Ingérences étrangères: "Il faut un changement culturel pour permettre à la Belgique de prendre conscience de sa vulnérabilité"
Le Sénat a approuvé à l'unanimité vendredi un rapport d'information sur l'ingérence étrangère, fruit d'un an de travail et d'une longue série d'auditions. Il recommande d'intensifier le travail de sensibilisation à l'égard de ce phénomène et préconise certaines mesures.
- Publié le 19-04-2024 à 16h34
Le thème a pris une importance particulière ces dernières années, au vu d'affaires récentes impliquant des mandataires publics soupçonnés d'être les instruments de l'ingérence de certains pays étrangers ou de campagnes de désinformation visant à déstabiliser les opinions publiques et le système démocratique. À moins de deux mois des élections, il fait l'objet d'une vigilance renforcée des services de renseignement.
"Il faut un changement culturel pour permettre à la Belgique de prendre conscience de sa vulnérabilité", avertit le rapport et les recommandations rédigées par les rapporteurs Helène Ryckmans (Ecolo-Groen), Steven Coenegrachts (Open Vld) et Gregor Freches (MR).
Les recommandations sont diverses. Elles visent notamment le milieu politique, par exemple par l'adoption d'un code de bonne conduite en période électorale et l'amélioration de la transparence du financement des partis avant les élections et des politiques médiatiques. Elles préconisent des lignes directrices déontologiques claires dans chaque parlement sur les indemnités, les voyages, les dîners, les cadeaux, etc. offerts par des pays étrangers.
Le rapport insiste aussi sur des campagnes de formation à mener touchant les instances publiques et le secteur privé, notamment les PME souvent peu conscientes du danger, ou la nécessité de mieux protéger le milieu universitaire. Elles rappellent également la nécessité de filtrer les investissements étrangers dans les secteurs stratégiques, une mesure déjà mise en place l'an dernier.
Les diasporas sont l'une des cibles de l'ingérence étrangère. Le rapport préconise la création d'un point de contact entre certains services publics et les diasporas afin qu'ils restent informés de la situation dans ces communautés, par exemple des menaces ou intimidation qui y séviraient.
Internet et les réseaux sociaux font partie des lieux privilégiés où cette ingérence s'exerce. Le rapport prône une "approche efficace" qui identifierait systématiquement les manifestations et les traiterait de manière proactive. "Cela passe par la suppression des contenus trompeurs, la réfutation des fausses informations et la communication proactive d'informations factuelles sur l'importance de la démocratie et des droits humains", demande l'une des recommandations.
Le rapport aborde encore les moyens de lutte des services de renseignement et de sécurité. Il demande à ce titre d'investir davantage dans la capacité de contre renseignement.
Plusieurs pays sont cités, dont certains sont considérés comme des partenaires de la Belgique, voire des alliés: Chine, Russie, Qatar, Maroc, Turquie, Israël et États-Unis.