Jonathan Sacoor: "Une chance d’être avec les Borlée"
Jonathan Sacoor évolue dans un groupe soudé et bienveillant.
- Publié le 08-09-2018 à 13h25
- Mis à jour le 08-09-2018 à 15h52
Jonathan Sacoor évolue dans un groupe soudé et bienveillant. Jonathan Sacoor se livre sur différents sujets.
Son amour pour le 400 m
"Ce que j’aime dans cette épreuve ? C’est une bonne question parce que je suis sûr que peu de gens y trouvent du plaisir au début. Après l’entraînement, on se dit parfois : ‘mais pourquoi ai-je choisi cette épreuve ?’ Après quelques années de pratique, toutefois, on n’a plus envie de changer. On ressent un tel sentiment de satisfaction, de plénitude. Je m’explique : après une séance dure, on est parfois mort, par terre, pendant 30 minutes, puis on rentre à la maison et là on sent fort le ‘runner’s high’, l’ivresse du coureur. C’est très différent du 100 m ou du 200 m où, après une course, tu te dis juste : ‘ok, c’était un bon chrono’. Le 400 m, tu le ressens au plus profond de toi, ça te procure d’autres sensations. On court contre soi-même plus que contre les autres. Un exemple : quand il a battu son record du monde, Wayde van Niekerk était au couloir extérieur, il n’a vu personne de toute la course. C’est la preuve qu’il faut d’abord se concentrer sur sa course. Si tu regardes trop les autres, tu ne peux pas bien courir. C’est un équilibre à trouver."
Ses premiers pas dans le groupe des Borlée
"Au début, c’était un peu bizarre, j’étais le nobody qui arrivait dans le groupe des grands noms. Je m’adressais aux frères en leur disant : ‘Est-ce que je peux te poser une question ?’ J’étais intimidé, mais c’est normal, ce sont de grands athlètes. J’ai cependant vite pu remarquer lors des stages qu’il règne une ambiance vraiment... familiale et chaleureuse dans le groupe, ce qui aide beaucoup pour le relais d’ailleurs. Je trouve que j’ai beaucoup de chance d’évoluer dans un groupe de cette qualité. La famille Borlée m’aide pour toutes les questions de nutrition, de technique, de musculation, de récupération. Ils sont toujours là pour moi et ça me procure beaucoup de confiance. Sans parler du staff qui nous entoure, kiné, psychologue, etc."
Du respect pour Kevin et Jonathan
"Ce qui m’impressionne chez les jumeaux, c’est la manière dont ils gèrent leur carrière, mais aussi leur calme, leur expérience. Avant la finale du relais, à Berlin, Jacques m’a appris que je serais face à Hudson-Smith. Je me suis dit: ‘Mince ! oh non.’ Mais ses consignes étaient claires : s’il est devant, tu ne le lâches pas ; s’il est derrière, tu essaies de le gêner au maximum. Dans la première chambre d’appel, Kevin m’a alors dit : ‘Je connais Hudson-Smith, je suis sûr qu’il va venir te parler. Pour t’observer, pour voir comment tu réagis.’ Et dans la deuxième chambre d’appel, quand je me suis retrouvé avec les autres relayeurs du poste 3, qui est venu s’asseoir à côté de moi ? Hudson-Smith ! ‘Hey ! Comment ça va ?’ J’étais un peu impressionné. ‘Ça a été la Finlande ? Pas trop fatigué ? Qu’est-ce que ça te fait de te retrouver chez les grands ?’ Il voulait peut-être quand même un peu me déstabiliser - il n’a d’ailleurs pas dit un mot aux autres relayeurs - mais c’était plutôt sympa. Quand j’ai retrouvé les autres, Kevin m’a dit : ‘Alors ?’ Et j’ai répondu : ‘Tu avais raison !’ (rires) Je crois que si cela s’était passé avant le 400 m, avec le stress, j’aurais été plus nerveux. En tout cas, j’étais content d’être avec les Borlée à ce moment-là."
Jacques Borlée, strict mais juste
"Bien sûr, je comprends les inquiétudes de Jacques, qui veut me protéger. Son expertise est incontestable. C’est un coach exigeant dans sa manière de travailler mais c’est comme cela qu’on obtient les meilleurs résultats. Il est strict, mais juste ! Il veut le meilleur pour ses athlètes et je suis à l’âge le plus délicat pour les blessures. Mon niveau augmente vite mais le corps n’évolue pas à la même cadence et ma technique doit encore s’améliorer. Si je refais une saison comme celle-ci, je suis quasiment sûr de me blesser. Mon corps s’habitue à peine aux exigences du 400 m et la densité osseuse n’est pas encore suffisante face aux pressions encaissées, je reste donc fragile. Par ailleurs, je suis convaincu que la décision de ne pas courir le 400 m à Berlin était la bonne. J’ai encore du temps pour montrer ma valeur."