Fin de carrière pour Gregory Habeaux
En proie à des problèmes cardiaques depuis quelques mois, le vétéran liégeois a mis un terme à sa carrière.
- Publié le 12-04-2018 à 14h57
- Mis à jour le 12-04-2018 à 14h58
En proie à des problèmes cardiaques depuis quelques mois, le vétéran liégeois a mis un terme à sa carrière. Gregory Habeaux était hier à la Flèche brabançonne. Au pied de la bibliothèque de l’Université de Louvain, où le bus de WB Aqua Protect-Veranclassic s’était posté, le Liégeois ne portait pourtant pas son équipement de coureur.
Et pour cause, Gregory Habeaux a mis un terme à sa carrière, il y a une quinzaine de jours, après plus de treize ans passés chez les professionnels.
Depuis quelques mois, le coureur de Sprimont souffrait de problèmes cardiaques, même si aucune pathologie n’a été mise en évidence.
"En novembre, j’étais en voiture quand, subitement, j’ai eu mal à la poitrine et au bras, raconte Gregory Habeaux. Mon cœur s’est emballé, j’ai paniqué. Je me suis garé, j’ai appelé une ambulance et, finalement, j’ai même été héliporté jusqu’à l’hôpital car je présentais les symptômes d’un infarctus. Pourtant, j’ai subi toute une batterie d’examens, scanner, IRM, Electro, j’ai porté un Holter pendant quatre jours (NdlR : un électrocardiogramme de longue durée)… qui n’ont pas révélé de soucis précis. Il y a cinq ans, j’avais subi une ablation, car j’avais trop d’extrasystoles. J’ai vu plusieurs cardiologues, des spécialistes et finalement, j’ai reçu le feu vert pour poursuivre ma carrière."
Le Liégeois a donc débuté sa quatorzième saison chez les professionnels.
"J’ai fait le début de saison, dit-il, j’ai disputé quatre courses au total, mais j’avais de mauvaises sensations, j’avais directement mal aux jambes très tôt. J’ai une petite douleur, une gêne plutôt. Mon cœur ne monte pas dans les pulsations, je n’arrive plus au-dessus de 160, mes jambes gonflent trop vite à l’effort, l’oxygène ne vient pas assez. Sur les tests à l’effort que j’ai passés, c’est comme si j’étais surentraîné. À Paris-Troyes, le 12 mars, j’étais tout le temps à fond pour essayer de suivre le peloton. Un moment donné, ça m’a lancé dans le bras, je frissonnais. J’ai abandonné. C’était ma dernière course."
Bien évidemment, Gregory Habeaux a d’abord refusé l’évidence.
"J’ai ensuite voulu me tester à l’entraînement, explique-t-il. J’ai effectué cent kilomètres à un rythme élevé, puis le lendemain, je suis parti avec des cyclos de mon coin pour une sortie tranquille. Un moment donné, je me suis vraiment senti mal, tout faible, comme si j’avais 8 de tension. Au-dessus de la Vecquée, je me suis arrêté, j’ai pensé : ‘Je vais tomber là.’ Finalement, je suis rentré calmement à la maison, j’ai déposé mon vélo et j’ai dit : ‘J’arrête.’ C’était le samedi 24 mars."
Le coureur liégeois a heureusement obtenu le soutien de sa famille, de son entourage et de son équipe.
"Ma famille m’a directement encouragé, dit Habeaux. L’équipe aussi. J’ai parlé avec Christophe (NdlR : Brandt, le manager de la formation wallonne). Il m’a dit qu’on n’allait pas prendre de risques, que j’allais rester dans l’équipe. Depuis, je suis soigneur, j’étais au Circuit de la Sarthe, je le suis ici (à la Flèche brabançonne), je vais au Tour de Croatie. On doit encore décider, je m’occuperai un peu des jeunes. Ça me fait du bien de rester avec l’équipe."
Le Sprimontois n’a qu’un regret.
"C’est difficile à digérer et à avaler, j’ai commencé à douze ans chez les aspirants, avoue Greg. Ce qui me contrarie, c’est que je n’ai pas décidé de mon arrêt. Je sortais de ma meilleure saison, l’an dernier, et je voulais faire cette année et décider ensuite. Ma hantise était de faire la saison de trop. Mais je n’avais pas encore pensé à ma reconversion. Je voulais d’abord me focaliser sur mon métier de coureur, pas sur la suite, sinon, c’est que vous n’êtes plus coureur."
Le tragique décès de Michael Goolaerts conforte bien sûr Habeaux dans sa décision.
"Je n’ai pas vu venir cette fin, je n’y étais pas préparé, mais après deux alertes, je ne veux pas continuer et prendre des risques, témoigne-t-il. Je ne regrette pas ma décision et certainement pas après ce qui est arrivé dimanche à Michael. Je sentais que je devais arrêter. J’ai eu 35 ans en octobre, je suis marié, j’ai deux enfants de 8 et 5 ans, je ne veux pas prendre des risques. Je ne pouvais plus physiquement et moralement, c’était une catastrophe. On ne peut pas faire un tel sport au plus haut niveau en ayant peur. Dimanche, il faisait beau, je suis allé rouler mais à mon rythme, sans me faire mal, sans faire d’effort."
Treize ans chez les professionnels
Grégory Habeaux est né le 20 octobre 1982 à Bassenge. En 2005, il est passé professionnel dans l’équipe Crédit Agricole-Colnago. Ses débuts furent malheureusement marqués par un grave accident. En mars 2005, Greg Habeaux avait été renversé par une voiture alors qu’il s’entraînait sur la Côte d’Azur en compagnie de son équipier (à l’époque) Maxime Monfort. Habeaux avait souffert d’une fracture du crâne et une hémorragie cérébrale. Le Liégeois a ensuite porté le maillot des formations Jartazi, Mitsubishi-Jartazi, Vérandas Willems, Accent Jobs et Wanty-Groupe Gobert avant de rejoindre en 2015 l’équipe Wallonie-Bruxelles, devenue depuis WB Aqua Protect-Veranclassic. Durant sa carrière, le Wallon a conquis de très nombreux accessits et enlevé trois courses, À Travers le Hageland (2011) et deux kermesses, à Berlare (2007) et Mere (2011).