Jean-Michel Javaux parle de ami Venanzi:"Bruno mérite vraiment ces playoffs 1"
Venanzi peut, ce dimanche, accéder au Top 6. Son ami, Jean-Michel Javaux, raconte comment il le voit dans ses nouvelles fonctions.
- Publié le 10-03-2018 à 07h40
- Mis à jour le 10-03-2018 à 13h56
Venanzi peut, ce dimanche, accéder au Top 6. Son ami, Jean-Michel Javaux, raconte comment il le voit dans ses nouvelles fonctions. Le Standard et Bruno Venanzi : lorsque Jean-Michel Javaux est appelé à s’exprimer sur ces deux sujets, il est difficile à stopper, à un point tel que sa passion lui fait parfois perdre le fil de ses idées. Le président de Meusinvest, et ancien président d’Ecolo, est un grand supporter du club depuis sa plus tendre enfance, lorsqu’il se rendait "au stade avec son père, tout le temps à la même place pour voir mon idole Asgeir Sigurvinsson", mais il est aussi un ami proche du président. Et ce dimanche, il se réjouit de le voir se qualifier, pour la première fois, pour les playoffs 1, même si "Ostende me fait un petit peu peur".
Comment avez-vous rencontré Bruno Venanzi ?
"Cela devait être en 2004 ou 2005, au tout début de son aventure Lampiris. À l’époque, j’étais jeune président d’Ecolo et nous participions à un week-end de prise de parole sur divers sujets. Durant les temps libres, nous avons rapidement connecté. Il a une forme d’humour que j’aime beaucoup avec une sacrée dose de second degré, et nous avons quelques passions communes, comme la musique et le football. Depuis lors, nous ne nous sommes plus perdus de vue."
Quel élément vous a le plus marqué ?
"Je dirais son humilité. Par la suite, je suis rentré au conseil d’administration de Lampiris et je l’ai donc côtoyé dans son univers professionnel. Jusqu’alors, j’étais habitué à voir des patrons en costard-cravatte qui approchaient la soixantaine, mais lui était différent. Il se déguisait au moment de la Saint-Nicolas, faisait des sketches à la fête du personnel et défilait dans les bureaux pour une campagne contre le tabagisme. Ce comportement était naturel, nullement calculé et je pense que cela lui permet de mieux faire face aux crises ou aux difficultés."
Quel type de supporter était-il à l’époque ?
"Il était déjà un très fervent supporter du Standard. Nous étions l’un à côté de l’autre lorsque Sinan Bolat a mis son fameux but contre l’AZ Alkmaar. Nous avons explosé comme si nous avions gagné un titre et nous avons dansé autour de la table (sourire). À ce moment-là, il était tellement pris par les matches qu’il ne fallait surtout pas venir lui parler d’économie, cela ne l’intéressait pas !"
Est-il plus calme aujourd’hui ?
"Il est tendu le jour d’un match, mais c’est normal car il y a énormément de pression. À la mi-temps, il fait quand même le tour des différents partenaires alors qu’il sait qu’il va être interpellé par tout le monde. Moi, je l’ai vu à la pause du match contre Anderlecht. Le Standard perdait 2-3 alors qu’il avait livré une super première mi-temps, je lui ai alors dit que cela allait tourner dans le bon sens. J’essayais de le motiver, ce n’était pas le moment de déconner (il rit)."
Finalement, est-ce plus difficile d’être politicien ou président d’un club de foot ?
"Un président, il n’y a pas un jour durant lequel on le lâche un petit peu. Un homme politique va choisir un média pour faire une sortie puis il sait qu’il sera exposé durant un jour ou deux, c’est donc bien différent. En politique, si on dit une connerie, c’est de notre faute alors que Bruno n’est pas tout le temps responsable de ce qui se passe sur le terrain. Il ne va quand même pas monter sur la pelouse pour aider ses joueurs. Lui, il est pratiquement en période électorale tous les week-ends."
Avez-vous été surpris de le voir intégrer l’organigramme du Standard ?
"Lorsque je l’ai rencontré, je n’aurais jamais imaginé le retrouver à la présidence du club. Il était alors très actif dans l’économie et symbolisait un peu les patrons de la nouvelle génération. Par exemple, il va aller voir le concert de Muse dans la pleine de Werchter avec ses copains d’histoire et il ira chercher des chopes au bar. Et pas nécessairement celui réservé aux VIP. Il adore ça, et ce n’était pas courant il y a quelques dizaines d’années. Lorsqu’il nous a annoncé qu’il était nommé vice-président du Standard, c’était une super nouvelle pour nous car nous allions avoir quelqu’un à l’intérieur du club pour nous raconter comment ça se passait ! Nous l’ennuyions en lui disant d’acheter tel joueur ou de vendre tel autre."
Vous a-t-il consulté avant de racheter le club ?
"Quand Roland Duchâtelet a annoncé son intention de vendre le Standard, Bruno a pris conseil auprès de quelques proches, dont moi, pour savoir si c’était casse-gueule ou pas. Personnellement, je lui ai conseillé de foncer : je suis un homme de défi et plus cela semble grand, plus c’est tentant. Il avait une équipe à reconstruire et je lui ai dit d’être patient. Je me souviens même lui avoir envoyé un message pour lui raconter une histoire : lors de ma première élection avec Ecolo, en 2004, on nous annonçait la mort du parti mais Jacky Morael m’avait dit qu’il faudrait du temps pour tout reconstruire. Et en 2009, nous y sommes parvenus. Il faut donc entre trois et cinq ans mais lorsqu’il y a une victoire au bout, comme celle en Coupe de Belgique, on se dit que ça valait la peine. Cette victoire en 2016, il l’a fêtée comme s’il venait de gagner la Coupe du Monde des minimes."
Il ne vous a jamais proposé de le rejoindre ?
"Ah, bonne question, ça (il rigole) . Il ne me l’a pas proposé directement, mais on en parle souvent sur le ton de la plaisanterie. Je suis bourgmestre et ce n’est jamais bon de donner une couleur politique à un club de football."
Comment jugez-vous son action jusqu’à maintenant ?
"Son gros atout, c’est qu’il est liégeois. Sous Duchâtelet, les entreprises de la région ressentaient moins cet ancrage, mais on sent que tout cela est de retour depuis l’arrivée de Bruno. Il ne résume pas le club au simple terrain, il pense aussi au projet du stade, aux différents aménagements et au business-center. Il est ambitieux mais il ne fera pas de folie financière pour un simple coup de cœur. Pour le moment, je trouve qu’il arrive très bien à faire progresser l’équipe, tout en développant le club sur le côté. Beaucoup n’y sont pas parvenus, notamment sur un simple plan financier."
On a aussi l’impression qu’il adore ses joueurs.
"Quand Scholz est arrivé au Standard, il lui a directement tapé dans l’œil car il lisait un bouquin de Hegel. Mais il parle aussi à Jonathan Legear de ses investissements immobiliers et de la vie quotidienne. Bruno aime échanger, discuter, partager. Et il a une immense culture. Si vous participez à un blind-test avec lui, j’espère que vous êtes bien préparé sinon il vous écrasera."
Trouvez-vous que les critiques le concernant ont parfois été trop virulentes ?
"J’ai simplement trouvé qu’on ne lui laissait pas suffisamment de temps. Même Alex Ferguson en a eu besoin à Manchester United. Il devait prendre ses marques, construire une équipe autour de lui. Je trouve, personnellement, qu’il a bien débuté sa nouvelle aventure car il a pris de l’expérience dans ce nouveau costume. Il y a également moins de transferts ratés qu’auparavant, même si je ne comprends pas pourquoi Koutroubis n’est pas encore au top de sa forme. Il a aussi donné une chance à des jeunes comme Marin, par exemple. Le plus gros danger avec le succès actuel, c’est que nos meilleurs joueurs attirent l’attention de l’étranger."
Cette accession aux playoffs 1, il la mérite ?
"Vraiment ! Je ne serai pas présent au match ce dimanche, je le suivrai à la télévision. Je lui enverrai un petit message d’encouragement avant le coup d’envoi. Je le fais de temps en temps pendant une rencontre aussi, pour lui dire si les décisions de l’arbitre sont bonnes… ou pas."
C'est Jean-Mi qui l'a dit...
Sa passion: "On m’a imité en train de regarder un match : je ne me reconnaissais pas !"
Jean-Michel Javaux est un vrai fan de foot et ce, depuis de très longues années. "Je peux regarder entre quatre et cinq matches par week-end. Pour mes cinquante ans, mon amoureuse m’avait fait une surprise : elle avait tourné un petit film où elle m’imitait devant la télévision pendant un match du Standard. Je n’en revenais pas, je lui ai dit que ce n’était pas possible que je sois comme ça, rigole-t-il. Tous les samedis, je joue avec une équipe chez les amateurs. Parfois, je sens que les adversaires ont peur d’aller au contact avec moi, mais je leur dis tout le temps d’y aller à fond et de me tacler."
Très actif sur Twitter: "Marc Delire a déconné en disant que Cavanda avait fait le plus gros scandale de la saison"
Jean-Michel Javaux est très actif sur les réseaux sociaux durant un match du Standard. "Je tweete tout le temps à chaud. Et je le regrette souvent (rire). Parfois, il vaudrait mieux que mon téléphone soit loin de moi." Dernièrement, il s’en était pris à la neutralité de Philippe Albert. "Je connais un peu Philippe mais je trouve qu’il faut davantage équilibrer les plateaux TV. À Charleroi, Albert assurait les commentaires et Tainmont était en plateau. Oui, il y avait aussi Legear mais, pour le moment, il a une dent contre le Standard. Dans l’émission Match of the Day , il est impossible d’avoir deux anciens joueurs de Liverpool en même temps."
Il avait également reproché à Marc Delire d’avoir décrit la faute non sifflée de Cavanda contre Malines comme le plus gros scandale de la saison. "Il ne faut pas déconner ! Il sait déjà qu’il n’a pas une grosse cote de popularité au Standard et il dit cela après avoir traité les supporters anderlechtois de macaques. Ce qui était très, très limite. Je ne dis pas qu’on ne peut rien dire sur le Standard mais, parfois, il faut avoir un peu de retenue."
Ses joueurs favoris: "Cavanda, numéro 2 chez les Diables"
Difficile, pour Jean-Michel Javaux, de choisir son joueur favori. "Je suis un vrai fan de Mehdi Carcela. Il est même encore plus fort que lors de sa période avec Witsel, Defour et tous les autres. Par exemple, il est beaucoup plus solide dans les duels. Et il n’a rien perdu de sa simplicité. Au risque de fâcher tous mes amis, je trouve aussi que Carlinhos est merveilleux. D’accord, il est lent et lourd, mais il a du foot dans les pieds et un vrai potentiel. J’aime aussi beaucoup Luis Pedro Cavanda. Il peut faire une boulette de temps en temps mais techniquement et offensivement, c’est costaud. Il pourrait être un bon numéro 2 chez les Diables à ce poste-là."
E-change "Bruno n’a pas d’étiquette politique"
Bruno Venanzi fait partie des contributeurs d’E-Change. La réunion de mardi dernier a même eu lieu à Sclessin. "Il n’aime pas être spectateur de la vie, mais bien acteur. Il n’a jamais eu l’intention de profiter de sa fortune tout seul. Bien au contraire, il va prendre une partie de son argent pour aider des jeunes à lancer une start-up. Il est également impossible de lui coller une étiquette politique. Il est très social mais aussi libéral, dans sa volonté d’aider les indépendants, et écologiste via son expérience avec Lampiris. Avec E-Change, l’idée est de compter sur des gens qu’on ne peut pas enfermer dans des cases. Et il correspond à ce profil."
Arbitres: "Je suis un acharné de l’arbitrage vidéo"
Sur son compte Twitter, @jmjavaux a du mal à rester calme face aux décisions arbitrales. Affirmant même qu’il y a un complot anti-Standard. "Bien sûr que c’est de la parano et de la mauvaise foi, sourit-il. Il y a quand même un réel problème de qualité à ce niveau en D1. Ce n’est pas un hasard si nous n’avons pas d’arbitre au Mondial. Je suis pour l’arbitrage vidéo mais il faut y mettre un maximum de moyens." Il ne comprend pas certaines décisions : "Contre Anderlecht, un juge de ligne a pris des décisions importantes. Une semaine plus tard, il était de nouveau à Sclessin et il s’est encore trompé deux fois. Choix étrange ! Et puis, je n’ai pas compris pourquoi M. Boucaut avait tenté de justifier ses erreurs contre Bruges. Il aurait paru plus humain s’il avait reconnu s’être trompé, comme l’a fait M. Lambrechts le week-end dernier."