"Homme de principes”, "cerveau", “passionné” qui imprègne le club de ses valeurs modernes: le président Alex Muzio fait l’unanimité à l'Union
Tout juste élu premier président de l’Union des clubs européens, Alex Muzio, qui fête ses 40 ans en ce mois d’avril, s’est intégré parfaitement à l’Union Saint-Gilloise depuis 2018.
- Publié le 25-04-2024 à 06h53
”Vous aurez du mal à trouver quelque chose de négatif à son sujet…” C’est peu de l’écrire, mais Alex Muzio fait l’unanimité, à l’Union Saint-Gilloise, six ans après son arrivée en tant que président et actionnaire ; d’abord minoritaire, puis majoritaire depuis l’été passé. En ce mois d’avril, le président anglais fête ses quarante ans. Fraîchement élu premier président de l’Union des clubs européens (UEC) ce mercredi 24, il espère un plus gros cadeau, encore, dans le mois qui arrive avec un titre.
Mais même s’il espère que cette saison sera la bonne, le boss du matricule 10 n’est pas un homme aveuglé par les résultats, tant s’en faut. “Il a une forme de sage réalisme”, résume Martine Klutz, administratrice indépendante au CA de l’Union depuis deux ans, maintenant, à la demande de Muzio, qui cherchait une personne compétente pour la finance et la conformité aux normes réglementaires (”compliance”) comme celle qui est passée par les étages supérieurs de Belfius et BNP, notamment. “Dès mes premiers échanges avec lui, j’ai senti qu’il avait une idée claire des domaines où il n’avait pas d’expertise et où il souhaitait s’entourer. Les recommandations que j’avais listées après mon arrivée ont rapidement été remplies. “Savoir recruter des personnes compétentes et les écouter : voilà une qualité souvent entendue. “Il sait construire autour de lui des équipes complémentaires, n’a pas peur de chercher la diversité d’opinions ni de déléguer. Combiner toutes ces qualités est plutôt exceptionnel.”
”The brain”
Pour ce qui concerne la pelouse aussi, Muzio sait s’appuyer. Il sait comment faire tourner un algorithme mieux que personne, mais n’a pas oublié qu’il n’a jamais été joueur de football. “The brain behind the Belgian Brighton”, disait le Times à son sujet, dans un portrait de l’Anglais, en octobre. Car Alex Muzio est aussi un “cerveau”. Quelqu’un dont on dit qu’il est d’une grande intelligence et a la bosse des chiffres. Une qualité qui l’a conduit à travailler dans ces statistiques qui inondent le sport, et le foot particulièrement. “J’ai la chance de travailler avec un président qui bosse dans les datas depuis une quinzaine d’années et qui a été assez gentil pour m’apprendre ce qu’il sait”, nous disait à son sujet Chris O’Loughlin, le directeur sportif de la RUSG, qui forme, avec Muzio et Philippe Bormans, le triumvirat de Saint-Gilles. L’homme a pris de l’envergure chez Starlizard, société d’analyse de statistiques monnayant ses conseils aux parieurs. Il n’y est plus actif, mais c’est là qu’il a travaillé avec Tony Bloom, dont il est devenu ami, puis partenaire d’affaires au travers de la société Langford Holding Limited, qui a racheté l’Union en 2018 et dont Muzio est donc le patron, depuis que l’UEFA a demandé plus de clarté.
Ce n'est pas le président qui débarque dans le vestiaire.
Retour sur la pelouse, là où Muzio salue ses joueurs après chaque match. Ceux qui l’ont vu discuter avec son entraîneur juste après une défaite pourraient croire que le boss aime s’imposer, mais c’est le contraire. “Il n’était pas là pour se mêler du quotidien”, se souvient Jean-Marie Philips, directeur général du club en 2018. Il écoutait, vous faisait savoir s’il y avait un problème et tranchait, comme un bon manager.” Ce n’est d’ailleurs pas avec lui que les agents de joueurs négocient. “Il est à la fois impliqué dans la vie du club et discret”, raconte Damien Marcq, passé par l’Union en 2021-22. “S’il a parlé trois fois au groupe sur la saison, c’est beaucoup. Il est là le jour du match, qu’il vit à 200 % et vous le croiserez au détour d’un couloir. Il demandera des nouvelles de façon bienveillante. Mais il m’a donné le sentiment de faire confiance à ceux qui devaient s’occuper de l’équipe. Il n’a pas le profil du président qui vient dans le vestiaire après le match. Je ne l’ai jamais vu piquer une crise sur un joueur. Il faut dire qu’on gagnait souvent”, sourit le médian aujourd’hui sur une voie de garage à Charleroi.
Écologie, “B-corp” et droits de l’homme
Ce père de deux enfants qui fait les allers-retours entre Londres et Bruxelles, où il est domicilié avec son épouse, est un homme de principes. Si l’Union est le premier club de foot au monde à avoir reçu la notification “B-Corp”, c’est à lui qu’elle le doit. Car le jeune quadra est guidé par des valeurs modernes qui collent à l’identité de son club. La majorité de ses supporters affiche un credo “anti fascisme” que ne renierait pas Muzio, qui n’a d’ailleurs pas fait le déplacement au Fenerbahçe pour des convictions personnelles liées aux droits de l’homme. Si l’Union a passé un partenariat avec Brussels Airlines pour utiliser du carburant durable (SAF), c’est parce que le président est sensible à la question du climat et engage son club. Le futur stade de l’Union se voudra d’ailleurs à la pointe en termes d’écologie et l’Union a rejoint en 2021 le programme des Nations Unies “le sport pour l’action climatique”.
Il s'est fondu dans l'esprit de famille de l'Union.
Jean-Marie Philips a vite compris que Muzio était une bonne pioche : “Dès son arrivée, j’ai senti qu’il n’était pas dans sa tour d’ivoire ; qu’il n’avait pas un ego surdimensionné.” Ce qui est parfois le tort de dirigeants qui tiennent trop à prouver à cause de leur jeune âge. “Il a su lâcher son attachement à son pays d’origine pour se fondre dans la 'Belgitude', dans l’esprit de famille de l’Union." À l’heure où de nombreux supporters vilipendent leurs propriétaires, surtout lorsqu’ils viennent de l’étranger, il faut souligner l’image très positive dont Muzio auprès des fans de la RUSG, qui ont d’ailleurs parfois eu le plaisir de le voir se joindre à eux pour boire un verre, en déplacement européen.
”C’est quelqu’un qui a véritablement une vision pour le club, un passionné conduit par des principes et des valeurs”, conclut Martine Klutz. “Je ne l’ai jamais vu s’énerver, si ce n’est exprimer parfois un peu de frustration sur une phase de match. Il ne perd pas son sang-froid et n’a aucune envie de faire des vagues.” Ce qui n’empêche pas l’écume qu’il laisse derrière lui d’être des plus positives.