Monfort: "Je me sens frais comme jamais"
Maxime Monfort, le capitaine de route de Lotto-Soudal, va entamer sa 14e saison.
- Publié le 15-12-2016 à 11h01
- Mis à jour le 15-12-2016 à 11h24
Maxime Monfort, le capitaine de route de Lotto-Soudal, va entamer sa 14e saison. Il a l’air de se sentir comme un poisson dans l’eau, Maxime Monfort. Sur la paisible île de Majorque, sous un généreux soleil, il circule parmi ses coéquipiers de Lotto-Soudal. Jamais avare d’une bonne parole, l’expérimenté coureur wallon, qui va entamer sa quatorzième saison, n’hésite jamais à conseiller les plus jeunes. Comme le néopro Rémy Mertz, avec qui il partage la chambre. Entretien avec l’homme aux 16 grands Tours, qui n’en a jamais abandonné un seul.
Maxime, quel bilan tirez-vous de la saison écoulée ?
"J’aurais voulu faire un peu mieux. Je n’ai pas été à la rue en terminant 15e et 16e du Giro et de la Vuelta. J’ai fait une bonne seconde partie de Tour d’Italie, en me montrant offensif. Au Tour d’Espagne, là, je n’étais pas au niveau que j’espérais avoir. J’ai voulu tenter certaines choses en 2016, qui n’ont pas fonctionné comme je le voulais. Je ne le ferai plus."
C’est-à-dire ?
"C’était surtout dans mon approche du Giro. J’ai voulu être plus mince. C’est un truc que j’avais à l’esprit depuis un petit temps, pour améliorer mon rapport poids-puissance. Cela a bien marché dans l’approche mais pas dans les faits. Je n’ai pas eu le même rendement. Avec 6 % de graisse, c’est déjà bien, je ne dois pas essayer d’être en dessous. Mais je ne regrette pas d’avoir essayé. Cela m’a permis d’apprendre énormément."
Votre approche de la prochaine saison sera-t-elle différente ?
"Je vais avoir le même programme. Le même que celui que je fais depuis quelques années. Mais je me suis rendu compte que je réalise mes meilleures saisons quand je travaille plus l’hiver. C’est ce que je fais. On m’a souvent dit que j’en fais trop durant l’hiver, mais je constate que cela me convient mieux. Je dois toujours me remettre en question, ne pas rester sur mes acquis. Car le cyclisme évolue tellement."
Vous avez 34 ans, vous serez en fin de contrat à la fin de la saison 2017.
"Comment voyez-vous votre avenir ? Tout ce que je peux dire, c’est que j’ai envie de continuer. Mon souhait est de signer un nouveau contrat de deux ans. Lotto-Soudal est ma priorité, car je m’y sens bien. Cela m’amènerait à fin 2019. Je ne me sens pas diminué physiquement, je me sens frais comme jamais. Je dois bien reconnaître qu’après le stage de préparation 2015, j’ai eu un coup de mou. Je me suis posé beaucoup de questions : est-ce que je suis encore utile pour une équipe ? Avant de me rendre compte que le vélo est vraiment une passion pour moi. Je suis épanoui professionnellement. Je me sens encore bien physiquement."
"Le Tour me manque vraiment"
Monfort sait qu’il fera le Giro et ne s’attend pas trop à faire la Grande Boucle.
Il n’a plus disputé le Tour de France depuis l’année 2013, Maxime Monfort. Et il ne s’attend pas vraiment à retourner sur la course au maillot jaune en 2017. "Cela va être très compliqué", reconnaît-il. "Pour le moment, je sais que je fais le Giro. J’espère vraiment pouvoir faire le Tour, car il me manque vraiment."
Maxime Monfort accepte cependant la situation de son équipe. "Je respecte la tactique de Lotto-Soudal. Qui a besoin d’une garde rapprochée autour de Greipel, qui prend aussi des gars comme Gallopin, De Gendt… Le travail de Bak ou de De Gendt, je peux le faire, et l’équipe le sait. Mais elle me trouve plus utile sur d’autres courses. Ce serait donc difficile de voir passer le Tour de France devant la maison sans y être. J’ai vraiment envie de le refaire. Même si ce n’est pas comme si je ne l’avais jamais disputé."
Quand nous avons demandé à Marc Sergeant si Monfort a une chance d’aller au Tour, il a répondu ceci : "Je ne peux me prononcer maintenant, mais ce que je sais, c’est que Maxime pourrait y retourner un jour. Il faut voir le contexte. Si Louis Vervaeke progresse bien, Maxime serait un super atout pour bien encadrer Louis."
"Rémy Mertz a réussi de très bons tests"
Monfort, qui aime encadrer les jeunes, a pris sous son aile le néopro wallon.
Capitaine de route de Lotto-Soudal, Maxime Monfort a pour mission d’encadrer les jeunes. Il a beaucoup conseillé Tim Wellens, aujourd’hui devenu le leader de l’équipe.
"Tim se construit un sacré palmarès", explique-t-il. "L’équipe garde de très bons jeunes. N’oublions pas Tiesj Benoot, qui sort d’une saison plus compliquée que sa première, qui avait été exceptionnelle. Cette deuxième saison un peu moins bonne, car je considère qu’il n’a pas démérité, on aurait pu l’écrire à l’avance, tant il a de la pression en Flandre. Cette saison 2016 un peu moins réussie est peut-être un mal pour un bien pour lui. Il y a aussi Louis Vervaeke, qui a vraiment un gros potentiel, qui progresse beaucoup, mais qui doit encore améliorer son mental."
Dans les jeunes qu’il encadre, il y a aussi Rémy Mertz, avec qui il partage la chambre, et qui vient, comme lui, de la Province de Luxembourg. "Je le connais depuis quelques années, je lui avais d’ailleurs remis le Prix de mon fan-club (le Prix Maxime Monfort, NdlR), quand il était chez les juniors, c’est donc très sympa de voir qu’il est mon coéquipier aujourd’hui", continue Monfort. "Pour être honnête, je ne l’avais pas encore beaucoup vu courir. La première fois que je l’ai vu sur un vélo, c’était avant ce stage, lors du test à l’effort. Qui était bon, d’ailleurs, car il sort d’une mononucléose et avait peu roulé avant ce test, c’est donc intéressant."
L’expérimenté coureur wallon pense que Mertz n’est pas passé trop tôt chez les pros. "C’est vrai que sur le papier, c’est comme s’il passe d’une équipe de foot de division 3 à une formation qui joue la Champion’s League , ce ne sera donc clairement pas facile", continue l’ancien champion de Belgique du contre-la-montre. "Il n’a que 21 ans, mais il a reçu une chance de passer en World Tour , qui était difficile à refuser. Car quand on attend un an, on ne sait jamais ce qui peut arriver. S’il tombe en 2017 et qu’il n’a pas signé pour l’année suivante, ça peut être problématique. Je lui souhaite le meilleur. Je sens qu’il a du potentiel. Et, surtout, qu’il a du caractère. C’est aussi un super-petit gars, bien éduqué, et la tête sur les épaules."
"Antoine, Stig… : cela a été très dur"
Maxime Monfort a été très marqué par les drames qui ont touché le vélo en 2016.
On sent l’équipe Lotto-Soudal très touchée par le combat que mène actuellement Stig Broeckx pour retrouver un maximum de ses capacités après sa terrible chute du Tour de Belgique. Un accident survenu huit mois après la grave chute de Kris Boeckmans, un autre coureur de l’équipe belge, au Tour d’Espagne. Et quelques semaines à peine après la mort de Daan Myngheer et celle du Liégeois Antoine Demoitié.
"Cela a été une année dramatique", évoque Maxime Monfort. "L’accident de Stig, qui est arrivé dans la foulée de la disparition d’Antoine, c’était dur. Je connaissais mieux Antoine que Stig. Et j’essaie de soutenir sa femme, ses parents, sa famille. Ceux qui connaissent mieux Stig font la même chose, même si on est tous derrière lui."
Est-ce que ces terribles drames pourraient pousser Maxime Monfort à arrêter sa carrière plus vite que prévu ? "Cela fait réfléchir, car c’est vrai que le cyclisme est un sport dangereux", répond le coureur originaire de la Province du Luxembourg désormais installé en Province de Liège. "Mais je crois que ce qui leur est arrivée, c’est la fatalité. Et des malheurs, il peut y en avoir partout dans la vie de tous les jours, pas seulement dans le vélo. Donc je ne pense pas que cela va me faire arrêter. Même si je ne prends plus autant de risques qu’avant. Je freine un peu plus tôt que d’habitude, je ne frotte plus comme avant. Mais je continue à faire mon métier."