Retour sur terre pour l’armada
Avec la retraite de David Ferrer cette semaine à Madrid, le déclin annoncé de Rafael Nadal et une relève qui tarde à éclore, le tennis espagnol traverse une période difficile.
- Publié le 10-05-2019 à 19h01
- Mis à jour le 11-05-2019 à 16h12
Avec la retraite de David Ferrer cette semaine à Madrid, le déclin annoncé de Rafael Nadal et une relève qui tarde à éclore, le tennis espagnol traverse une période difficile.
Si dominateur durant de longues années, le tennis masculin espagnol traverse une crise inquiétante. Certaines statistiques valent mieux que de longs discours : à ce stade de la saison, seul Roberto Bautista Agut a réussi à soulever un trophée sur le circuit ATP. C’était à Doha, en janvier. Depuis, rien, nada. Même le grand Rafael Nadal court toujours derrière sa première victoire de l’année !Depuis le début des années 2000, l’armada a collectionné les titres à un rythme effréné. Rafael Nadal a, bien sûr, fait exploser les compteurs avec, à ce jour, 17 sacres en Grand Chelem. Mais, au tableau d’honneur des plus grands tournois, on retrouve aussi les noms d’Alex Corretja, de Carlos Moya et de Juan-Carlos Ferrero, tous lauréats d’épreuves majeures. Et faut-il rappeler que l’Espagne a remporté cinq Coupes Davis (2000, 2004, 2008, 2009 et 2011) en l’espace de douze ans !
Mais à l’heure où le roi Nadal, âgé bientôt de 33 ans, affiche d’évidents signes de déclin, surtout au niveau physique, la relève tarde à montrer le bout de sa raquette. Cette semaine, David Ferrer - autre crocodile des courts - a fait ses adieux à la compétition. Tout comme Nicolas Almagro, voici peu. Aujourd’hui, dans le Top 50 mondial, on ne recense plus que quatre représentants espagnols. Et ils ne symbolisent pas vraiment la folle jeunesse : Rafael Nadal a 32 ans, Roberto Bautista Agut a 31 ans, Fernando Verdasco a 35 ans et Pablo Carreno Busta file vers ses 28 ans. Parmi les jeunes talents, seuls Jaume Munar (21 ans et déjà 55e mondial) et surtout Alejandro Davidovich Fokina (19 ans et demi-finaliste à Estoril) semblent taillés pour prendre le relais de leurs illustres aînés.
Cette disette n’est pas une première dans l’histoire récente du tennis. Après l’époque glorieuse de Bjorn Borg et de Mats Wilander, la Suède était aussi tombée lourdement de son nuage. L’Allemagne avait également connu une période de vaches maigres lorsque Boris Becker et Michael Stich prirent leur retraite. Et même le tennis américain court derrière son prestigieux passé. Seul le vétéran John Isner apparaît aujourd’hui dans le Top 20 mondial. On est loin de l’époque où John McEnroe, Jimmy Connors, Andre Agassi ou Jim Courier dictaient leur loi sur tous les courts de la planète.
En s’appuyant notamment sur des structures privées très performantes - principalement dans la détection de jeunes et la préparation physique - l’Espagne a réussi à former durant de nombreuses années des champions de très haut niveau, grands spécialistes du jeu sur terre battue. Mais la recette n’est pas magique, loin s’en faut. Le fameux lift permet de monter mais aussi de… descendre !
Certes, grâce aux exploits de Nadal, le tennis occupe toujours une place importante dans le cœur des Espagnols. Mais qu’en sera-t-il lorsque l’ogre de Manacor rangera sa raquette dans la housse ?
Le Masters 1000 de Madrid, qui connaîtra son épilogue ce week-end, cultive de grandes ambitions pour l’avenir. Il rêve même d’une promotion dans le cercle très fermé des tournois du Grand Chelem. Et on sait que c’est aussi dans la capitale espagnole que se disputera, en novembre prochain, la phase finale de la nouvelle Coupe Davis.
Mais il ne faudrait pas que tous les matadors quittent l’arène précipitamment…