Ochoa est décisif avec le Standard depuis le début des playoffs: "Il a besoin de se sentir aimé"
Guillermo Ochoa est décisif avec le Standard depuis le début des playoffs
- Publié le 12-05-2018 à 13h56
- Mis à jour le 12-05-2018 à 14h36
Guillermo Ochoa est décisif avec le Standard depuis le début des playoffs. Si le Standard réussit des playoffs 1 exceptionnels, il le doit aussi à son dernier rempart. Depuis quelques semaines, Guillermo Ochoa est tout simplement décisif et est partie prenante dans la folle remontée des Rouches.
Thierry Debes, entraîneur des gardiens à l’AC Ajaccio, l’a connu pendant deux saisons (de 2012 à 2014). Il n’est pas du tout étonné des bonnes performances de son ancien poulain. "Je sais qu’en Belgique, il n’y a que des gros matches en fin de saison, et Guillermo est un gardien qui est toujours présent dans les grands rendez-vous. Dans le money time , il peut se transcender et donner plus que son maximum. Au Parc des Princes, ou à Marseille ou Lyon, il a toujours été excellent. Il aime les grandes rencontres."
Pourtant, à plusieurs reprises cette saison, les performances du Mexicain ont été pointées du doigt, comme ses sorties approximatives ou encore un manque de présence dans son petit rectangle. Son ancien coach s’en étonne : "Pourtant, chez nous, il n’avait pas ce type de problème, il était surtout très agressif dans ses sorties et assez rapide dans ses interventions. Mais c’est peut-être un manque d’habitude chez lui, car en Amérique du Sud, les défenses jouent très bas, donc il n’a pas l’habitude d’avoir de grands espaces devant lui. Mais il a su corriger cela en arrivant en Europe."
Ajaccio a en effet été son premier club en Europe, et le moins que l’on puisse dire c’est que le Mexicain a su s’adapter à tous les points de vue, en grand professionnel qu’il est : "J’ai d’abord dû lui faire perdre 2-3 kilos. Pour le reste, il s’est adapté plus vite que n’importe qui. Il a appris le français en 6 mois, il vivait comme un Européen et il n’a pas eu de problèmes pour s’adapter, même s’il est venu ici sans sa femme. Je dois d’ailleurs dire que c’est un garçon magnifique, toujours prêt à se donner à fond pour son club. C’est aussi un véritable compétiteur, un leader sur le terrain. Il ne parle pas beaucoup, mais quand il le fait, c’est à bon escient. Quand il prenait la parole, tout le monde écoutait."
Memo est donc aussi calme dans la vie que sur le terrain. C’est aussi un joueur qui aime le soutien de ses supporters et qui marche à la confiance : "À Ajaccio, il était adoré des supporters, c’était leur joueur préféré. Il faut dire qu’il venait avec un statut de star, mais il est resté humble et simple. Il revenait toujours au club avec l’envie et le sourire. Mais attention : il a besoin de se sentir aimé pour performer. S’il sent qu’il a le soutien de son entraîneur, du staff et de tout le monde, il est en confiance et très performant. S’il sent qu’on doute de lui, il peut alors avoir des moments de moins bien. Mais même dans ces cas-là c’est quelqu’un avec qui il n’y a jamais de problèmes. Il est toujours positif et souriant quoi qu’il se passe."
C’est aussi avec ce même sourire qu’il vient tous les jours à l’Académie. Il se sent bien à Sclessin. "Je l’ai au téléphone tous les 3 ou 4 mois. Il m’a directement dit qu’il se sentait bien à Liège. Le Standard a une histoire et un public; il est fier d’en porter les couleurs. Le club fait des bons résultats en plus; cela le motive encore plus. Nous aurions voulu le garder plus longtemps chez nous, mais en Ligue 2 ce n’était plus possible. Je suis content qu’il ait pu retrouver un challenge intéressant pour lui."
Et être gardien de but au Standard est un sacré challenge, même avec son statut d’international cela n’a pas toujours été facile. Son excellente fin de saison donne en tout cas raison aux dirigeants liégeois de l’avoir fait venir en bord de Meuse et comme les supporters l’aiment, il pourrait rester encore une saison supplémentaire pour découvrir la Ligue des Champions.
"Il n’a rien d’ un gardien Sud-américain"
Ochoa ne va ni tenter un coup du scorpion ni marquer un but sur coup franc.
Dans l’esprit du grand public, qui dit gardien sud-américain dit gardien fantasque et spectaculaire. Tout le monde se souvient de Jorge Campos, le dernier rempart mexicain et fluorescent de la Coupe du Monde 1994. Jose Luis Chilavert, qui est passé par la Ligue 1 comme Ochoa, était le spécialiste des coups francs et a marqué 67 buts dans sa carrière, dont 8 avec son équipe nationale.
Évidemment, le plus grand de tous était René Higuita, dont le coup du scorpion restera dans l’histoire du football.
Mais Guillermo Ochoa n’est pas taillé dans ce moule, pour le plus grand bonheur de Thierry Debes, qui l’a eu sous ses ordres à Ajaccio : "Il est très calme, il ne se met pas en avant. J’ai connu Chilavert à Strasbourg. Quand il était dans une pièce, on ne pouvait pas l’ignorer : il parlait fort, et on pouvait l’entendre rire à l’autre bout du stade. Il aimait aussi se mettre en avant, participait aux petits matches d’entraînements en tant que joueur de champ et aimait les grosses voitures. Guillermo n’a rien de tout cela, il n’a d’ailleurs rien d’un gardien sud-américain. Il est discret, ne se fait pas remarquer et il s’est adapté à merveille au football européen. Il a choisi de porter le 8 en Belgique ? Je ne savais pas, en France il n’aurait pas pu, ce n’est pas autorisé. Un gardien doit porter le 1, 16, 30 ou 40. Il a peut-être un petit grain de folie finalement."
Après tout, les supporters liégeois n’attendent pas qu’Ochoa marque des buts sur coup franc, ou tente un coup du scorpion ce dimanche. Il doit juste continuer à faire ce qu’il sait faire : tout arrêter, calmement, et avec le sourire.