Larves, mouches, odeurs pestilentielles... : le quotidien de nombreux Wallons perturbé par les aménagements en matière de collecte des sacs-poubelle
Depuis plusieurs semaines désormais, les sacs-poubelle ne sont plus collectés que toutes les deux semaines dans plusieurs communes. Si certains applaudissent l'initiative, d'autres sont confrontés à bien des désagréments.
- Publié le 02-05-2024 à 06h28
- Mis à jour le 02-05-2024 à 09h52
Larves, mouches, puanteur et manque de place… Tel est le quotidien de centaines de Wallons depuis les changements de calendrier pour la récolte des déchets ménagers. Auparavant, les éboueurs passaient toutes les semaines, à des jours différents selon les communes, pour récolter les déchets résiduels. Mais depuis le début de l’année, de nouvelles modalités de collecte ont été instaurées dans de nombreuses communes. Quatre étaient déjà passées, en tant que communes-pilotes, à ce système l’an dernier.
Dans nombre des communes, la collecte des déchets résiduels n’a plus lieu que toutes les deux semaines tandis que les sacs organiques, dont le tri est obligatoire depuis le janvier en Wallonie, restent collectés de manière hebdomadaire.
Un double objectif environnemental et économique
L’objectif poursuivi par le changement de calendrier est double : réduire la quantité de déchets produits, et faire des économies, notamment en termes de carburant et de salaires.
Mais sur le terrain, la mesure divise. D’un côté, certains applaudissent des deux mains toute initiative qui va tant en faveur de l’environnement que de leur portefeuille. “La collecte toutes les deux semaines nous poussent à revoir notre façon de consommer, confie Céline, habitante de Court-Saint-Etienne, qui a instauré le principe en 2023 déjà. On essaie de jeter moins et, surtout, de mieux trier nos déchets. Les restes alimentaires finissent ainsi au compost au fond du jardin et nous avons constaté que les sacs d’ordures sont désormais moins remplis.”
Pour d’autres, la mesure s’accompagne de bien des désagréments. Notamment pour ceux vivant en appartements qui déplorent aujourd’hui l’impact que cela engendre sur leur confort. Surtout dans les communes où les restes alimentaires et organiques ne sont plus collectés que tous les 15 jours. “Après quelques jours seulement, les aliments se décomposent et les premières mouches apparaissent, déplore ainsi Eric, habitant de Grez-Doiceau, où les récoltes des déchets n’ont plus lieu que deux fois par mois. Au 14e jour, je ne vous raconte pas l’horreur que c’est : les sacs (NDLR : déposés dans des conteneurs personnels) baignent dans un jus crasseux dégoûtant, il y a une flopée de larves qui grouillent au fond des sacs et l’odeur est pestilentielle.”
Des désagréments en appartements
Habitante de Tubize, Voula vit également en appartements. Depuis plusieurs semaines, elle déplore la réforme qu’on lui a imposée. “Le bilan est négatif, commente la Tubizienne. Bien sûr, je peux comprendre la nécessité de trier mieux nos déchets. Mais quand je mets des emballages de viandes et de poissons dans des sacs PMC qui ne sont récoltés que toutes les deux semaines, ils finissent par dégager une odeur épouvantable. Et puis, pour stocker ces déchets durant deux semaines, il faut aussi avoir de la place. Ce qu’on a rarement quand on vit en appartements.”
Pour éviter les désagréments, certains habitants placent leurs sacs sur leurs balcons. “Je n’ose imaginer ce qui va arriver en été, avec les grosses chaleurs, commente Voula. Il y aura des mouches, des vers. Ça sera insupportable. Je peux comprendre que l’on procède à de telles modifications dans des villages ou communes où il n’y a pas ou peu d’appartements et que les gens peuvent facilement composter. Mais dans des villes d’une certaine taille comme Tubize où il y a énormément d’appartements, c’est trop compliqué à mettre en place. Pensez simplement aux familles avec des enfants en bas âge qui doivent garder des couches souillées durant deux semaines…”
Pour remédier à cette problématique, certaines communes – pas toutes ! – ont fait installer des conteneurs enterrés et aériens pour permettre à leurs citoyens de se débarrasser des trop pleins. Un service souvent payant.
21 % de déchets résiduels en moins
Selon l’Intercommunale du Brabant wallon (InBW), qui a mené une expérience-pilote dans quatre communes en 2023, la mesure se serait pourtant soldée sur un bilan positif. “Les trois communes collectées en sacs ont enregistré en moyenne une baisse de 21 % des quantités de déchets résiduels (soit une diminution de 26 kg/habitant/an) et une augmentation de celles de déchets organiques (environ 10 kg/habitant/an). À Chastre, la modification de la fréquence des collectes a eu moins d’impact puisque les quantités collectées étaient déjà très basses pour les résiduels et élevées pour les organiques. Cette transition vers une collecte toutes les deux semaines a été rapidement adoptée par les habitants. Ce n’est pas une surprise : la mesure s’aligne sur l’évolution des habitudes des citoyens qui étaient déjà nombreux à présenter leurs déchets résiduels de manière espacée.”
L’idée a percolé dans plusieurs provinces
Malgré les désagréments causés à certains habitants, l’idée a percolé dans d’autres provinces, notamment de Hainaut ou de Luxembourg. Et, en région liégeoise, les collectes de déchets ne seront plus effectuées que toutes les deux semaines dans 31 communes dépendant d’Intradel, à savoir celles où la densité de population ne dépasse pas les 250 habitants au km2, à partir de 2025. Celles d’une densité de plus de 250 hab/km2 et moins de 1.000 hab/km2 pourront choisir entre la nouvelle et l’ancienne formule. Et pour celles au-delà, la mesure ne sera pas appliquée.
Enfin, pour d’autres communes wallonnes, comme celles dépendant d’Idelux, on est également passé à un système hybride avec soit une collecte toutes les 2 semaines en hiver et toutes les semaines en été, soit une collecte toutes les 2 semaines, toute l’année.