Un jour, un Diable: Axel Witsel, dans les yeux de la mère
Sylvie Stas raconte le parcours de son Diable de fils de Vottem jusqu’au Mondial. L'histoire d'un garçon qui a troqué les petits terrains en béton contre les grands rectangles verts. À la découverte d'Axel Witsel.
- Publié le 12-06-2014 à 15h25
- Mis à jour le 12-06-2014 à 16h40
C’est à l’âge de 5 ans qu’Axel Witsel, déjà mordu de foot, chausse des crampons pour la première fois. À cette époque, il est inscrit dans le club de son village, à Vottem. "Axel est un enfant du foot" , lance sa maman, Sylvie Stas. "Il a toujours eu un ballon au pied."
Dans son quartier, Axel a usé un nombre incalculable de chaussures et de ballons sur le petit terrain en béton à quelques pas de la maison familiale.
"Ne me demandez pas combien de temps il y a passé, c’est impossible à calculer. Dès qu’il rentrait, il prenait son ballon et allait jouer sur le petit terrain. Il y avait bien un terrain en herbe juste à côté, mais Axel et ses amis préféraient toujours la surface en béton, sans doute pour la technique."
Sylvie Stas a souvent dû batailler pour que son fils regagne le domicile familial. "On criait souvent après lui pour qu’il vienne manger. Ce à quoi il répondait toujours : ‘j’arrive mais cela prenait encore du temps’ . Le soir, il pouvait rester jusqu’à 21 h sur le terrain si on ne venait pas le rechercher."
Comme au mini-foot, Axel Witsel affrontait des enfants plus âgés que lui. "Il s’opposait à des ados de 14, 15 ans et gagnait rapidement leur respect."
Déjà à 9 ans, sur ce petit terrain, Axel Witsel pensait au Brésil. "Il mettait souvent son maillot du Brésil en disant : ‘Je suis au Brésil !’ C’était sans doute un signe. Il est passé du petit terrain en béton au Brésil. L’histoire est belle, non ? "
Lorsqu’il était un peu turbulent, ce qui était rare, Axel était parfois menacé d’être privé de ballon. "Axel a été un enfant très calme. Mais il est vrai que la pire punition pour lui était de ne pas pouvoir aller jouer avec ses amis."
Même lorsqu’il était à l’école, Axel ne perdait pas de vue le ballon. "Il était interdit d’amener un vrai ballon, mais Axel et ses copains se relayaient pour en amener. Dans mes souvenirs, il en a envoyé plusieurs sur les toits." (rires)
Après un an passé à Vottem, Axel prend la route du CS Visé, où il restera trois ans. "Il s’est rapidement intégré, devenant même la petite mascotte de son équipe" , se souvient Sylvie.
Se sentant comme un poisson dans l’eau, Axel Witsel s’est même permis le luxe de refuser le Standard lorsque le club liégeois a frappé à sa porte. "Visé, c’était une famille. Axel ne voulait pas quitter ses copains."
Un an plus tard, le Standard est revenu. "À ce moment-là, on sentait qu’il stagnait un peu et il a choisi de partir."
Quelque temps auparavant, sous le maillot de Visé, Axel a remporté un tournoi à Sclessin sur le terrain A. "Il en était tout fier. Il a dit à son papa qu’un jour, il deviendrait pro."
Un soir, en revenant de son premier match en tant que spectateur à Sclessin, le petit Axel a fait une promesse à son papa, Thierry. "Il a été subjugué par l’ambiance et a dit à son papa qu’il jouerait un jour sur ce terrain. Par la suite, il a été ramasseur de balle et quelques années plus tard, il était pro au Standard."
Aujourd’hui, Axel Witsel va disputer la première Coupe du Monde de sa vie. "C’est incroyable. Comme je l’ai déjà dit, son destin était tout tracé. Nous sommes une famille très croyante et Axel croit beaucoup au destin. Ce dernier a bien fait les choses !"
"Deux buts et un assist pour son premier match...à Anderlecht"
Âgé de 10 ans, Axel Witsel débarque au Standard où il rencontre un certain Nacer Chadli qui allait devenir son meilleur ami. Tony Rosset, son ancien délégué en U10 , se souvient parfaitement de ce petit gamin et surtout de son premier match.
"C’était à Anderlecht. Nous l’avions emporté 0-3 et Axel avait inscrit deux buts et délivré un assist . Tout le monde était sous le charme. Au bord du terrain, j’entendais les gens dire : cet enfant est un extraterrestre."
À l’époque, les qualités du joueur du Zenit sautaient aux yeux des observateurs. "Il avait déjà cette couverture de balle qu’on lui connaît aujourd’hui. Il était beau à voir jouer" , ajoute Tony Rosset.
Ce dernier se souvient du discours du jeune Axel. "Il ne parlait que du terrain de l’équipe première et voulait à tout prix y jouer. Il n’était pas prétentieux mais déterminé."
Son premier coach à Sclessin, Guy Dechamps, se souvient de la première rencontre avec Axel. "On jouait un match contre Visé et il avait été incroyable. Je me souviens d’avoir dit à mon délégué : ‘il m’emmerde celui-là, il prend tout dans le milieu et nous n’arrivons pas à développer notre jeu .’"
Guy Dechamps a ressorti le rapport qu’il avait rendu sur Axel lors de son premier match à Anderlecht. "C’était le 26 avril 2000. J’avais noté : excellent apport pour le groupe, vista parfaite, couverture de balle intéressante et s’intègre déjà au niveau des autres. Le coach d’Anderlecht m’avait même dit : c’est quoi ce garçon ? "
Rapidement, Witsel est devenu un leader naturel. "Ses coéquipiers ont vite compris qu’ils avaient besoin de lui. Ses ballons étaient toujours distillés à la perfection. Il a vite rassemblé les joueurs autour de lui, pas par sa grande gueule mais par son jeu."
Son ami d'enfance: "Axel avait un don !"
C’est en arrivant au Standard qu’Axel Witsel fait la connaissance de Nacer Chadli. Très vite, ils se lient d’amitié et jouent ensemble à Sclessin mais aussi à Vottem sur le petit terrain en béton.
"Nacer n’habitait pas loin et venait souvent chez nous. Axel allait également chez Nacer et ils jouaient sur le petit terrain en face de la maison" , se souvient Sylvie Stas.
À Vottem, Chadli et Witsel font la connaissance de celui qui allait devenir leur meilleur ami, Jonathan Robaye. Aujourd’hui, les trois hommes sont inséparables. "Je venais jouer dans la cité et j’ai rencontré Nacer et Axel. Le courant est vite passé entre nous."
Les amis se lançaient souvent des défis et essayaient de reproduire les gestes des stars de l’époque. "On tentait de reproduire les gestes de nos idoles : Zidane, Ronaldo, Cristiano Ronaldo, Ronaldinho. On avait dessiné des petits goals sur le sol et on se défiait dans des duels un contre un, un contre deux ou contre trois. C’est là que Nacer et Axel ont développé leur technique."
Mais alors , qui était le plus doué ? "Axel était déjà au-dessus du lot. J’étais heureux d’être dans leur équipe car on faisait souvent des tournois sur les terrains des autres quartiers. Avec Nacer et Axel, on gagnait tout le temps même face à des garçons de 20 ans, on n’avait pas peur. Axel, il avait un don; c’était son destin !"
La Coupe du Monde, les trois jeunes en parlaient. "Évidemment, mais jamais nous n’aurions imaginé que l’un d’entre nous allait la disputer un jour. C’est une immense fierté pour moi de voir Nacer et Axel ensemble au Brésil."
Le 17 juin, Jonathan Robaye sera ému devant sa télévision. "Notre amitié est profonde. Lorsqu’ils marquent un but, je le vis intensément, comme si je l’avais marqué moi-même. Je n’ai pas percé dans le milieu, mais je suis tellement fier qu’ils y soient arrivés."