Mehdi Bayat: "J’ai séquestré Mogi pour avoir Massimo Bruno"
Grâce à une fin de mercato agitée et une victoire face à Mouscron, Mehdi Bayat et Charleroi respirent et repartent de l’avant
- Publié le 03-09-2018 à 06h59
- Mis à jour le 03-09-2018 à 16h02
Grâce à une fin de mercato agitée et une victoire face à Mouscron, Mehdi Bayat et Charleroi respirent et repartent de l’avant
"Je suis content, je vais enfin pouvoir dormir…"
Mehdi Bayat a les traits tirés mais le sourire aux lèvres, au moment de quitter le stade du Mambourg, samedi soir. La victoire acquise face à Mouscron (3-1), la première à domicile cette saison, a rassuré tout le monde à Charleroi, lui le premier.
D’autant que trois des recrues de fin de mercato (Adama Niane, Massimo Bruno et Victor Osimhen) ont déjà montré de belles choses. Ce qui est, forcément, de bon augure pour la suite, alors qu’on parlait de crise il y a moins de huit jours…
Mehdi, en une semaine, le public est passé de "Bayat casse toi de chez nous" à "Allez Mehdi saute avec nous". Quel retournement de situation….
"Dans le football, les choses peuvent aller très vite. On en a la preuve. Je pense que le public, au fond de moi je l’espère, n’a jamais vraiment voulu que je me casse de Charleroi. Je pense que le public a encore un esprit fragile, qui a souffert durant de nombreuses années et, de temps en temps, quand il entre dans un scénario un peu compliqué, il a peur. Et je pense que c’était un signe de peur auquel on a assisté la semaine passée."
Et vous, vous avez eu peur ?
"L’être humain que je suis a eu mal. Mais le dirigeant doit passer au-dessus de cela. Je sais que cela fait partie du football, c’est comme ça. Le plus important étant de gagner ce samedi soir pour se donner un bon bol d’oxygène. C’est la réalité, il ne faut pas tourner autour du pot. Et puis surtout, le plus important à retenir, c’est l’apport, déjà, de trois renforts, qui ont eu déjà la possibilité de démontrer que c’était déjà de vrais renforts, avec de la qualité mais surtout de la présence immédiate. Je pense que ce soir, les mecs ont montré qu’ils pouvaient apporter quelque chose à l’équipe."
Adama Niane a marqué et a livré une grosse prestation. Il est déjà le remplaçant de Kaveh Rezaei.
"Oui, très clairement. Mais je tiens à préciser quelque chose à son propos. Nous n’aurions jamais pu acheter Adama Niane au mois de juin ou en juillet. Le départ, qui n’était pas prévu, de Kaveh Rezaei nous a permis de nous positionner différemment sur lui, comme sur d’autres profils."
Quel bilan faites-vous du mercato ?
"Aujourd’hui, je suis très content. Kaveh Rezaei est parti pour le montant de transfert le plus important de l’histoire entre deux clubs belges. Cela nous a permis de passer un palier, d’aller chercher des joueurs qui vont réellement apporter un plus à cette équipe. Avant, on vendait pour deux ou trois millions, on était content. Et on avait déjà passer un palier puisqu’encore avant, on vendait pour 500.000 €. Je me souviens avoir vendu Onur Kaya pour un prix proche de 500 000 € et j’étais heureux car cela m’a permis de payer les salaires à la fin du mois. Ce temps-là est bien loin. La chose qu’il faut retenir, c’est que Charleroi a grandi. On gère nos transferts différemment, les montants sont plus importants. Désormais, si un club veut venir chercher un cadre du Sporting de Charleroi, il faudra être dans la zone de prix de Rezaei. Sinon, cela ne sert à rien de venir aux nouvelles."
Vous auriez quand même cassé votre tirelire sans le 3 sur 15 initial ?
"Dans tous les cas de figure, on devait se positionner. Mis à part Niane, qui est vraiment le remplaçant de Rezaei, les autres étaient des transferts logiques et attendus. On devait remplacer Amara Baby, je pense que Massimo Bruno va le faire. On a déjà vu ce soir qu’il avait de très beaux restes, si je peux m’exprimer ainsi. David Henen, c’est du belge, c’est jeune. On a aussi fait un défenseur en plus. Gabriele Angella est une valeur sûre incontournable. Même si face à Mouscron on a retrouvé un peu de sérénité derrière avec le retour, je le rappelle, de la ligne défensive qui a fait 15 sur 15 la saison passée en début de championnat. On voit que Nico Penneteau est encore là. Ce sont des signaux très importants."
L’arrivée de Bruno est aussi un énorme signal. Le recruter, c’est un très joli coup.
"Sur ce mercato, je vais le dire très franchement. Un, j’ai la chance d’avoir une machine de combat à côté de moi qui est Pierre-Yves Hendrickx qui a fait un travail extraordinaire, car tous les joueurs que nous avons transférés étaient déjà qualifiés ce samedi soir. Il fallait le faire. Car il ne faut pas croire qu’un transfert se fait comme ça. Et deux, j’ai la chance de très bien connaître l’agent de Massimo Bruno. J’ai d’ailleurs séquestré mon frère, Mogi Bayat, qui est le meilleur agent de Belgique, dans mon bureau, vendredi. Je lui ai dit: ‘Tu ne pars pas d’ici tant que je n’ai pas Massimo Bruno ’. Il a facilité les tractations avec le joueur et le club. Et Massimo Bruno est arrivé ce samedi à Charleroi. Et moi, évidemment, j’ai contribué financièrement à ce que cette opération se fasse. Il en était de ma responsabilité. Il faut quand même bien que j’ai servi à quelque chose dans ce transfert ( rires ). Mais moi, je suis un chef d’entreprise, je ne suis pas agent, je ne suis pas secrétaire général ou correspondant qualifié. Et pour pouvoir bien fonctionner, je dois avoir les bonnes personnes autour de moi."
Certains vous ont parfois qualifié de grippe-sou. Et en une semaine, vous avez battu deux fois le record du transfert entrant le plus cher de l’histoire du Sporting, avec Niane et Bruno, si l’on excepte le cas particulier de Dodi Lukebakio.
"Je ne sais pas pourquoi on a voulu me coller cette image de grippe-sou. Sincèrement, j’ai toujours essayé de motiver mes joueurs en participant financièrement. Charleroi a payé près de 100 points l’année passée. La seule manière que j’ai, moi, de participer au sportif, c’est de booster mes joueurs financièrement. Je n’ai jamais eu le sentiment que j’étais grippe-sou. Par contre, est-ce que je suis un bon dirigeant ? Oui. Est-ce que je suis un dirigeant responsable ? Oui. Est-ce que je dépense de l’argent que je n’ai pas ? Certainement pas. Je dépense ce que j’ai. Et j’essaye de faire en sorte que le club puisse avancer de manière claire et intelligente pour mettre en place tous les différents projets que j’ai acté. Aujourd’hui, le Sporting Charleroi est le 6e club de Belgique, juste derrière le G5, sur la moyenne des cinq dernières saisons. Quand on compare cette situation à 2012, il est logique que les attentes soient plus importantes et je l’accepte. On vivra probablement encore des moments difficiles. Mais pour l’instant, je peux dormir sereinement en me disant qu’on a bien travaillé, qu’on a pris les bonnes décisions. Le Sporting va continuer son petit bout de chemin qui l’amènera, je l’espère, à faire une belle saison."