Né en Ukraine, chef d'un bataillon pro-russe, visé par des sanctions: qui est ce soldat à qui Poutine a réservé sa grande confidence?
Pour annoncer sa candidature au scrutin présidentiel de 2024, Vladimir Poutine a opté pour une mise en scène qui donne le ton pour la suite de la guerre en Ukraine.
- Publié le 12-12-2023 à 14h06
- Mis à jour le 12-12-2023 à 14h34
L'annonce n'a surpris personne. Vladimir Poutine va se représenter pour un cinquième mandat à la tête de la Russie. Le secret de polichinelle a été dévoilé par l'intéressé lui-même lors d'une cérémonie officielle en l'honneur des soldats russes, ce vendredi 8 décembre. Non pas au cours d'un long discours, mais dans une discussion qui semblait presque informelle entre un soldat et le président. Il ne fait aucun doute que le tout relève d'une mise en scène savamment orchestrée par le Kremlin. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que Poutine a recours à ce stratagème. L'objectif ? Faire passer un message à l'Ukraine et à ses alliés. Et pour ça, le choix de l'interlocuteur était crucial.
Un soldat originaire d'Ukraine mais un fervent partisan de Poutine
Ainsi, face à l'homme fort du Kremlin, on retrouvait Artem (ou Artyom) Vladimirovich Zhoga, un soldat originaire de Donetsk. C'est lui qui a lancé à Poutine son envie de le voir briguer un nouveau mandat. "Vous êtes notre président, vous êtes dans notre équipe, nous avons besoin de vous", a-t-il confié à un Vladimir Poutine tout ouïe. Ses mots ont une résonance toute particulière, puisque l'homme vient des régions ukrainiennes récemment annexées par la Russie. Il n'en est pas moins un fervent partisan du chef du Kremlin, pour qui il se bat depuis de nombreuses années.
Âgé de 48 ans, Artem Zhoga est un vétéran des guerres du président russe dans la région du Donbass, à l'est de l'Ukraine. Il fait d'ailleurs l'objet de sanctions prises par Kiev et Washington pour le rôle qu'il joue dans l'occupation russe. Il dirige le bataillon Sparte, une force pro-russe active en Ukraine, que menait son fils avant de perdre la vie sur le front en 2022. Le soldat, qui a été fait "héros de la nation" par Poutine, dirige également le Conseil populaire de la République de Donetsk.
Interrogé sur les raisons de cet appel lancé à Vladimir Poutine, Artem Zhoga a simplement répondu qu'il relayait la volonté de nombreux soldats russes. "Sur la ligne de front, tout le monde était inquiet", a-t-il rapporté aux agences de presse officielles. "Ils se demandaient si Poutine se représenterait."
"Un message clair"
Le Kremlin, par la voix de son porte-parole Dmitri Peskov, a assuré que l'annonce du président avait été faite "de manière absolument spontanée".
Mais les observateurs se sont accordés pour dire que la symbolique du moment était trop forte que pour véritablement relever du hasard. "Poutine a choisi la guerre et maintenant la guerre choisit Poutine", a estimé Tatiana Stanovaya, chercheuse principale au Carnegie Russia Eurasia Center sur Telegram, dans des propos relayés par le Financial Times.
Dans une interview à nos confrères de La Libre, Laetitia Spetschinsky, spécialiste de la Russie (UCLouvain), a détaillé le message passé par le président russe dans cette annonce. "Poutine veut montrer que l'Ukraine est la priorité numéro 1 pour la sécurité russe. Il se positionne sur un message de continuité extrêmement clair. C'est en ligne avec l'atmosphère du moment et avec le basculement de l'économie russe dans une économie de guerre. On est dans une symbolique militarisante."