Physique douteux, divorce populaire, système tactique inadapté et soucis privés : les raisons du retour manqué de Moussa Djenepo au Standard
Attendu par certains comme un potentiel “messie”, Moussa Djenepo n’est plus que l’ombre de lui-même depuis son retour au Standard. Un flop qui s’explique par des paramètres sportifs et personnels.
- Publié le 03-05-2024 à 10h02
Lorsque l’on tape “Djenepo” dans la base de données des photos, à la rédaction, les clichés de lui tête basse, ou enfuie dans le maillot, l’air déçu ou dépité, sont pratiquement plus nombreux que ceux le montrant souriant, réussissant un dribble ou célébrant un but. Cette anecdote de journaliste, à peine exagérée, résume les huit premiers mois du Malien, de retour au Standard depuis début septembre 2023.
Alors considéré comme le transfert phare de la direction – pour un montant avoisinant les 3 millions d’euros pour certains, nettement moins mais avec un pourcentage à la revente pour d’autres –, il est aujourd’hui incontestablement à classer parmi les flops.
La fin de saison approche et sa situation reste problématique. Mais Moussa Djenepo, sous contrat jusqu’en 2026, peut invoquer des circonstances atténuantes que l’on a creusées.
1. Un état physique douteux
La première explication pouvant éclairer le retour manqué de Djenepo au Standard concerne son outil de travail principal : son corps. Le Malien a visiblement été abîmé par ses trois saisons et demie en Premier League, à tel point qu’il aurait raté au moins partiellement sa visite médicale avant de signer son retour en bord de Meuse.
De sérieuses réserves auraient été émises par le staff médical. Mais la direction, dans l’urgence et sous la pression, aurait malgré tout tenu à valider le transfert.
Ce que le joueur, après ces révélations dans nos colonnes, avait réfuté. “Moussa n’avait pratiquement pas eu de préparation puisqu’il avait été écarté à Southampton, et les tests passés à Liège étaient basiques, mais il ne se plaignait pas du genou”, nous assure-t-on dans son entourage.
Quoi qu’il en soit, Djenepo donne toujours l’impression d’être en délicatesse physique. Comme s’il n’avait pas ou peu confiance en son corps. Terriblement problématique pour un joueur basant son jeu sur l’explosivité, le dribble et la provocation.
2. Un divorce populaire
De l’amour à la haine, il n’y a parfois… que quelques semaines. Acclamé lors de ses premières apparitions en rouche cette saison, celui que Sclessin adulait il y a cinq ans pour ses enchaînements et sa magie est désormais allègrement hué.
Les supporters, mécontents de ses performances, le considérant pour la plupart comme un mercenaire, ont fini par le prendre en grippe au fil des semaines. Il est presque systématiquement sifflé lorsqu’il est remplacé ou qu’il monte au jeu. Un traitement qui ne l’aide pas à se libérer ni à se relever mentalement. Or, il est un homme et un joueur ayant besoin d’amour et de sourire.
Le laisser jusqu'à la mi-temps ? J'aurais pu. Mais quand tu vois qu'un joueur est à la peine, pourquoi attendre ?
Pourtant, jusqu’ici, tant Carl Hoefkens qu’Ivan Leko lui ont manifesté leur confiance. À gauche, il est le choix numéro 1 du Croate, qui a plusieurs fois pris sa défense publiquement, le félicitant pour son travail à l’entraînement.
D’où l’étonnement quand, lors du partage contre Saint-Trond (1-1, le 27 avril), Leko a décidé de remplacer Djenepo dès la 41e minute. Une erreur de management. Car à quatre minutes près, il aurait épargné les sifflets furieux de Sclessin à son joueur.
”C’était un changement difficile, avait admis Leko. Moussa avait fait une montée déterminante contre Malines mais, cette fois, je l’ai senti sans énergie. Dans un jour sans. Ça arrive. Le laisser jusqu’à la mi-temps ? J’aurais pu. Mais d’un autre côté, quand tu vois qu’un joueur est à la peine, pourquoi attendre ?”
3. Un système de jeu inadapté à ses qualités
Au moment d’officialiser le retour de Djenepo, le 5 septembre 2023, la direction liégeoise s’était félicitée d’avoir su boucler ce qu’elle considérait comme le gros coup de son mercato. “Tout le monde à Sclessin et en Belgique connaît les qualités de Moussa. Sa vitesse, ses dribbles déroutants, sa capacité à marquer et à faire marquer vont être des atouts supplémentaires pour notre secteur offensif, avait déclaré le directeur sportif Fergal Harkin. Moussa revient dans son club de cœur qui a lancé sa carrière et il est impatient d’aider l’équipe et d’apporter son expérience acquise en Premier League.”
Il est incapable de faire tout le flanc même s'il fait tout ce qu'il peut pour respecter les consignes.
Quelle aide ? Quel apport ? Au-delà de ses statistiques totalement insignifiantes (1 but), sa plus-value dans le jeu reste parcimonieuse, voire nulle. Le Malien semble bridé. Ses dribbles sont stéréotypés. Il a longtemps semblé déconnecté du reste de l’équipe, bien que des améliorations aient pu être constatées ces dernières semaines. Mais le constat global reste que Djenepo n’a que trop rarement créé la différence, lui qui pouvait dérouter des défenses entières lors de sa première belle saison liégeoise (2018-19).
En réalité, en privé, l’ancien joueur de Southampton se sent grugé. Il déplore le système de jeu utilisé, qui ne convient pas à ses qualités. On lui aurait vendu un 4-3-3, voire un 4-4-2 dans lesquels il n’aurait pas eu autant de travail défensif à assurer.
Dans le schéma actuel, où il évolue piston gauche, ses nombreuses courses vers l’arrière le desservent. “Il est incapable de faire tout le flanc même s’il fait tout ce qu’il peut pour respecter les consignes”, nous affirme un proche suiveur.
4. Des soucis privés qui le tracassent
C’est un paramètre occulte et impalpable depuis l’extérieur, mais qui peut naturellement toucher chaque homme derrière le joueur. Et élucider certains passages à vide. Depuis son retour en Belgique, Moussa Djenepo est également confronté à des soucis d’ordre privé. Un père n’aime jamais être éloigné de son fils trop longtemps.
Il était justement revenu à Liège pour regoûter à un climat serein et chaleureux après des derniers mois difficiles à Southampton où sa famille ne se plaisait plus. Mais Djenepo s’attendait à un deuxième chapitre plus positif, plus joyeux, dans le club de son cœur. Qu’il ne retrouve pas dans le Standard actuel.
Il envisage l'hypothèse d'un départ dès cet été.
Les remous en interne et les retards de paiement ont également pu le déstabiliser, d’autant plus qu’il avait accepté de diminuer ses émoluments d’environ un tiers pour revenir à Liège, malgré certaines clauses et bonus pouvant compenser cet écart.
Ce qui ne l’empêche pas d’envisager l’hypothèse d’un départ dès cet été. Encore faudrait-il qu’il y ait des candidats et que toutes les parties s’y retrouvent. Dans le cas contraire, il est à espérer pour le Standard qu’il retrouve le vrai Moussa Djenepo.