Sur les traces de Roberto Martinez, en Espagne: "C’était un médian intelligent et généreux"
Les proches de Roberto Martinez nous racontent comme il est devenu joueur, puis entraîneur. Découvrez la suite notre enquête en Espagne.
- Publié le 01-09-2016 à 13h14
- Mis à jour le 01-09-2016 à 13h26
Les proches de Roberto Martinez nous racontent comme il est devenu joueur, puis entraîneur. "Quand Roberto avait sept ou huit ans, il nous l’avait dit : je ferai carrière dans le foot. Je l’ai cru tout de suite."
Ces mots sont ceux d’Andreu Martinez, membre de la famille élargie du nouveau sélectionneur des Diables. Il fait partie des membres du clan Martinez qui nous ont reçus à Balaguer, dans la modeste ville catalane où Roberto a vécu toute son enfance et où il est devenu joueur, tout en montrant déjà des dispositions certaines pour le coaching. L’histoire footballistique de Roberto a commencé très tôt, grâce à son père. Roberto Senior était joueur au Balaguer CF, club de D3 espagnole. Il avait sillonné l’Espagne, mais avait décidé d’y achever sa carrière. Son fiston le suivait partout.
"Très souvent, Roberto venait sur le terrain avec son père quelques heures avant le match ou alors juste après", raconte Andreu. "Il avait toujours avec lui son meilleur ami : le ballon !"
Dès cinq ans , Roberto a commencé à jouer à l’école, puis au football en salle, avant de s’inscrire à neuf ans dans le club du paternel. À force de travail et de sérieux, Roberto réussit à signer un contrat pro à Saragosse à l’âge de 16 ans.
"Le jour de son départ, j’ai pleuré", se souvient son père.
Saragosse n’était qu’à deux heures de route mais le fils quittait le cocon familial. En marge du football, il obtient un diplôme universitaire en physiothérapie. Avec son premier (modeste) salaire de joueur, il offre à ses parents un faux diamant et une fausse Rolex. Qui deviendront des vrais plusieurs années plus tard, quand il aura empoché ses salaires anglais…
Mais à Saragosse, ses débuts sont timides : il ne joue finalement qu’un match de Liga, à l’âge de 20 ans. Ce qui l’incite, en 1994, à revenir à Balaguer, en D3.
"Il était un échelon plus bas mais Roberto est resté super pro", explique Andreeu. "C’était un médian disposant d’une grande intelligence, d’une très bonne technique et qui couvrait beaucoup de terrain. Il n’arrêtait pas de faire des allers-retours. On le voyait beaucoup défensivement et tout autant offensivement. C’était aussi un joueur solidaire et généreux, qui aidait ses équipiers dans les tâches ingrates."
Ce caractère de battant, Roberto l’a aussi hérité de son père. "Quand Roberto Senior revenait après une défaite, ce n’était pas simple pour ses proches", raconte Pau. "C’était un deuil de trois jours ! Nous sommes tous comme ça dans la famille. On n’aime pas perdre…"
Andreu confirme : "Le père de Roberto lui a transmis une chose essentielle : l’esprit de compétition. Il lui a toujours demandé de tout donner. Il lui disait que face à un adversaire plus fort, si on voulait avoir une chance, il fallait commencer par donner le maximum de soi. Son père lui a aussi inculqué l’importance d’une bonne hygiène de vie. Moi, je n’ai jamais vu Robert avec un verre d’alcool. Il vivait pour le foot. Nous étions jeunes et avec l’équipe, on allait parfois jusqu’à Lleida pour faire la fête. Mais Roberto ne buvait pas et ne fumait pas non plus…"
La suite de l’histoire s’est écrite très loin de Balaguer. À 22 ans, Roberto eut la chance de signer à Wigan, en D3 anglaise. C’était le début d’une carrière honorable de joueur qui le vit notamment briller à Swansea, où son intelligence marqua les esprits. "Le père de Roberto a joué jusqu’à ses 43 ans. Il avait donc lancé un défi à son fils : de jouer au moins aussi longtemps que lui ! Ce pari, il l’a perdu, puisque Swansea lui a offert un job de coach alors qu’il n’avait que 34 ans", narre Pau.
C’était le début de l’autre carrière, plus remarquée, de Roberto Martinez.
Ses débuts avec l'équipe de Saragosse, en 1991.
"Très tôt, il a aimé choisir la tactique"
Le sélectionneur a commencé à entraîneur des jeunes… pour éviter le service militaire.
Isaac Solanes fut l’un des quinze privilégiés à assister au quotidien aux débuts de Martinez en tant qu’entraîneur. C’était en 1994 : alors âgé de 21 ans, Roberto est appelé pour son service militaire, mais il parvient à le faire remplacer par un travail social.
Il choisit naturellement d’entraîner les jeunes du club de Balaguer.
"Roberto était alors un joueur emblématique du club, il revenait de Saragosse et tout le monde l’admirait", raconte Isaac, qui joue aujourd’hui en équipe première à Balaguer, redescendu depuis en D4. "Il s’occupait des jeunes entre huit et dix ans. Il n’était pas obsédé par le résultat, mais on gagnait quand même la plupart de nos matches. Il était très précis dans les exercices qu’il mettait en place, il ne prenait rien à la légère. C’était très sérieux, mais il nous laissait toujours nous exprimer sur le terrain."
Très vite, Roberto a eu l’œil du coach. Avec les jeunes mais aussi avec ses équipiers de l’époque. "En 94-95, nous avions, à Balaguer, un entraîneur qui était un peu trop court tactiquement", s’amuse Andreu. "Du coup, certains joueurs du groupe devaient prendre les choses en main. Roberto était l’un d’eux. Il voyait très clair. Il aimait déjà mettre des choses en place et déterminer la tactique…"
Au fil des années, l’intérêt de Martinez pour le coaching a grandi, au point d’en devenir une obsession. Comme le raconte son neveu: "Robert regarde le football tout le temps. Il a installé deux télévisions ! Avec lui, cela peut mettre quatre heures pour regarder un match parce qu’il met pause, il revient en arrière pour revoir des phases. Il ne peut pas faire autrement. Il est programmé pour cela, il voit le match avec son œil d’entraîneur. Robert ne peut pas vraiment se détendre devant un match…"
Roberto (à droite), alors entraîneur des jeunes à Balaguer. Au centre de la photo, Begiristain (aujourd'hui directeur technique de Man City). Et tout à gauche sur la photo, un certain Pep Guardiola...