André Cruz: "Voir Sclessin dans cet état, ça fait mal"
De passage en Belgique, l’ancien défenseur central rouche a suivi les événements du Standard à distance. Rencontre.
- Publié le 21-10-2014 à 13h45
- Mis à jour le 21-10-2014 à 18h53
De passage en Belgique, l’ancien défenseur central rouche a suivi les événements du Standard à distance. De passage en Belgique, c’est à la télévision qu’André Cruz a vu les scènes de désolation de Sclessin, dimanche après midi. Et il ne cache pas que cela lui a fait mal.
"J’ai passé de très bons moments à Sclessin. Des moments difficiles, aussi. Mais, jamais, je n’avais assisté à de telles scènes. Au Brésil, c’est courant et c’est même parfois bien plus grave : à São Paulo, les supporters ont tiré à la carabine sur les voitures des joueurs. Mais en Belgique…"
André Cruz comprend la frustration des supporters du Standard. "Quand on est supporter d’un grand club, qu’on est habitué à la victoire, ça fait mal de voir l’équipe s’enliser dans les profondeurs du classement et de ne pas avoir l’impression que tout est fait pour s’en sortir. Le Standard, c’est bien souvent une grande partie de leur vie. Même si cela ne justifie évidemment pas les actes de violence qui ont été commis."
Pour le reste, le Brésilien ne veut pas se prononcer sur le fond d’un problème qu’il ne connaît pas suffisamment.
"Je continue à me tenir de très près au courant de ce qui se passe en Belgique, mais ce n’est pas sur base de quelques images qu’on peut juger une situation. Tout ce que j’ai constaté, ces derniers temps, c’est qu’il manque un visage au Standard et cela pourrait, en partie, expliquer qu’on en arrive là."
André Cruz explique ainsi que lui-même, en tant qu’ancien de la maison, ne sait plus très bien à qui s’adresser à Sclessin en ce moment.
"Au cours des deux dernières années, lorsque j’étais revenu, j’avais encore eu de très bon contacts avec Mircea Rednic et Jean-François de Sart (NdlR : le Standard avait même engagé l’attaquant brésilien Luis Fyllipe, qui avait inscrit plus de 20 buts en Espoirs, mais n’avait jamais reçu sa chance en équipe première). Depuis que Jean-François est parti, son rôle n’a pas été repris. Partout dans le monde, les clubs tendent à se structurer, avec des responsables par département. Au Standard, tout semble reposer sur Monsieur Duchâtelet. C’est peut-être un peu trop pour un seul homme dans un club d’envergure internationale."
“Je prendrais Hellers comme entraîneur”
On ne peut évidemment s’empêcher de lui poser la question : et si Roland Duchâtelet profitait de son passage chez nous pour le kidnapper et relancer le Standard ? “Ha ha! qui sait?” rigole-t-il. “Entraîneur, ça ne me paraît pas être un boulot pour moi. Mais directeur sportif, pourquoi pas, après tout ? Si c’était le cas, je sais déjà qui je prendrais comme entraîneur : Guy Hellers !”
Les deux hommes ont joué ensemble pendant quatre ans. “Nous étions même voisins”, dit-il. “C’est un gars qui a le Standard dans la peau. Après ma carrière, j’ai gardé de bons contacts avec lui, notamment lorsqu’il était entraîneur de l’équipe nationale, où il a abattu un boulot formidable. C’est un gars qui a du charisme et c’est un constructeur. C’est sans doute de cela que le Standard a le plus besoin.”
Invité à être directeur du club de Gama (Brasilia)
Son futur (?) club jouait mardi soir à La Louvière et mercredi à Charleroi.
La présence d’André Cruz au Standard est directement liée à son avenir proche. Aujourd’hui agent de jeunes joueurs, il vient d’être invité par le président du club de Gama, à Brasilia, pour occuper la fonction de directeur. Il devrait donner sa réponse dans quelques jours.
"L’équipe est actuellement en stage à La Louvière et j’en ai donc profité pour la découvrir", dit-il. "Gama est le club traditionnel de Brasilia. Ces dernières années, en raison de difficultés financières, il a perdu sa place au profit de Brasiliense, mais le président de ce club est aujourd’hui derrière les barreaux tandis que Gama redécolle. C’est un club qui compte 1.200 jeunes, un bon stade, un complexe d’entraînement de qualité… De plus, Brasilia est un état stable. Le club évolue actuellement en D1 du championnat de Brasilia et, s’il est champion, il pourra disputer le championnat de D2 brésilienne. Cela me semble idéal pour restructurer, investir dans la formation. Si j’accepte, ce sera certainement un très grand défi."
Gama a formé plusieurs joueurs connus comme Lucio (ex-Bayern), Sandro (ex-Totteham) ou Leandro (Palmeiras). Aujourd’hui, il possède plusieurs jeunes de 16-17 ans dont André Cruz pense, pour les avoir vus à l’œuvre, qu’ils peuvent s’imposer en Europe.
"Pratiquement, aucun club belge ne peut s’offrir un professionnel brésilien de D1, D2 voire D3", dit-il. " Par contre, des jeunes comme ceux-là ont une qualité technique supérieure à ce que je vois ici. Bien sûr, leur apprentissage n’est pas terminé. Ils sont un peu dans la situation de Luis Oliveira ou de Rubenilson lorsque ceux-ci ont débarqué en Belgique."
Le club de Gama a profité de ce stage pour disputer plusieurs matches amicaux et, malgré l’accumulation de ces parties, l’équipe, composée de jeunes, s’est assez bien débrouillée puisqu’elle a battu les U21 de Charleroi 5-1 et l’Excelsior Rotterdam (0-1). Elle a aussi fait match nul contre NAC (1-1) et s’est inclinée 2-0 à MVV. Elle jouera encore deux matches intéressants avant son départ : ce mardi (19 h 30) à La Louvière et mercredi (14 h 30) contre une équipe mixte de Charleroi.