Voici les raisons du licenciement surprise de Dominique Monami de l'équipe de Fed Cup
Le licenciement de Dominique Monami comme capitaine de l’équipe de Fed Cup est absurde. Démonstration en sept temps.
- Publié le 19-03-2018 à 07h11
- Mis à jour le 19-03-2018 à 09h08
Le licenciement de Dominique Monami comme capitaine de l’équipe de Fed Cup est absurde. Démonstration en sept temps. Samedi soir, le communiqué de l’AFT puis de Tennis Vlaanderen ont fait l’effet d’une bombe. La capitaine de Fed Cup Dominique Monami a été virée avec effet immédiat.
"Après une évaluation en profondeur de la situation, la Fédération royale belge de tennis a mis un terme à la collaboration avec Dominique Monami", peut-on lire dans le communiqué qui stipule la raison de ce divorce quelques lignes plus loin. "Les relations entre Dominique et l’équipe ne semblaient plus être optimales."
Certaines joueuses ont donc eu la peau de la capitaine francophone. Le sport professionnel fonctionne selon un principe universel. Quand l’équipe ne soutient plus son entraîneur, c’est toujours l’entraîneur qui saute.
Dimanche, Dominique Monami, dégoûtée par ce C4 injuste, ne désirait pas s’exprimer. Que cache ce licenciement ?
1. Des mauvais résultats ? Que du contraire !
Avec Dominique comme capitaine, la Belgique a retrouvé une place au sein des 8 meilleures nations au monde. En profitant de l’éclosion d’Elise Mertens, elle a réalisé une grosse performance en Roumanie et un miracle en Russie. Sur le plan sportif, elle a juste déçu en France lors du quart de finale. Néanmoins, les Belges ont poussé le suspense jusqu’au set décisif du 5e match.
L’excuse des mauvais résultats sportifs n’est donc pas utilisable.
2. Un manque d’implication ? Non, non et non !
L’ancienne Top 10 mondial n’a donc pas tenu deux ans à un poste qu’elle chérissait par-dessus tout. La Fed Cup, elle adore. Elle rêvait d’ailleurs de vivre enfin un match at home. De nombreux exemples témoignent de sa motivation. En janvier, elle est partie en vacances en Nouvelle-Zélande afin de faire un crochet dans la foulée vers Melbourne pour visionner les joueuses belges et françaises.
Elle multipliait les échanges avec les joueuses durant toute l’année. Elle prévenait personnellement chaque fille en justifiant sa présence ou son absence dans la sélection.
À nouveau, cette excuse ne tient pas la route.
3. Un manque de compétence ? Certainement pas !
Ancienne 9e meilleure joueuse au monde, elle a travaillé durant une décennie dans une boîte de coaching mental pour les sportifs et les entreprises. Elle y a développé un sens aigu du rapport humain. De plus, elle n’a jamais quitté le milieu du tennis. Ancienne directrice du challenger de Mons, ambassadrice de la marque Snauwaert, ancienne directrice du WTA Brussels, elle a toujours gardé un pied dans cet univers sportif.
Elle avait donc la légitimité pour ce poste ainsi que les qualités humaines et techniques pour cette aventure.
Avec Laurence Courtois qui gérait les entraînements sur le terrain, Dominique Monami avait créé un duo hyper efficace.
La Verviétoise est donc largement assez qualifiée pour ce poste.
4. Un coût trop cher ? Probablement pas
Le montant couché sur le contrat est confidentiel. Si les deux parties ont signé le document, c’est que chacune y trouvait son compte. Ses prétentions n’ont pas changé en un an. A priori, cet argument n’est pas recevable non plus.
5. Un problème linguistique ? Non !
Le sport a banni les querelles linguistiques depuis bien longtemps. Monami est née à Verviers alors que son équipe est d’origine flamande. On ose espérer que cette différence n’a pas pesé dans la balance. En plus, Monami manie parfaitement la langue de Vondel.
6. Un souci de personne ? Probablement…
On arrive donc à la seule raison qui a poussé à cette éviction injuste. Une ou plusieurs joueuses ont eu sa peau. Au fil des interviews, il apparaissait que les joueuses plus expérimentées (Flipkens et Wickmayer) ne l’avaient pas accueillie les bras ouverts. L’absence de Wickmayer en France semblait dictée par un impératif sportif. L’Anversoise avait même confié à Indian Wells que cette absence lui avait fait du bien. Le sport de haut niveau impose des choix qui font souvent des déçus. Le tennis est et reste un sport individuel où le vivre-ensemble n’est pas une vertu première.
À sa décharge, Dominique Monami avait été à la base d’une révolution par rapport à l’époque d’Ann Devries. Elle avait ouvert la porte de ses entraînements aux entraîneurs des joueuses.
7. Un plan d’avenir ? Peut-être…
En France, Yannick Noah est à la tête des équipes de Coupe Davis et de Fed Cup. Si la nouvelle formule de Coupe Davis est votée en août, elle allègera considérablement la fonction du capitaine qui ne sera réquisitionné qu’une semaine par an. Dès lors, il devient jouable d’avoir une seule et même personne qui gère les deux équipes belges.
Stein : "Pas de sermon aux joueuses"
Le président du FRBT a géré une décision d’urgence à moins d’un mois d’un déplacement capital en Italie.
Le président André Stein n’a pas fui ses responsabilités au moment de s’exprimer sur ce choix douloureux. Le président de l’AFT et de la FRBT a eu la délicate mission d’appeler Dominique Monami pour lui apprendre la nouvelle. "Elle était extrêmement déçue , confirme-t-il. Moi, je signe les communiqués de presse, mais je ne suis pas celui qui décide tout seul."
Comment expliquez ce licenciement brutal ?
"Ce choix a été compliqué. Avec le comité exécutif, nous étions arrivés à une situation d’urgence. Un constat s’imposait. L’ambiance n’était pas optimale entre Dominique et certaines filles."
Quelle joueuse est à la base de ce C4 ?
"Vous comprendrez que je ne m’étendrai pas sur cette question. Je ne suis pas là pour déterminer les torts. Je suis juste parti d’un constat."
Dominique Monami était-elle incompétente en tant que capitaine ?
"Sa personnalité n’est pas en cause. Je connais Dominique depuis qu’elle a 18 ans. Je sais qu’elle a essayé de faire de son mieux avec beaucoup d’enthousiasme et d’intelligence. Elle est très gentille. Mais, elle a accepté un métier qui n’est pas facile. Quand la capitaine perd la confiance de son groupe, elle est face à un problème majeur. Sur un plan sportif, elle a réalisé de bons résultats même si on aurait pu espérer une victoire contre la France."
La joueuse à la base de cette décision sera-t-elle mise face à ses responsabilités ?
"Moi, je ne le ferai pas. Je ne suis pas là pour leur faire un sermon. Rien n’est prévu en ce sens."
Le timing de ce choix surprend aussi…
"Nous avons agi dans l’urgence, car les filles jouent dans un mois en Italie. Dans ces conditions, il était impensable que Dominique parte avec ce groupe. Nous devions soit virer des joueuses, soit la capitaine. La confiance n’était plus là."
Ivo Van Aken peut-il s’inscrire dans la durée ?
"Non, il est juste une très bonne solution de dépannage. Il était impossible de désigner un coach sans expérience. Nous avions besoin de quelqu’un qui connaisse la compétition, le circuit et le groupe. Il a le profil idéal. Il connaît tout et est opérationnel tout de suite. Il ne sera plus là l’an prochain, car il est directeur sportif de Tennis Vlaanderen."
Est-il envisageable d’avoir une même personne qui dirige les équipes de Fed Cup et de Coupe Davis ?
"Tout est possible."
Van Aken, l’homme derrière le titre de 2001
Ivo Van Aken assurera l’interim pour la rencontre de Fed Cup qui se jouera en Italie, à Gênes les 21 et 22 avril. Il aura la mission de maintenir la Belgique dans le Top 8 mondial. Ivo Van Aken est un habitué de la Fed Cup. Il était déjà capitaine lors du seul sacre belge dans cette compétition il y a 17 ans alors que l’équipe était composée de Kim Clijsters, Justine Henin, Els Callens et Laurence Courtois.
"Le tennis ne m’a jamais laissé partir", confiait-il il y a un peu plus d’un an lorsqu’il avait accepté le poste de directeur technique de Tennis Vlaanderen. À 64 ans, il mettait son expertise au service de la cellule pro de la fédé néerlandophone. Il a pour mission d’améliorer la formation des formateurs. Van Aken travaillait déjà en tant que directeur technique de la VTV jusqu’en 2006 et en tant que membre du comité des formateurs de l’ITF. Il possède également de l’expérience en tant que manager sportif. Il avait été élu meilleur manager sportif flamand de 2005 à 2009.