Qui veut la peau du qualifiant ? “On va perdre des centaines d’heures de cours !”
Des centaines de professeurs de l’enseignement qualifiant tirent la sonnette d’alarme. Ils s’inquiètent de la suppression de leurs cours.
- Publié le 18-04-2024 à 12h42
- Mis à jour le 18-04-2024 à 13h41
Barbara du côté du Hainaut, Rosalie (prénom d’emprunt) du côté de Jumet et sa collègue Maud (prénom d’emprunt) appréhendent les vacances d’été comme des centaines d’autres personnes de l’enseignement qualifiant. Toutes se demandent ce qu’elles vont devenir l’année prochaine suite au Parcours de l’Enseignement Qualifiant (PEQ) et au tronc commun jusqu’à la 3e secondaire dans le cadre Pacte d’excellence.
”On est près de 400 sur le pied de guerre. Les régents en Économie familiale et sociale (EFS) risquent de se retrouver au chômage du jour au lendemain car on perd le titre requis. À quoi sert notre diplôme s’il n’est plus reconnu ? On nous a complètement oubliés au profit de professionnel du terrain !”, tempête Barbara.
”On est en train de tuer le qualifiant”
De nombreuses options dans l’enseignement technique et professionnel vont disparaître : "On va perdre des centaines d'heures", affirment les profs. Toutes les sections d’aide-familiale avec moins de 20 élèves devront fermer d’ici un an. En région liégeoise, aucune école du réseau libre comptabilise le chiffre nécessaire, pointe Laetitia.
”Très peu d’écoles vont garder 'aide-familiale' (AF) et 'aide-soignante' (AS) or ce sont des sections complètement différentes. Les élèves ont-ils vraiment envie d’être aide-soignant qui concerne le milieu paramédical ? Et nous, qu’est-ce qu’on devient car on n’a pas le titre requis pour enseigner contrairement aux infirmières qui pourraient se reconvertir alors que c’est un métier en pénurie ?”, précise Barbara.
La révolte gronde chez les profs. “C’est la disparition totale de tout le qualifiant à terme avant 2028. Le qualifiant est en train de mourir à petit feu”, conclut Maud qui enseigne depuis 30 ans.
Futurs diplômés au chômage ?
S’il est prévu de replacer les profs nommés et prioritaires, cela leur semble irréaliste. “On ne va pas multiplier les écoles pour avoir un temps plein. J’ai un petit garçon et je fais déjà 50 km”, lâche Rosalie.
Et que vont devenir les autres et les futurs diplômés ? “Notre formation n’est plus enseignée. Ceux qui ont entamé leurs études peuvent poursuivre mais ils ne pourront plus donner cours ! Ils auront étudié pour rien”, déplore Barbara.
Le cabinet de la ministre de l’Éducation Caroline Désir (PS) assure qu’aucune option non qualifiante sera supprimée. Une piste évoquée est de les faire basculer dans l’enseignement de transition. “Un monitoring de l’Administration est en cours afin de voir si des mesures doivent être prises pour aider les écoles à garder les deux options AF et AS, le temps de la transition de la nouvelle organisation de l’aide-soignant”, déclare le cabinet. “Une nouvelle simulation sera réalisée par l’administration dans les semaines qui viennent pour mesurer le nombre d’options qui disparaîtrait mais le modèle a été construit pour contenir le nombre de fermetures à un niveau limité.”
Quant au nombre minimum d’élèves, une offre de formation est garantie dans au moins deux écoles dans chaque zone. Si le métier est classé en pénurie ou prioritaire, la formation sera également protégée.
Malgré tout, l’inquiétude persiste. Une pétition a déjà récolté plus de 1 000 signatures. D’autres sections sont aussi touchées comme la mécanique, l’ébénisterie-menuiserie et l’électricité.