Zourabichvili souligne aussi que ces événements sont les conséquences d’une Russie qui voit les pays du Caucase lui échapper. Elle voit cette adoption de la “loi russe” comme une ingérence qui viendrait gâcher leurs rêves d’intégration à l’Union Européenne : “C’est une stratégie de la Russie pour éviter que nous nous rapprochions de l’Europe. Elle veut garder son contrôle et éviter que nous soyons démocratiques et libres”.
La Géorgie est en proie à des véhémentes manifestations et a vu ses politiques en venir en main au sein de son Parlement. La situation autour de cette “loi russe” est brûlante et démontre une véritable scission entre deux logiques. l’une pro russe, l’autre pro européen.
L’interview en intégralité est à suivre sur la chaîne Ln24.