Wallays, le rusé récidiviste
Vainqueur de la 18e étape de la Vuelta, Jelle Wallays a prouvé qu'il était l'un des coureurs les plus malins du peloton.
- Publié le 13-09-2018 à 18h34
- Mis à jour le 13-09-2018 à 18h57
Vainqueur de la 18e étape de la Vuelta, Jelle Wallays a prouvé qu'il était l'un des coureurs les plus malins du peloton.
L'arrivée de Lleida, ce jeudi à la Vuelta, était toute autant promise aux sprinters qu'un Paris-Tours. Mais comme il l'avait fait en 2014 sur la classique des feuilles mortes, Jelle Wallays a dupé les sprinters pour s'offrir "le plus beau succès de sa carrière", de son propre aveu. Pour comprendre la méthode du baroudeur, l'interview qu'il a donnée à Eurosport dans la foulée de son exploit vaut le détour. "J'ai déjà fait le coup plusieurs fois: surprendre le peloton. J'ai beaucoup appris de Thomas Voeckler en la matière", explique-t-il. C'est en effet avec l'Alsacien que Wallays était échappé à Paris-Tours, en 2014. Ce jour-là, le natif de Renaix a non seulement remporté une classique de prestige mais il a aussi jeté les bases de son succès de ce jeudi.
"Nous avions décidé avec Bystrom et Bol d'accélérer dans les 50 derniers kilomètres, lorsque les routes devenaient plus sinueuses. Pour le peloton, c'est compliqué de garder de la vitesse dans les virages et les ronds-points. Et puis, il y avait une longue portion en légère descente dans les derniers kilomètres, qui nous aiderait à maintenir l'écart". La moyenne de 45,2km/h avait permis à Wallays et ses deux compères d'arriver à 50,5 kilomètres du but au bout de trois heures de course. Avec deux minutes d'avance sur le peloton, qui calque forcément sa vitesse sur celle des échappés. Car revenir trop vite sur les fuyards revient à s'exposer à de nouvelles attaques. La suite ? Une moyenne de 53,15 km/h puisqu'il n'a fallu que 57 minutes à Wallays pour terminer l'étape, preuve que l'échappée fut menée en deux temps.
Wallays ne l'a pas évoqué mais le vent de dos dans les derniers kilomètres était également un excellent allié pour celui qui semblait connaître le parcours du jour sur le bout des doigts. "Quand j'ai entendu à l'oreillette que nous avions encore 25 secondes d'avance à 2 kilomètres de l'arrivée, j'ai commencé à calculer. Je suis resté dans la roue de Bystrom, qui est plus rapide que moi au sprint. Je savais qu'il y avait un faux-plat montant dans la dernière ligne droite et qu'il fallait déboîter au dernier moment." Bystrom, sûr de sa force et inquiet du retour du peloton, a évidemment continué à rouler à un bon tempo pendant que Wallays préparait tranquillement son sprint dans la roue du Norvégien.
A Paris-Tours, déjà, Wallays avait battu un coureur plus rapide que lui. Car si sa pointe de vitesse est respectable, celle de Voeckler était un vrai atout au moment de conclure des échappées. L'ancien pensionnaire de Topsport Vlaanderen est donc suffisamment malin pour se jouer du peloton et de ses compagnons d'échappée. Forcément, la prochaine fois, tout ce beau monde sera prévenu qu'il faut se méfier de lui. A commencer par les directeurs sportifs de Viviani et Sagan, qui ont laissé filer une occasion en or ce jeudi.