La Wanzoise demande à la Commune d'interdire les pesticides dans les champs: "Plusieurs cancers ont été diagnostiqués dans la rue"
Les maisons de la rue Saint-Sauveur, à Moha, ont le nez sur les champs. Là où les agriculteurs épandent des pesticides. Une Mohatoise dénonce leur utilisation qu'elle relie au nombre de cancers important. Elle demande à la Commune d'intervenir.
- Publié le 20-04-2024 à 15h30
Nicole Godfroid vit dans une maison de la rue Saint-Sauveur, à Moha, depuis 30 ans. Dans une maison qui appartient à la famille de son compagnon depuis plusieurs générations. Son compagnon est décédé en novembre de l'an dernier d'un cancer du pancréas. Lorsqu'il a été diagnostiqué fin mai, début juin, la Mohatoise, qui est infirmière, en a discuté avec une collègue travaillant en milieu hospitalier, qui était étonnée du nombre de cancers. "C'est 3 à 4 par semaine, alors que d'habitude c'est un à deux par mois", raconte la Mohatoise. Et elle ajoute: "Jacques était encore jeune, il faisait beaucoup d'exercice, il marchait beaucoup. Une, deux, trois fois par jour pour se garder en forme." Le Wanzois ne fumait pas, il ne buvait pas.
Le décès de son compagnon, la conversation avec sa collègue ont marqué Nicole Godfroid et l'ont poussée à se renseigner. "Des études menées en 2022 ont révélé une augmentation de 40% des cas de cancers du pancréas en Wallonie", explique-t-elle aujourd'hui. Les causes? Si la cigarette et l'alcool sont des facteurs de risques connus de ce type de cancer, "il est également prouvé que l'environnement joue un rôle crucial dans son développement." Et là où vit la Mohatoise, les maisons sont entourées de champs. Avec la particularité que les terrasses, les jardins sont en contre-bas de ces champs. Des champs qui sont cultivés, sur lesquels les agriculteurs épandent des pesticides. Et le compagnon de la Mohatoise les respirait à plein nez lorsqu'il se promenait, en vivant aussi près des champs. "On a déjà retrouvé des billes d'engrais sur la terrasse avant qu'elles ne se désagrègent." Jacques est décédé en novembre 2023 après avoir fait de la chimio et avoir participé à une étude. Un cancer fulgurant qui a eu raison de lui en huit mois. Le voisin du couple est lui aussi décédé, en novembre 2022, d'un cancer du rein en six mois de temps. "J'ai travaillé comme infirmière en oncologie et je n'ai jamais vu ça", reconnait la Mohatoise.
Une lettre aux politiques
Alors? Nicole Godfroid a pris sa plus belle plume et a décidé d'écrire au bourgmestre, à ses échevins et aux conseillers communaux. "Je suis consciente que l'agriculture est indispensable mais elle ne doit pas compromettre notre santé et notre bien-être", leur a-t-elle écrit. Il faut prendre des mesures pour garantir aux citoyens, aux familles, aux enfants, de ne pas être exposés à des substances chimiques potentiellement nocives et qui pourraient avoir des conséquences graves sur leur santé. La Mohatoise demande donc "instamment" d'interdire l'utilisation de pesticides sur le territoire wanzois, d'encourager plutôt l'adoption de pratiques agricoles biologiques. "Je suis convaincue que c'est une démarche nécessaire vers la préservation de notre environnement et la santé de nos concitoyens."
Là, alors qu'elle vient d'envoyer son courrier, la Mohatoise attend une réponse. Le collège communal ne s'est cependant pas encore penché sur son courrier et sa demande, comme le bourgmestre est à l'étranger. Mais "le directeur général va demander au service environnement de se pencher sur la demande et de préparer une réponse", explique le 1er échevin Bernard Lhonnay. La demande est-elle réalisable? L'échevin wanzois s'interroge. "On peut peut-être sensibiliser les agriculteurs" qui risquent cependant de répondre que sans pesticides, ils n'auront pas le rendement espéré...