Le débrief d'Emilio Ferrera: "La Belgique n’est pas encore une équipe du top"
Notre consultant revient sur la désillusion en quart de finale. Et en profite pour tirer le bilan et rebondir sur cette question: Quelle est la valeur de cette équipe ? Analyse.
- Publié le 03-07-2016 à 11h48
- Mis à jour le 03-07-2016 à 11h49
Notre consultant revient sur la désillusion en quart de finale. Et en profite pour tirer le bilan. Analyse.
1) Le match face à la Hongrie a un peu caché nos défauts. "Cette élimination est une grosse déception. Peu de gens l’avaient vu venir. L’équipe n’a pas été au rendez-vous et s’est créé trop peu d’occasions. Au contraire, les Gallois s’en sont créés trop. Le match face à la Hongrie avait un peu caché les problèmes qui avaient été constatés durant le tournoi. On sait que la Belgique n’est pas à l’aise face aux systèmes avec trois défenseurs, des latéraux jouant très haut et des hommes libres entre les lignes. Cela avait déjà été le cas face à l’Italie."
2) L’apport des latéraux a disparu après le but d’ouverture. "Les vingt premières minutes ont été très bonnes de la part de la Belgique. L’adversaire paraissait même assez faible, grâce notamment à un Thomas Meunier très offensif. Peut-être aurait-il dû continuer à le faire de manière constante pour aller marquer un deuxième but. Au même titre que Jordan Lukaku. Car ce n’est pas parce que le latéral droit monte que le latéral gauche ne peut pas le faire. On voit les dégâts comme Meunier seul a provoqué dans la défense galloise. Si Lukaku l’avait accompagné, cela aurait pu faire encore plus mal. Mais à 1-0, ils ont été beaucoup moins présents offensivement. Et le pays de Galles a alors pris le contrôle de la rencontre, non pas quand la Belgique a reculé, mais quand elle a arrêté d’attaquer ensemble."
3) Les blessures et la jeunesse ne sont pas une excuse. "Dans tous les grands tournois, les équipes doivent à un moment donné se passer d’un joueur important. En jouant un match de haute intensité tous les cinq jours, c’est assez logique. En sélection nationale, les joueurs qui sont sélectionnés sont quasiment de valeur équivalente et tous les postes sont doublés. Et les 23 qui sont pris les sont dans le but de faire des résultats. En suivant cette logique, c’est peut-être Kabasele, qui joue toute l’année comme défenseur central gauche, qui devait remplacer Vermaelen. Le joueur de Genk a été sélectionné mais on ne l’a pas utilisé. Si c’est une question d’âge, alors fallait-il peut-être sélectionner un défenseur plus expérimenté."
4) Quelle est la valeur de cette équipe ? "On a fait beaucoup de louanges à la Belgique ces dernières années. Les méritait-elle ? Est-elle vraiment une équipe à citer parmi les favoris au niveau mondial et européen ? Que les adversaires nous fassent passer pour favoris est une chose, l’être en est un autre. Dans les faits, à chaque fois que la Belgique a joué contre un gros adversaire, elle a été battue. Quelle est donc sa réelle valeur ? Le classement Fifa peut-il être considéré comme significatif ? Nous avons atteint les quarts de finale de la Coupe du Monde et de l’ Euro . Mais à chaque fois, le parcours pour arriver à ce stade de la compétition a été assez simple."
5) On surestime le championnat anglais. "La plupart des Diables Rouges se sont imposés dans le championnat d’Angleterre, qui fait pour l’instant partie du subtop. Le top, ce sont les championnats d’Espagne, d’Italie ou d’Allemagne. Et les joueurs qui en font partie comme Nainggolan, Mertens et Carrasco ne sont pas toujours titulaires. Le championnat anglais met les organismes à contribution. Il n’y a pas de trêve permettant de recharger les batteries en hiver. Les coupures sont rares et les matches s’enchaînent. C’est peut-être aussi une explication."
6) La Belgique n’est pas encore une équipe mature. "C’est difficile de savoir quelle responsabilité a réellement Marc Wilmots. A-t-il réellement retiré le maximum de son groupe ? J’ai plutôt tendance à penser que ce qui est arrivé est plutôt normal car la génération belge a été encensée alors qu’elle n’avait jamais rien fait de concluant. Elle n’est pas encore une équipe mature, organisée et structurée. Mais comme nous sommes persuadés que les joueurs belges font partie du top mondial, on a tendance à dire que le résultat qui ressort de cette équipe n’est pas suffisant. Mais à chaque fois qu’il y a un gros match, l’équipe est battue."
7 Du changement doit avoir lieu. "On se qualifiera pour la Coupe du Monde 2018, mais pour y aller avec un statut de favori assumé, il va falloir changer certaines choses. Peut-être faut-il changer de sélectionneur. Mais on juge Wilmots sans base de comparaison. Est-ce qu’un autre aurait fait mieux à sa place ? On ne le saura jamais. On n’a connu ce groupe que sous WIlmots. On s’est qualifié pour deux tournois avec lui, qui est un people manager , dans le bon sens du terme. Il aime que ses joueurs se sentent bien, qu’ils soient soudés et gâtés. Peut-être faudrait-il donner les clés de l’équipe à un entraîneur qui a une autre approche."